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Antisémitisme français : l’aveu d’impuissance de Manuel Valls
Shmuel Trigano
Article mis en ligne le 15 décembre 2014

Dans son interview à FR2 (7/12/14), le premier ministre a dit son étonnement de voir le peu d’indignation que le dernier acte antisémite (à Créteil) a soulevé dans l’opinion française et la classe intellectuelle. Cet aveu a quelque chose de terrible - et d’honnête à la fois - dans la mesure où il émane du détenteur du pouvoir d’Etat.

C’est comme si le premier ministre adoptait une posture de spectateur. Comme si le gouvernement de la France lui échappait. Il ne lui reste plus en effet qu’à regretter que l’opinion publique soit insensible à une situation qui dure depuis 15 ans et dont la prise de conscience aurait pu et dû progresser.

En même temps, ce jugement est vrai. Manuel Valls authentifie, sans s’en rendre compte, le fait que la société française devient objectivement antisémite dans toutes ses structures, et la plus importante aujourd’hui les médias : son évocation du silence des intellectuels face à cet état des choses interpelle justement les faiseurs d’opinion. Le fait que le crime de Créteil n’ait engendré aucune réaction collective d’ampleur entérine la banalisation de la haine des Juifs, qui semble désormais, au bout d’une si longue période, faire partie des mœurs.

Le premier ministre vient de comprendre cela. Il faut dire que le « Jew-bashing » (battre le Juif) est la voie royale du « French-bashing » qu’il a dénoncé il y a quelques semaines. C’est tout un système idéologique qui pervertit le discours public, enfume les esprits et brouille les données de la situation. Un écran de fumée cache la réalité. L’inimitié idéologique envers Israël et ce que représente le sionisme est présent dans des secteurs clefs de la société : médias, édition, opinion, université, politique. Il est intimement mêlé à la politique étrangère de la France et à la situation sécuritaire interne du pays, qui met en jeu, elle, le milieu musulman où se recrutent les agresseurs des Juifs à la petite semaine et les candidats djihadistes. Tous ces éléments font système dans le cadre d’un déni qui est structurel et congénital : l’opinion, les élites, le gouvernement « ne veulent pas le savoir » et ne font donc que « soigner » les conséquences au lieu de tarir le phénomène à la source.

Or, aucune politique sécuritaire ne le jugulera. C’est un cautère sur une jambe de bois.
Elle ne fera que maintenir la gravité de la situation à un niveau « supportable », à « basse tension » et protéger les cibles juives « au goutte à goutte ». Il couterait en effet trop cher à l’Etat - politiquement et sur le plan de ses forces déclinantes - de faire face au problème national et politique que l’antisémitisme actuel constitue et qui met en danger l’unité de la nation...

Quand le ministre de l’intérieur parle de faire de l’antisémitisme une cause nationale, d’éduquer, de faire dialoguer les religions, c’est une sorte de mise en coma artificiel de la grave crise qui lézarde la France, cela équivaut pour les Juifs à une anesthésie. Combattre l’antisémitisme violent ne relève pas d’une « cause » morale mais d’un acte politique clair et ferme. Il n’y a pas à « éduquer » les antisémites mais à les réprimer de façon systématique, pour assurer l’ordre de l’Etat.

Lors de la manifestation - clairsemée - de Créteil, la profession de foi chiraquienne « Toucher à un Juif c’est toucher à la République ! » a été de nouveau entendue. Elle fait l’effet d’une bonne tape dans le dos pour rassurer. Où est en effet la République ? Là où sont les Juifs : dans l’oubli ou l’inimitié publiques.

Ce mantra est aussi une parole très inquiétante : pourquoi les Juifs seraient-ils la quintessence de la République ? Celà leur confert un sort sacral, sacrificiel, très profondément inquiétant, car le sacré est à la fois attirant, désirable, et repoussant, terrifiant. Totem et tabou.

Les Juifs ne demandent qu’a bénéficier du droit des citoyens à la sécurité et au respect.


  • A partir d’une chronique sur RadioJ le vendredi 12 décembre 2014.


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