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Duplicité : le traité de Hudaybiyyah, bafoué par Mahomet, forfaiture qui lui permit de conquérir la Mecque, est l’exemple à suivre
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 23 juillet 2013
dernière modification le 22 juillet 2013

Alors même que John Kerry annonçait la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens dans les jours à venir, le ministre des Affaires religieuses palestinien prononçait un sermon devant Mahmoud Abbas, faisant l’exégèse et l’éloge du Traité de Hudaybiyyah, moment charnière de l’islam. Signé pour dix ans entre Mahomet et la tribu des Quraysh de la Mecque, il fut bafoué par le Prophète deux ans plus tard, lui permettant de conquérir la ville. Une « gestion de crise » exemplaire, dit ce haut responsable, comme le furent les Accords d’Oslo ayant abouti aujourd’hui à la « reconnaissance de l’État [palestinien].

Reprise des pourparlers : sincérité d’une part, manque de sincérité de l’autre

Autant la sincérité du Secrétaire d’État John Kerry s’exprimant à Amman pour annoncer qu’il avait obtenu que Palestiniens et Israéliens reprennent leurs pourparlers dans les jours à venir était évidente, autant la sincérité, teintée d’une grande prudence, du Premier ministre israélien rappelant les impératifs de sécurité qui sont ceux d’Israël, était évidente, autant celle de la partie palestinienne ne l’a pas été.

On avait eu, en effet, la veille même de l’annonce de John Kerry, un refus des dirigeants du Fatah, le parti de Mahmoud Abbas. Son Secrétaire général exigeant que pour un retour aux négociations il fallait que le plan du Secrétaire d’État contienne une clause stipulant qu’il y aurait « retour aux Lignes de 1967 ». Un membre du Comité exécutif de l’OLP, Wasel Abu Yousef, expliquait le refus du projet par l’Organisation de Libération de la Palestine par le fait qu’Israël ne consentait pas, selon lui, « à reconnaître un État palestinien ou à geler les constructions ». Et on ne parle pas ici du refus catégorique du Hamas ou d’autres factions telles que le Jihad Islamique ou le Front Populaire de la Libération de la Palestine, qualifiant tout accord pour une reprise des négociations de « désastre » ou de « suicide politique ».

Mais peut-être cela était-il une tactique destinée à faire monter les enchères car, le 19 juillet au soir, vint l’annonce de l’accord, salué, entre autres, par la Ligue Arabe, le Secrétaire général des Nations unies, le Président d’Israël, Shimon Peres ou même Catherine Ashton qui venait de décider avec l’UE où seraient les frontières d’Israël...

Bémols palestiniens au lendemain de l’annonce de la reprise et avant même celle-ci

Mais le 21, un « haut responsable du Fatah » Nabil Shaath, apportait un sérieux bémol en déclarant : « Nous attendons. Retourner aux négociations dépend de deux mesures auxquelles nous avons demandé aux Américains de consentir. S’ils consentent, nous passerons à l’étape suivante qui consiste en des négociations préliminaires à Washington pour discuter des règles et des conditions pour des négociations directes. Nous ne reprendrons pas de négociations si nous n’obtenons pas ce que nous avons demandé ». L’agence de presse Maan News qui rapporte cette prise de position précisant que Nabil Shaath n’a donné aucun détail.
Il ajoutait toutefois que « la récente position de l’UE sur les colonies israéliennes a contribué au retour aux négociations et a eu un impact positif sur la position américaine ».....

On comprend dès lors la grande prudence de Benyamin Netanyahou qui soulignait, pour sa part,le 22 juillet, que la sécurité de l’État d’Israël devait être au cœur de tout accord et annonçait qu’il serait soumis à un référendum, « si tant est qu’on parvienne à un accord ».

Signer un accord pour mieux le rompre ensuite, tel est l’exemple de « gestion de crise » donné par le Prophète, rappelle le ministre palestinien des Affaires religieuses devant Mahmoud Abbas

Autre élément de taille que révèle aujourd’hui Palestinian Media Watch, PMW, Observatoire des Médias Palestiniens. Qui a traduit, mis en ligne et commenté une partie politico-religieuse du sermon de vendredi dernier, 19 juillet, donné devant Mahmoud Abbas par le ministre des Affaires religieuses palestinien, Mahmoud Al-Habbash - nommé par l’Autorité palestinienne -.

Celui-ci évoque un épisode des premiers temps de l’islam. Mahomet avait voulu se rendre à La Mecque, accompagné de son entourage, pour y prier. Ils furent stoppés par des émissaires de la tribu des Quraysh qui tenait la ville. Ceux-ci proposèrent un Traité, le Traité de Hudaybiyyah, ville où ils se rencontrèrent, d’une durée de dix ans, permettant à Mahomet de revenir à partir de l’année suivante pour se rendre à La Mecque. Mais il devait y renoncer cette année-là.

Le Prophète accepta bien que son entourage soit violemment opposé à ce traité et il le qualifia de « victoire »....Celle-ci ne vint que deux ans plus tard quand il attaqua ceux qui avaient signé le Traité avec lui et il se saisit de La Mecque. Un exemple à suivre, déclara le ministre. Un exemple de « gestion de crise »...c’est-à-dire tromper l’adversaire, feindre un accord, pour le rompre ensuite et parvenir à ses fins...

Et de rappeler l’opposition qu’il y eut, côté palestinien, aux Accords d’Oslo qui, pourtant, dit-il, permit à l’Autorité palestinienne de voir le jour et, finalement aboutit à ce que « le monde reconnaisse l’État palestinien ». Le ministre en profitait pour faire l’éloge des dirigeants palestiniens et de l’OLP, de leur « sens de la responsabilité envers leur nation..leur sagesse », et critiquer le Hamas « impulsif » et qui n’aurait rien obtenu de tout cela.Ces dirigeants ayant fait le bon choix, comme, dit-il « le Prophète le fit avec le Traité de Hudaybiyyah, bien que certains s’y opposaient et que les cœurs des compagnons du Prophète brûlaient de colère et de furie ». Rappelant qu’il était « le messager d’Allah, » Mahomet déclara qu’il ne lui désobéirait pas, celui-ci voulant cet accord.

Et le ministre de commenter : « c’est de la politique, de la gestion de crise, de la gestion de situation, de la gestion de conflit. Allah avait qualifié de Traité de victoire très claire ... ». Et la séquence se termine avec ce rappel du ministre : « en moins de deux ans le Prophète est retourné et sur la base de ce Traité il a conquis La Mecque. C’est l’exemple, c’est le modèle » .

Les contours de « la victoire » finale recouvrent la totalité de l’État hébreu...

Sans doute ce rappel, cette référence à l’autorité suprême d’Allah et de Mahomet, si essentiels dans le monde arabo-musulman, sont-ils destinés à calmer ceux qui s’opposent aujourd’hui à la reprise des pourparlers. Pourtant, cela trace également clairement le chemin à suivre pour que les Palestiniens obtiennent ce qu’ils veulent. Et donc ce qui est revendiqué ici ou là par différents dirigeants : retour des « réfugiés », libération des prisonniers – jugés pour actes de terrorisme -, « frontières de 1967 »...sans oublier Jérusalem comme capitale avec l’Esplanade des Mosquées - le Mont du Temple-...Dans les photos de Mahmoud Abbas lors des différents épisodes de ces rencontres avec John Kerry ou à cette occasion, on voyait presque systématiquement le Dôme du Rocher en arrière-plan...

A terme, c’est la totalité de « la Palestine », une Palestine mythique n’ayant jamais existé, qui est revendiquée comme en attestent les centaines d’exemples trouvés notamment dans mainte émission de la télévision officielle palestinienne ou des manuels scolaires palestiniens ou encore les logos des documents officiels montrant clairement que les contours de « la Palestine » recouvrent en fait la totalité d’Israël...



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