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L’Europe et Israël
Editorial « Le Monde »
Article mis en ligne le 6 novembre 2003

« Le Monde » participe au débat sur le sondage de la Communauté Européenne : « cette hargne anti-israélienne nourrit aussi une nouvelle forme d’antisémitisme, qui se manifeste ici et là en Europe »

Ainsi, le seul pays du Proche-Orient dont les citoyens disposent d’un régime démocratique serait une menace pour la région - voire pour la paix mondiale. Ce jugement serait largement partagé, reflet d’une évidence telle qu’elle emporte la conviction d’une solide majorité dans l’opinion. Le pays, c’est Israël. Et, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, l’opinion sollicitée n’est pas celle du monde arabo-musulman. C’est celle de l’Europe.

Du moins est-ce l’extraordinaire conclusion qui ressort d’un sondage commandité par la Commission européenne. Il a été réalisé par certains de ses experts et avec l’aide de la société EOS Gallup. Les résultats ont été rendus publics lundi 3 novembre. A la question « pour chacun des pays suivants, dites, à votre avis, s il présente ou non une menace pont- la paix dans le monde », Israël est cité en tête, devant l’Iran, la Corée du Nord et les Etats Unis (Le Monde du 5 novembre), parmi une liste comprenant encore l’Irak, le Pakistan, la Syrie, la Libye, l’Arabie saoudite, la Chine, l’Inde, la Russie etc. Ce jugement pointant Israël comme le danger numéro un pour la paix dans le monde serait celui de 59 % des Européens. L’hostilité à Israël serait la plus forte aux Pays-Bas et en Autriche, puis dans l’Europe du Nord ; elle diminue à mesure que l’on approche de la Méditerranée (la France arrive en 12e position et l’Italie est le seul pays de l’Union où les opinions s’équilibrent).

Dans cette affaire, tout compte, le moment, le sens, la méthode. Le moment, d’abord. Il est celui d’une époque où en Europe, la critique d’Israël dérape parfois. Elle dépasse la dénonciation de la politique d’un gouvernement, lequel, en violation flagrante de ses propres engagements - la « feuille de route » -, multiplie les implantations en Cisjordanie et à Gaza de manière à perpétuer une occupation qui rend la paix impossible ; lequel, face aux assauts du terrorisme palestinien, mène une politique de répression dans les territoires que son propre état-major juge absurdement contre-productive. Ces choses-là sont dites tous les jours dans la presse israélienne.

Mais on quitte le terrain de la critique légitime d’une politique gouvernementale quand ou pratique, comme certains milieux en Europe, un discours de dénonciation systématique et unilatérale qui démonise Israël. Cette rhétorique sous-entend que pareil Etat, svstématiquement criminel, ne peut pas avoir sa place parmi les autres. De la critique d’un gouvernement, on passe, insensiblement, au questionnement sur le droit à l’existence d’un pays. Peu importe au fond que ses promoteurs en soient conscients ou non, le fait est là : cette hargne anti-israélienne nourrit aussi une nouvelle forme d’antisémitisme, qui se manifeste ici et là en Europe.

La question posée par les sondeurs est absurde (il aurait fallu énumérer des conflits plutôt que des pays) ; l’étude paraît avoir été menée et commanditée avec autant de désinvolture que d’irresponsabilité. Les résultats révèlent tout de même quelque chose de très dangereux sur le Vieux Continent.



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