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Choses vues en Pologne et sur son flanc occidental
Simon Pilczer ©
Article mis en ligne le 17 mai 2005

Voilà plusieurs décennies que je me promettais de faire ce pèlerinage sur la terre de mes ancêtres, aussi bien paternels que maternels.

J’en avais toujours été dissuadé par mon père : souvenirs de misère et d’antisémitisme - les Polonais le tètent à la mamelle, selon ses dires confirmés par l’ancien Premier Ministre Itsh’ak Shamir - mais il arrive un âge où il faut savoir transgresser les interdits paternels.
Un premier voyage à Auschwitz en mars 2000, organisé sous l’égide du Mémorial du Martyr Juif Inconnu, m’avait aidé à « réaliser » la profondeur de l’horreur nazie sur le terrain, et à panser certaines plaies d’un fils de rescapée d’Auschwitz.
Après l’entrée de la Pologne dans l’UE, et la mort du Pape Jean-Paul II, pour lequel je reconnais volontiers une réelle admiration, je décidai de faire un tour de cette Pologne actuelle.
Ne disposant que d’une courte semaine, j’y suis allé en voiture, seul, et vous livre mon témoignage en toute subjectivité.

1er jour : Paris - Berlin.
La capitale allemande est une belle ville aux longues artères largement ouvertes, telles que voulues par Frédéric II ‘le Grand’ sur des terres assainies.
Arrivé la veille de l’inauguration du mémorial de la Shoah, tout près du Reichstag rénové, mais non encore ouvert au public. Saluons le courage des Allemands face à leur passé.
Sur la célèbre avenue « Unten das Linden », de grandes bâches illustrées du portrait d’Albert Einstein viennent célébrer le centenaire de 1905, « l’année miraculeuse » où il fit trois découvertes majeures en physique, dont chacune pouvait lui valoir le Nobel. Les Allemands ne sont pas rancuniers : ils ont oublié qu’Einstein, certes né allemand, fit ses études en Suisse, et qu’ils le chassèrent ignominieusement après la prise du pouvoir par les nazis...
Visite de quelques églises : entretenues, mais quasi-vides.
A la sortie Est de la capitale germanique, une jolie petite mosquée de style ottoman, garnie de plaquettes horizontales de marbre blanc et vert, flanquée de son minaret, témoin de tolérance.

2ème jour : Berlin - Lodz.
Le réseau routier polonais est en voie d’amélioration, mais laisse encore à désirer en de nombreux endroits. Peu après la frontière, la voie se réduit à la taille d’une modeste nationale, et la conduite locale est particulière : pour laisser une voie de dépassement, les poids lourds et véhicules lents circulent à cheval sur la bande d’arrêt quand elle existe.
Je n’ai pas pu me documenter sur la mortalité routière en Pologne, mais je la pressens élevée, d’autant que l’alcool est en vente libre absolument partout...
La soif de voitures paraît considérable, et l’importation de véhicules d’occasion semble une activité lucrative : on croise ou dépasse de nombreux camions qui en transportent.
Sur la route de Lodz, une centrale nucléaire, construite apparemment sur un modèle français (mêmes tours de réfrigération de la vapeur, même unité centrale surmontée de cheminées... Ouf, ce n’est pas Tchernobyl bis).
Quand le réseau routier s’améliore, on le doit sans doute à la coopération française : la signalisation, les marquages au sol, l’aspect du macadam évoquent notre style tricolore.

L’état de l’immobilier est assez hétéroclite, mêlant de vieilles maisons modestes en bois de mélèze, et des constructions modernes originales témoignant des goûts baroques des nouveaux riches.
Partout à travers la Pologne, on voit ces constructions individuelles fleurir, dûment délimitées par des barrières aux piliers de briques ou de béton, pour conjurer l’ère communiste sans doute.
A ce sujet, dans la périphérie des grandes villes, partout persistent de hideuses HLM dont nous ne voudrions plus en France. La « cité des 3000 » à la Courneuve si je me souviens bien, a été dynamitée : elle était moins laide que bien des cités HLM polonaises actuelles.

Arrivée en fin d’après-midi à Lodz, ville natale de ma famille maternelle.
Autrefois capitale textile de la Pologne, comptant de nombreuses usines et une communauté juive d’environ 500.000 âmes, extrêmement active et diligente, la ville est encore très marquée des stigmates de la seconde guerre mondiale : nombreux immeubles détruits, laissant des espaces vides entre ceux qui persistent comme une mâchoire ornée de dents creuses, aspect crasseux de la plupart des constructions.
Recherche de la maison où ma mère a grandi : incertain de la reconnaître au « 38 Uliça Frantiskaïa »... Le temps pluvieux ajoute à l’impression de désolation.
Et puis, sur le mur d’un immeuble de style HLM construit sans doute du temps de la splendeur communiste, un tag « Zyd [juif]... », je ne sais pas lire le reste : petit mot affectueux à l’encontre des Juifs dans une ville qui en compte encore quelques centaines tout au plus ?

3ème jour : Lodz - Varsovie - Parczew - Lublin.
Départ très tôt le lendemain. La route est plus facile car la pluie ne tombe que par averses.
Varsovie est une ville nouvelle qui veut brûler les étapes : au centre, l’immeuble de style typiquement stalinien, tel qu’on en voit plusieurs à Moscou. C’était probablement le centre de la vie politique à l’époque du communisme triomphant. Il a été transformé en « palais de la culture », et est entouré de nouveaux immeubles tout d’acier, de béton et de verre, comme il s’en construit partout dans le monde. Aucun intérêt architectural...
Visite dans ce qui fut le centre historique de Varsovie, reconstruit après sa destruction totale par les nazis : beaucoup de charme de ces immeubles à l’allure toscane - l’influence de la renaissance italienne est perceptible dans plusieurs villes d’importance - quelques églises baroques, des calèches, une atmosphère de carte postale qui ne me convainc pas.
Renseignement sur le site du ghetto de Varsovie : réponse assez facile de personnes âgées.
L’ancien ghetto, où 500.000 Juifs furent successivement enfermés entre 1941 et 1943. Il est aujourd’hui limité à un square, où un monument célèbre la mémoire des héros de la révolte du ghetto qui commença le 19 avril 1943, et tint tête à l’armée allemande pendant près de trois mois, avec quelques armes de poing au départ, et la force de l’honneur et du désespoir.
Un bouquiniste propose quelques livrets sur la vie juive d’avant-guerre, et j’y trouve notamment un mémorial avec le plan des communautés juives d’importance en Pologne avant-guerre.
Une courte avenue « Mordehaï Aniliewicz » rend hommage au chef du soulèvement du ghetto.

Décidé à m’épargner les vanités touristiques, je repars vers Parczew, ville natale de mon père, et donc de ma souche paternelle.
Autrefois située au Centre-Est de la Pologne, dans la province de Lublin, la ville est désormais aux confins de l’Ukraine et de la Biélorussie, puisque les Russes ont mordu sur 100 km à l’Est en 1945.
La route est belle, le temps dégagé, et les champs de terre grasse et noire succèdent aux forêts de pins et de bouleaux. Quelques visions ‘baroques’ : des panneaux routiers mentionnant l’interdiction de circuler pour les tracteurs et les voitures à chevaux, puisque 50% de la population polonaise vit encore de l’agriculture.
Parczew : à l’arrivée dans l’après-midi, en périphérie de la vielle ville, une belle et grande église de briques, moderne, s’apprête à accueillir une centaine d’enfants de huit à dix ans qu’un prêtre guide vers le chœur, en deux rangs successifs, sous la garde attentive de leurs enseignantes.
Mon père, consulté par téléphone, me confirme qu’avant guerre, cette petite ville, quasi entièrement juive, comptait 3500 familles juives, et seules quelques familles chrétiennes habitaient en son centre.
Je m’y rends, tentant de nouer le dialogue : mon polonais étant nul, j’essaie le français et l’anglais.
En définitive, il faut faire simple :
« Synagogua ? » : les gens sont le plus souvent surpris. Il est 16 h 30 et les commerçants ferment à 17 h. J’explique que mon père est né ici, ce qui semble me valoir une certaine considération, le père Noël ? Bref, un commerçant anglophone finit par m’expliquer que l’ancienne grande synagogue a été transformée en cinéma, que d’ailleurs, depuis, on a décidé de construire un autre cinéma, et donc cette synagogue est totalement à l’abandon, décrépite, avec un énorme camion barrant la porte d’entrée. Par une fenêtre, j’aperçois en effet des chaises disposées en rang vers le tabernacle, disparu bien entendu.
Allez, ne boudons pas notre plaisir, bien des films nous ont emmenés au paradis...

Un peu écoeuré quand même, incapable de retrouver la rue de la maison natale de mon père, je décide de repartir vers Lublin : superbe ville à la fois médiévale et baroque, c’est là que Polonais et Lituaniens signèrent vers 1572 un « pacte d’union » qui rapprochait les deux pays. La vieille ville est magnifique, ornée d’une église baroque aux décors somptueux, entourée de remparts et de tours. Un parcours touristique pédestre mentionne les étapes importantes, dont l’emplacement de l’ancienne grande synagogue : ni les civils, ni la maréchaussée ne sont en mesure de m’indiquer où elle se trouve. Incompréhension visiblement éberluée.
Un épisode plutôt désagréable à rapporter : passant la voûte sous la grande tour qui permet de pénétrer dans la vieille ville, je tombe sur un jeune homme orné de fausses papillotes, et déguisé en juif pieux [‘Loubavitch’] qui distribue des prospectus pour un restaurant soi-disant juif, du moins dans la manière d’écrire les caractères latins à la mode hébraïque, « CYMES ». Intéressé, je lui demande de m’y accompagner. L’auberge ne se situe pas en rez-de-chaussée, mais en sous-sol, enfumé, orné de deux « menorah » pour faire illusion.
J’interroge mon petit monde, pour savoir si l’un d’entre eux est juif ? Pensez-vous...

Quelques images vues : une cohorte d’une dizaine de séminaristes qui remontent le boulevard, soutane noire claquant au vent. Dans l’église des Dominicains par contre, ce sont des « pères blancs » qui servent la messe. Je crois me souvenir - à vérifier - que ce furent ces Dominicains blancs qui instrumentèrent l’inquisition.
Nombreux groupes de jeunes emmenés par leurs maîtres visiter leur patrimoine. On sent physiquement la volonté de transmettre la fierté de son héritage culturel. S’en inspirer ?

Plusieurs églises visitées : toutes sont magnifiquement décorées - plafonds bleu nuit étoilée, murs peints en ocre, sienne, et rouge sombre - nanties de « chemin de croix » - toutes sont ouvertes toute la journée, pleines de fidèles, les messes célébrées à toute heure, du matin au soir : constat vérifié dans toutes les villes visitées.
Bien entendu, la réponse aux appels du Pape pousse sur une terre fertile :
Sentiments mitigés entre le respect de cette spiritualité de publics de tous âges, riches et pauvres confondus, et l’appréhension d’une réaction papiste qui dépassera forcément le message de tolérance que Jean-Paul II avait tenté d’inculquer à ses ouailles.
Le lendemain matin, après une dernière tentative - infructueuse - pour trouver l’emplacement de l’ancienne grande synagogue de Lublin, départ pour Krakow.

4èmeet 5ème jours : Cracovie.
Disons le tout de suite : Cracovie est un émerveillement.
Découvrir Cracovie fait le même effet que la découverte de Venise et d’Istanbul. En vérité, elle emprunte un peu aux deux autres, que je tiens pour incomparables.
Cracovie fut un temps la capitale de la Pologne.
Vers 1683, quand les Turcs assiégeaient Vienne, c’est le roi de Pologne qui se porta au secours de la Chrétienté, et obtint la levée du siège. S’ensuivirent des décennies de guerre aux confins de la Podolie où - devinez qui - trinqua...
Le château fort - le Wavel - construit sur un piton rocheux en granit rose, barre l’entrée de la vieille ville. Là, la place du marché tient de la place Saint-Marc, avec son dôme, ses pigeons alimentés par une jeunesse joyeuse, une basilique merveilleusement décorée et pleine de fidèles, et des maisons patriciennes occupées par des cafés et des grandes marques.
Au milieu de la place, le marché tient à la fois du palais du doge de Venise, avec en son milieu percé en croix, un marché qui évoque le grand bazar d’Istanbul.
Partout dans cette ville baroque, des églises superbement décorées, fleuries, des messes à toute heure, des bâtiments universitaires médiévaux - l’université jagellone - relookés Renaissance, une jeunesse turbulente... Karol Wojtyla y étudia, comme Copernic.

Dans le bas de la ville, au bord de la Vistule [le même fleuve arrose l’ancienne et la nouvelle capitales polonaises] l’ancienne ville de Kasimierz abritait une communauté juive très active avant guerre.
Uliça Miodowa, la synagogue « réformée » en joli style byzantin - gardée par une matrone polonaise qui empoche les cinq zlotys de la visite - est superbement restaurée sur des dons de philanthropes.
Uliça Szeroka, c’est une profusion d’anciennes synagogues : la « Vieille synagogue », construite à la fin du XVème siècle, rebâtie au XVIème après un incendie, abrite désormais le musée du judaïsme. La synagogue « Remuh », beaucoup plus petite, paraît plus ancienne : construite en 1553 par Israël Isserlès, le père de Moses : ils sont enterrés dans le petit cimetière calé derrière.
J’y rencontre un Israélien qui enseigne l’hébreu à des amateurs laïcs locaux...
Sur toute la rue Szeroka, des restaurants « juifs », et d’autres synagogues : celle de Wolf Bociana, sert de maison d’artisanat et de la culture.
La haute synagogue, rue Josefa, noirâtre, fermée au public, est d’aspect lugubre de l’extérieur.

7ème jour : départ pour Prague en passant par Oswiéçim.
La campagne galicienne est riante. Auschwitz se situe à environ 60 km de Cracovie.
C’est la porte à côté. Sur la route, quelques marchands de nains de jardin ou de figurines en bois peint d’un mauvais goût hideux.
Arrivée à Auschwitz côté ville habitée : là aussi, il y a des HLM ! Difficile à croire.
Il y a aussi des villas riantes, qui jouxtent pratiquement le camp d’Auschwitz 1.
Celui-ci était un ancien camp militaire que les nazis utilisèrent dès 1941 pour y enfermer des prisonniers de guerre russes qu’ils firent périr de mauvais traitements.
Le camp prend de l’extension après la conférence de Wansee en janvier 1942, qui décida la « solution finale de la question juive ».

En faisant le tour de ce camp par l’extérieur, j’ai été me rendre compte d’un détail non vérifié lors de mon premier voyage : la fameuse croix du Carmel d’Auschwitz est toujours en place. Ô certes, elle est tournée vers l’extérieur, mais de bonne taille, environ 3,50 mètres de haut.
J’ignore si le bâtiment héberge une communauté de Carmélites. Je trouve cela choquant, après qu’on nous ait assuré que l’affaire avait été réglée sur l’intervention de Monseigneur Decourtray - paix à son âme - de Monseigneur Lustiger, et je crois de Théo Klein, éternel ancien président du CRIF...

Visite à l’intérieur du camp d’Auschwitz 1.
Nombreux groupes de jeunes Polonais, emmenés par des guides respectueux de la sacralité des lieux. Pas d’éclats de voix, un respect perceptible...
Après l’entrée par le « musée du camp », le portail fameux « Arbeit macht freï ».
Des panneaux explicatifs vous guident en polonais, anglais, hébreu.

Dans une longue allée entre les baraquements, une barre de chemin de fer dressée sur trois poteaux servait à des pendaisons en série, au son d’un orchestre d’outre-tombe. Les nazis étaient parvenus à rendre aussi la musique amère.
A côté du « murs des fusillés », un pavillon abrite le lieu où les détenus condamnés à mort étaient exécutés, soit par fusillade, soit par injection de phénol, de même dans « l’infirmerie ». Au sous-sol, des cellules où étaient enfermés des condamnés. La cellule où fut exécuté le père Maximilien Kolb, qui prit la place d’un père de famille est garnie de fleurs

Découverte du « pavillon français » inauguré récemment : exposition très bien faite sur la déportation des Juifs de France. J’imagine que Serge Klarsfeld a supervisé cette réalisation avec la fondation pour la mémoire de la Shoah, présidée par Simone Veil.

En face, le pavillon n°20, aménagé par les Israéliens, inauguré début mai 2005 par Ariel Sharon lors de la « Marche des Vivants ». Extrêmement émouvant. Les murs sont peints de noir. L’exposition retrace l’histoire de la montée du nazisme, et montre les conséquences de cette doctrine démente et nihiliste. L’endoctrinement de la jeunesse allemande de l’époque est figuré par deux gamins de cinq ans revêtus de costumes militaires et faisant le salut nazi.
L’éducation donnée aujourd’hui aux jeunes Palestiniens est strictement de la même inspiration. Et ce germe de haine durera une génération...

Le pavillon italien est organisé sur des pilotis de bois autour desquels de larges rubans décorés de fresques rapportent les évènements de l’époque. Bien entendu, l’avertissement du « Si c’est un Homme » de Primo Levi vous accueille.

En face, le commerce ne perdant pas ses droits, une fenêtre donnant sur une boutique propose quelques livrets ou souvenirs... Est-ce qu’on vend des missels au sein d’un église ?

Une chose me gêne un peu : cet éclatement par pavillons nationaux est-il justifié ?

Départ vers le camp de Birkenau (Brezinka en Polonais = Auschwitz II).
C’est à son entrée qu’on voit ce fameux bâtiment de briques rouges traversé d’une voie ferrée, flanqué de deux bâtiments. Dans cette tour d’observation, un groupe venu de Mantes la Jolie, en compagnie d’enseignants, écoute en silence les explications du guide polonais : réconfortant.

Après la rampe du train la « sélection se faisait immédiatement » : il faut y aller pour étreindre la solitude et le désespoir de cette fin de voyage.
A gauche de l’entrée, bon nombre de baraquements sont dans un état de délabrement avancé, ne laissant persister que les anciennes cheminées de briques.
A droite, des baraquements de bois en bon état de conservation, avec notamment des latrines rangées en rampes de plusieurs dizaines.
Partout, des miradors et des barbelés à double espacement.
Au fond, de part et d’autre, les chambre à gaz et les fours crématoires - ce qu’il en reste - ont été détruits par les nazis en novembre 1944, lorsque l’avancée de l’armée rouge les convainquit d’effacer toute trace de leur forfait. Des photos cependant avaient été prises, et figurent à côté des décombres de ces chambres à gaz.
Une fosse contenant les cendres des déportés brûlés dans les incinérateurs est visible sur le côté gauche par rapport à la rampe.
Un « monument international » de granit gris se trouve à l’extrémité du camp de Birkenau.
Des plaques en de nombreuses langues européennes, - si ce n’est toutes - appellent à garder la mémoire de ce lieu.
Petite incongruité : au centre de ce monument, large d’environ quarante mètres, au dessus de la plaque polonaise, ornée de fleurs rouges et blanches, une croix métallique horizontale.
Le texte des plaques appelle à ne pas oublier que un million et demi de personnes, en grande majorité juives, ont été assassinées dans les chambres à gaz, ou par le travail forcé et l’épuisement.

Epilogue 1 :
Dans peu d’années, Cracovie redeviendra une destination obligée des visiteurs du monde entier. Elle méritera sans doute le label de « capitale européenne de la culture ».
Il y faudra deux conditions :

  • que davantage de Polonais parlent l’anglais et/ou le Français (j’ai bien été dans un café internet où l’on proposait l’enseignement du Polonais, mais je crains l’impasse).
  • que les Polonais retrouvent des racines enfouies, réconciliés avec leur passé, bien que l’homogénéité actuelle semble les satisfaire.
    La Pologne d’aujourd’hui me fait songer qu’il y a eu là une éradication réussie : les assassins furent les nazis, les témoins passifs consentants les Polonais, et les victimes expiatoires les Juifs d’Europe.
    Ne laissons pas Eurabia renouveler ce triste exploit dans un nouveau scénario peu différent : les assassins seraient les pays de la Ligue Arabe ; les témoins passifs consentants, les Européens angéliques, et la victime expiatoire, l’Etat juif d’Israël.

Epilogue 2
On savait depuis l’après-guerre, que la Pologne pratiquait l’antisémitisme sans Juifs. En1968, le tyran communiste de l’époque, Gomulka, en chassant pratiquement tous les derniers Juifs qui y vivaient encore - sur environ 20.000 Juifs à l’époque, il dut en rester entre 2000 et 3000 - fit de la Pologne un pays « judenrein ». 1968, juste après 1967, ça vous rappelle quelques souvenirs ?
Aujourd’hui, certains aubergistes doivent avoir perçu qu’il est bon pour le business de cultiver le folklore juif. C’est ainsi qu’ils ont inventé un antisémitisme sans Juifs mais avec de faux Juifs.

Epilogue 3 :
Reynarhdt Heydrich, général en chef des SS, déclarait sans fard que l’élimination totale des Juifs d’Europe était l’un des principaux buts de guerre du Reich nazi.
Quand on considère la carte d’Europe, et la répartition des communautés juives dans l’Europe d’avant-guerre non encore éclatée, Biélorussie, Ukraine et Russie d’Europe comprises, on observe que géographiquement, Auschwitz est à son épicentre.
On doit donc constater que le projet d’éradication des Juifs d’Europe était très rationnellement réfléchi, par des gens cultivés, diplômés d’école de guerre...
Et ce projet a en bonne partie réussi.

Epilogue 4 :
Sur le chemin du retour, je me suis arrêté 36 heures à Prague, merveilleuse ville à la fois médiévale, baroque et romantique, qui possède un charme indescriptible.
D’année en année, Prague réinvestit une part de la manne touristique dans sa restauration.
Je l’ai connue il y a 35 ans, lugubre sous la férule communiste, après l’échec du « Printemps de Prague. J’y suis retourné il y a dix ans, c’était en nette amélioration.
Elle respire aujourd’hui la joie de vivre, et l’élan de la jeunesse.
Beaucoup d’églises baroques, superbement décorées : il s’y donne des concerts le soir, mais pas de messe. La cathédrale qui siège à côté du « H’racin » est plus un monument national qu’un bâtiment religieux. Les Tchèques seraient fâchés avec la religion catholique depuis que les Habsbourg tentèrent de leur faire ingurgiter de force lors de la contre-réforme...
Ah, juste un détail contrariant : j’avais fait un reportage photos de ce périple : serrure de la voiture forcée, pochette de pellicules volée, sans profit pour le voleur.
Tant pis, je recommencerai...
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