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Ils sont devenus fous
David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 21 juin 2006
dernière modification le 22 juin 2006

L’antiaméricanisme primaire prend des proportions inquiétantes.
Le Monde du 21 juin nous révèle, en page 2, sous le titre « L’Amérique perd la guerre de l’image » les résultats d’une enquête d’opinion menée auprès de 17 000 personnes dans quinze pays, par le Pew Research Center, « institut américain indépendant très respecté ».

On y apprend, ainsi, que seuls 12% de Turcs ont une opinion favorable des Etats-Unis et que même en Europe, 23% d’Espagnols, contre 41% en 2005 sont du même avis.

Et, d’ailleurs, en Espagne, pays « lui aussi durement frappé par le terrorisme islamiste, il y a deux ans », 76% des personnes interrogées sont opposées à la « guerre contre le terrorisme » telle qu’on la conçoit à Washington.

Ce n’est qu’en Russie et en Inde que l’on trouverait « encore » une majorité favorable au concept de guerre contre le terrorisme, mais l’ « antiaméricanisme (y) a néanmoins nettement progressé ».

Certes, on peut être gêné, voire choqué, par certaines méthodes utilisées par un pays démocratique, mais , sans vouloir paraître cynique, « on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs » et il ne faut pas oublier qu’il est difficile de lutter contre des adversaires, qui ne s’encombrent pas - eux - du respect des droits de l’homme.

La France, à l’époque de la guerre d’Algérie et Israël, depuis de nombreuses années, en ont fait l’amère expérience.

On ne mène pas la guerre contre le terrorisme comme on mène une guerre classique.

Mais, ce qui est particulièrement surprenant, même si, cette fois (v. précédemment sur ce site, le 19 octobre 2005), le grand quotidien du soir, se réfère à un institut plus « sérieux », à savoir Harris, qui a réalisé un sondage pour le Financial Times (19 juin 2006) c’est quand il nous apprend que pour 36% des Européens (Britanniques, Allemands, Français, Italiens, Espagnols), les Etats-Unis constituent aujourd’hui la principale menace pour la stabilité mondiale, devant l’Iran (30%) et la Chine (18%).

Ce qui conduit Sylvie Kauffmann qui fut (sauf erreur de notre part) correspondante du Monde aux Etats-Unis, à avoir cette réaction simpliste : « Les Etats-Unis plus dangereux que l’Iran ! Voilà qui devrait faire méditer M. Bush... ».

Autrement dit, mieux vaudrait laisser, notamment, chiites, sunnites et kurdes s’entretuer en Irak, encore plus massivement et les talibans reprendre le pouvoir en Afghanistan, plutôt que de chercher noise à ce presque inoffensif Ahmadinejad.

Certes, en tant que juriste, nous sommes, bien évidemment, attachés au respect de la règle de droit et dénonçons - comme l’ont fait, certes avec retard les autorités américaines - certains abus ou dérives.

Mais, de grâce, que l’on replace ces « bavures », incontestées et incontestables, dans leur contexte et surtout que l’on relativise leur ampleur au regard des atrocités massives commises par les autres.

Les journalistes du Monde sont plus enclins à répercuter des chiffres ou à se poser des questions qu’à essayer de former l’opinion publique, plutôt que de la déformer, par l’accent mis ce qui ne va pas.

Ainsi, sur la même page, Daniel Vernet, directeur des relations internationales, s’interroge sur l’échec de l’Occident en Irak-Afghanistan.

Si la description de cet échec, en Afghanistan, est - malheureusement - exacte, sa conclusion est un peu courte, voire opaque.

S’agissant des causes de cet échec, le journaliste considère - et il a parfaitement raison - même si la terminologie utilisée tient de la langue de bois - qu’elles « tiennent en partie aux spécificités d’un pays parmi les plus pauvres du monde, où les prémisses de la modernité étaient pour le moins fragiles ».

Mais, fidèle à la ligne du journal qui ne connaît, traditionnellement, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, qu’un seul ennemi, Daniel Vernet ne peut conclure sans mettre en cause les Etats-Unis : « Mais plus encore que l’Irak où George W. Bush peut être tenu pour principal responsable, l’expérience afghane amène à s’interroger sur le volontarisme militaro-politique, sur le principe autant que sur la manière ».

Si la première partie de la phrase est très claire, la seconde est des plus obscures.

Qu’importe, l’essentiel c’est de clouer, à nouveau, les Etats-Unis au pilori.

Et attendons-nous à ce que, sous peu, les médias, après avoir conditionné l’opinion publique, volontairement, mal informée, reflètent une opposition à la mise en quarantaine du Hamas.

Jusqu’à présent - mis à part, évidemment, Israël - les Etats-Unis sont, pratiquement, seuls à adopter une attitude ferme à l’égard d’un mouvement, qui, au mieux, admet l’idée d’une « longue trêve », mais qui vise, à terme, à détruire Israël.

Or, affaiblir les Etats-Unis c’est, indirectement - ou pourquoi pas directement ? - viser Israël.

Il y a fort à parier que, s’agissant des Palestiniens également, l’Amérique - et Israël - ne perdent « la guerre de l’image ».

L’exploitation des images de la petite Houda, sur une plage de Gaza, il y quelques jours, rappelle celle de la « mort » du petit Mohammed Al Dura, il y a plus de cinq ans.

Or, dans les deux cas, la mise en cause des Israéliens a été d’autant plus rapide que l’on s’est efforcé, du côté palestinien, d’empêcher toute reconstitution des événements.

(David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international)



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