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La mer Morte se meurt : Israël et ses voisins créent une union sacrée
Muriel Sakkal - Tribune de Genève
Article mis en ligne le 30 juillet 2005
dernière modification le 31 juillet 2005

Assèchement - Un canal de jonction avec la mer Rouge pourrait la ressusciter.

Un pipeline pour sauver la mer Morte. Utopie ou réalité ? Vieux de plus de 150 ans, ce projet refait surface, à l’heure où le grand lac d’eau salée semble voué à l’assèchement.

En marge du cycle de violences israélo-palestiniennes, une lueur d’espoir se dégage. Reléguant leurs désaccords politiques au second plan, Israéliens, Jordaniens et Palestiniens ont accepté de relever ensemble le défi de ressusciter celle qui se réduit, jour après jour, à un vaste champ de sel. Projet titanesque : percer un canal long de 200 kilomètres pour acheminer chaque année près de 1,8 milliard de mètres cubes d’eau de la mer Rouge.

Le constat est alarmant : la mer Morte se meurt. Diminuant chaque année d’un mètre, les eaux les plus basses - 412 mètres en dessous du niveau de la mer - et les plus salines de la planète, ont perdu près d’un tiers de leur volume depuis les années 1960 : d’une surface de 1000 kilomètres carrés, elles n’en font plus que 669 aujourd’hui, soit moins d’une centaine de kilomètres carrés de plus que le lac Léman. La faute à l’irrigation qui tarit le fleuve Jourdain, sa principale source d’alimentation. Selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), le peu d’eau atteignant la mer ne compense plus son taux d’évaporation et la mer est menacée de disparition d’ici 2050.

Mer Morte : le nom de l’endroit laissait présager un lieu de mortelle désolation. Or il n’en est rien. Berceau des trois principales religions monothéistes, environnement unique hébergeant des espèces rares, animales et végétales et attraction touristique internationale par ses grandes qualités curatives, la mer Morte n’inspire que vie et mérite d’être sauvée. Et rapidement, car le tarissement continu de la mer a des conséquences désastreuses pour la région tout entière. Pour l’industrie touristique, c’est la catastrophe.

Plusieurs hôtels, se situant auparavant au bord de la mer, se trouvent désormais à plusieurs centaines de mètres du rivage. Du coup, l’économie locale est fortement menacée par la désaffectation de milliers de touristes et curistes venant chaque année profiter des vertus médicinales de la mer. La baisse du niveau d’eau provoque par ailleurs l’apparition de cratères d’affaissement pouvant atteindre 20 mètres de profondeur. Ces cavités peuvent s’ouvrir à tout moment, menaçant routes, constructions ou réserves fauniques. Bref, il faut agir et vite.

L’alerte aurait-elle finalement été entendue ? L’Etat hébreu, le Royaume hachémite et l’Autorité palestinienne ont relancé l’idée du « canal des deux mers ». D’une importance capitale, ce conduit permettrait par ailleurs de générer une production d’électricité, vitale pour la région car utilisable pour le dessalage de l’eau. Sous les auspices de la Banque mondiale, une étude sur la faisabilité de cette gigantesque construction a débuté au début du mois. Appelée à durer deux ans, elle devrait coûter 15,5 millions de dollars, financés par le Japon, les Etats-Unis et divers pays d’Europe. Quant aux travaux, ils pourraient s’élever à plus de 3 milliards de dollars. A l’heure où le conflit israélo-palestinien sombre dans l’impasse, la volonté de coopération pour sauver cette merveille du monde, donne un petit souffle d’espoir à cette région.

Alternative écologique

Face à ce projet, les écologistes crient au scandale. Le canal risquerait d’endommager les récifs coralliens de la mer Rouge et pourrait altérer les vertus médicinales de la mer Morte en augmentant sa teneur en sel. L’Association des Amis de la Terre au Moyen-Orient milite en faveur d’un développement économique durable du bassin de la mer Morte et propose l’inscription du site comme Réserve de la Biosphère auprès de l’Unesco.



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