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Israël solidaire de la famille du soldat Gilad Shalit
Article mis en ligne le 28 juin 2006

Tout Israël est désormais devenu la famille de Gilad Shalit. C’est avec angoisse que le pays attend des nouvelles du caporal de 19 ans, dont le visage juvénile s’étale dans tous les journaux.

Pour Israël, le soldat est désormais simplement « Gilad », deux jours après sa capture qui fait en continu la Une des journaux télévisés et talk-shows où les auditeurs lui dédient leurs prières. Sur deux pleines pages, le « Yediot Ahronot » supplie : « Ramenez-nous Gilad ».

Des équipes de télévision campent en permanence devant chez Noam Shalit, le père, depuis que l’identité du soldat a été connue dimanche. Cet homme d’origine française de 53 ans, mince et grisonnant, qui tient un gîte avec vue sur les collines du Liban, installé sur sa propriété, lance d’inlassables appels à la libération de son fils.

 »Nous voudrions un signe de vie de Gilad, entendre sa voix, voir son visage, voir qu’il va bien », déclare-t-il à l’Associated Press. Une demande répétée en vain jusqu’ici.

Noam Shalit était dans son bureau quand les officiers de Tsahal sont arrivés chez lui. « Ils m’ont dit que Gilad était porté disparu au combat. Puis nous avons été voir ma femme, et je lui ai annoncé cette horrible... ». Là, sa voix se brise.

Aujourd’hui, le pire pour la famille Shalit, « c’est l’incertitude ». Quant on lui demande comment ils font face, il répond : « nous ne faisons pas face ».

Cette douleur semble être devenue celle de chaque Israélien. Les éditoriaux des journaux rivalisent d’émotion pour parler de cette »vie qui est dans la balance ».

Du coup, Israël a oublié les deux camarades de Gilad morts à bord de leur char dans l’attaque palestinienne. Un ordre des priorités classique dans une société qui vire à l’obsession sur ces drames personnalisés.

Cette préoccupation pour le sort de ses soldats capturés a souvent été qualifiée de plus grande force mais aussi plus grande faiblesse de l’Etat hébreu.

Chaque soldat israélien sait bien que jamais il ne sera abandonné à son sort. Mais en contrepartie, l’émotion extrême déclenchée par ce genre d’affaire peut pousser le gouvernement à aller à l’encontre de ses principes sous la pression d’une opinion bouleversée.

Avec des résultats parfois disproportionnés. En janvier 2004, Israël a échangé avec le Hezbollah libanais un civil israélien et les dépouilles de trois soldats, contre la libération de 400 prisonniers palestiniens et d’une quarantaine d’autres de diverses nationalités.

En 1983, le prix de la libération de six soldats capturés par le Fatah fut 4.765 prisonniers palestiniens. En 1985, Israël a libéré 1.150 détenus palestiniens contre trois soldats israéliens capturés en 1982 lors de combats au Liban. Des échanges vivement critiqués, surtout quand ces prisonniers libérés jouèrent un rôle-clé dans la première Intifada qui débuta en 1987.

Certes, le Premier ministre Ehoud Olmert a déclaré qu’il n’était pas question de négocier, refusant les exigences des ravisseurs, qui réclament la libération des femmes et mineurs palestiniens détenus en Israël.

Mais le ministre Rafi Eitan, vétéran des services secrets, n’exclut rien : « Au Proche-Orient, il faut être capable de changer de peau, de passer d’un d’extrême à l’autre en une seconde. Si vous en êtes capable, vous pouvez gagner. Si vous ne pouvez pas, vous feriez mieux de rentrer chez vous ».

L’affaire Shalit replonge Yona Baumel, 78 ans, dans sa propre douleur. En 1982, son fils Zachary a disparu lors d’une bataille de chars à la frontière syienne. Il le cherche depuis lors, 25 ans à batailler contre l’oubli : car si les Israéliens s’émeuvent vite du sort d’un soldat disparu, ils passent tout aussi vite au suivant.

C’est pourquoi Yona Baumel n’a pas téléphoné aux Shalit pour marquer sa solidarité : « Je suis la dernière personne dont ils veulent entendre parler. Doivent-ils entendre parler de quelqu’un dont le fils est disparu depuis 25 ans ? ».



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