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Les assassins de la mémoire.
Montségur
Article mis en ligne le 11 décembre 2005

Trahir le passé, c’est condamner l’avenir.

S’il en était encore besoin, le processus d’acculturation de la société française, déjà bien entamé, se poursuit. Cette fois en prenant pour cible ce qui, au-delà des opinions diverses qui font la richesse d’une démocratie, permet à une nation de se retrouver autour d’un socle commun et partagé : sa mémoire.

Ce qui va suivre n’est pas un plaidoyer. Conduire une plaidoirie serait reconnaître aux forces qui font le procès de la République une qualité et une autorité que je leur conteste. En clair, qu’il me soit permis de récuser ici les procureurs auto proclamés dont les procédés néo staliniens assombrissent le temps présent de leurs pratiques, musèlent la liberté, confisquent le débat public, et imposent peu à peu leur Vérité. Car ainsi en est-il dans la France de 2005 que la pravda du pauvre (j’entends par là pauvreté d’esprit), ce soliloque imbécile, tienne lieu de référence et de modèle.

Ces dernières semaines, notre pays a connu un accès de fièvre dont il aurait bien fait l’économie. Sans doute, son état immuno-dépressif le prédisposait-il aux agressions virales dont il a fait l’objet. De même, le doute qui s’était insinué en lui. Cette fièvre maligne prit des formes diverses, complémentaires, qui sans nécessairement être concertées, tendaient toutes vers la même direction : atteindre et amoindrir les facultés de raisonnement et de discernement du malade.

Les médecins, en grande hâte accourus, divergèrent bientôt, sous la pression des membres de la famille dont certains guignaient déjà le détournement de l’héritage. Il en fut même, de ces grands savants, pour glisser leur fiel aux détours des débats qui agitaient ce petit monde d’experts. D’autres, que la crainte du désaveu asservissait au mensonge, renièrent à peu près tout de leur mandat ou de leur science, tant ils redoutaient de ne pas paraître, aux yeux jaloux des plus vindicatifs de cette famille, aussi veules que leur réputation le laissait entendre.

Un seul de ces médecins, et l’admirable dans l’histoire, serait que c’est souvent grâce à ces voix isolées, osant braver l’orthodoxie de pensée et l’inertie dominante, que maints malades se sont relevés d’épreuves autrement plus terribles ; un seul donc, eut le courage de dresser un diagnostic qui ne soit pas influencé par la doctrine arbitraire.
Le malheur, pour lui, était d’une part, que certains membres de la famille, de par l’énoncé des troubles, se voyaient soupçonnés sinon d’avoir conduit de manière directe l’agression corporelle, du moins contribué fortement à son émergence, et d’autre part, qu’outre ses positions antérieures (la maladie s’étant installée durablement depuis plusieurs années) ce médecin avait contre lui d’être de mauvaise naissance - car en ces temps de disette intellectuelle, il ne faisait pas bon être Juif, et de surcroît être un Juif fidèle à son engagement de toujours.

Le malheur aussi était qu’il ne se satisfaisait pas des tableaux en vogue alors, ou des portraitistes dévoyés, des chroniqueurs à la petite semaine, des petites mains tracassières, versaient dans le noir et blanc de rigueur, sans aucune nuance ni tentative d’honorer quelque peu leur métier. Le malheur était qu’à la symphonie fantastique qui berçait le rêve de ces faiseurs d’opinion, notre médecin se permit de diverger et de faire entendre sa voix discordante.

Aussitôt, provenant des contours du pays, et traversant la manche, un de ces félons qui, autrefois convoitait et son audience, et son talent, dépêcha son messager auprès de ces alliés dans la place : le temps était venu pour lui de prendre sa revanche.

Les jours qui suivirent furent de la pire espèce, et maints autres auteurs ont souligné avec justesse les signes présageant d’une pestilence comme nous en avons connu autrefois, emportant sur son passage tout ce qui constituait le patrimoine d’une culture, les livres, les œuvres artistiques, la science et la sapience d’un peuple, et pour finir, la vie même.

Que n’a-t-on entendu alors, dans ces salons ou ces antichambres où se fomentait l’exclusion définitive de notre médecin ! De quelles saillies se nourrirent nos gazettes ! Partout c’était le même cri d’effroi de celles et ceux qui faisaient autorité, et pour qui ce diagnostic dressé, ce qu’il signifiait de remise en cause du dogme issu de l’Université, présageait de leur fin.

Un stratagème fut derechef appliqué, la faute première, à savoir le symptôme à
l’origine de la maladie fut vite oublié, et l’on ne s’attarda plus qu’à la perte de ce savant qui avait osé contredire ceux des membres de la famille qui se sentaient injustement stigmatisés. On parla de dérive, voire d’un état, pour les plus féroces d’entre eux, proche de la démence. Toute hors d’elle, la bonne société qui préférait ignorer les maux qui la guettaient, et s’enfoncer un peu plus dans le déni, soutint les voix des accusateurs. Au demeurant, certains visaient bien la progression du mal et pariait sur lui car, en filigrane, se jouait autre chose de bien plus grande importance, rien moins que l’effacement de sa mémoire et la conquête de son esprit. Car il est bien connu qu’un territoire dépossédé de ce qui constitue son unité est plus facile à prendre.

Que ce savant s’infligeât à lui-même les remèdes qu’il préconisait pour les autres importait peu. Que le malade s’installât dans son état et par voie de conséquence, favorise l’aggravation de celui-ci, était désormais secondaire.
L’hérésie se devait d’être combattue.

Des citoyens pétitionnèrent auprès des autorités qui permettaient à cet orfèvre des mots de nommer les choses et ainsi dresser des remparts psychologiques contre le mal. Car n’est ce pas, si ceux-là mêmes qui avaient contribué à l’émergence de la fièvre faisait tomber cette digue là, alors d’autres suivraient, et bientôt s’engouffreraient toutes les idées indigestes et tous les renoncements auxquels ceux-ci souscrivaient. Bientôt l’on pourrait enfin influer de façon beaucoup plus radicale sur la conduite intérieure et extérieure de la Cité, sans plus craindre une opposition séculaire aux métastases de la division.

La division ferait force de Loi, et on la nommerait respect de la diversité.

La mémoire serait réécrite et correspondrait désormais aux canons du dogme.

Notre savant, qui devait participer à un évènement festif autour d’un des socles principaux de la République, fut même obligé de renoncer, devant la diabolisation dont il était le sujet. Son hôte, et ces pairs, ne lui accordèrent aucun soutien public, tant il est vrai que le silence, dans ces moments là, a sinon valeur d’approbation, du moins valeur d’exemple.

D’autres, et votre serviteur, continuent à voir en lui un des meilleurs médecins qui soit.

Notre cœur et notre disponibilité d’esprit lui sont ouverts, car nous savons bien que si nous devons vaincre la fièvre, il n’est de pire remède que la lâcheté.



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