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Chronique de Michael Bar-Zvi | Dalet Tichri 5773 - 20 septembre 2012
Article mis en ligne le 20 septembre 2012

Boker tov amis auditeurs de Radio J, hier après-midi dans le petit cimetière de Ein Hod, où sont enterrés de nombreux artistes, des centaines de personnes ont accompagné Haïm Hefer à sa dernière demeure. Avec lui, disparait un des derniers survivants de cette génération de poètes combattants qui ont bâtit l’image des héros de la guerre d’indépendance. Les chansons qu’il a écrites vous les avez certainement fredonnées, sinon entendues, même si vous n’avez peut-être jamais vu le visage de Haïm Hefer.

Né en 1925, à Sosnowiec en Pologne, Haïm Hefer est monté en Israël en 1936 au kibboutz Dafna en Galilée et s’est engagé dans le Palmah à l’âge de 17 ans. Au début, il prit une part active à l’Alya Beth, l’immigration illégale avant de servir sous les ordres d’Yigal Allon.

Dès son incorporation, Haim Hefer commença à écrire des poèmes et des paroles de chansons mises en musique par les compositeurs de l’époque Sacha Argov ou Moshe Vilensky. Les chansons de Haim Hefer font partie de ce que l’on peut appeler les canons de la musique israélienne moderne, mais leurs messages et les valeurs qu’elles véhiculent vont bien au-delà de la variété ou du simple divertissement. Ces rengaines ont été le socle d’une culture sioniste, qui reposait sur l’amour de la terre, sur la fraternité des armes dans le combat pour la liberté, et sur une vision de l’honneur, mais aussi sur l’humour et la joie de vivre.

Dans la phase de reconstruction de sa souveraineté nationale, le peuple juif avait besoin de héros et de mythes, et ce sont souvent les personnages des chansons de Haim Hefer qui donnèrent un contenu à cette aspiration. Certains héros de la guerre d’indépendance, comme Doudou de la chanson éponyme ou certaines scènes de veillées comme celles évoqués dans le texte sur le Finjan ont contribué à tisser une mémoire collective au cours des premières années de l’Etat d’Israël. Fondateur de la troupe Tchizbatron, issu de ce terme utilisé par les combattants du Palmah pour désigner leurs prouesses fictives, Haim Hefer a écrit des centaines de chansons, mais a été aussi l’auteur de nombreuses pièces de théâtre, de comédies musicales, comme Kazablan ou Salah Shabati, en collaboration avec Ephraïm Kishon.

Il a traduit de nombreuses œuvres en hébreu comme Tartuffe, le Revizor de Gogol ou Irma la Douce. Il a écrit pour tous les grands artistes israéliens de Chochana Damari à Yaffa Yarkoni en passant par Arik Lavi ou Yehoram Gaon, mais aussi et surtout pour les troupes musicales de l’armée.

Pendant des années, j’attendais avec impatience la livraison du vendredi du quotidien Yediot Aharonot pour y lire le billet de Haim Hefer sur l’actualité toujours rédigé en vers rimés.

Comme de nombreux artistes, Haïm Hefer ne « mâchait » pas ses mots et n’avait pas que des amis, mais est-ce une raison pour expliquer l’absence d’un représentant du gouvernement aux obsèques ? Où étaient les ministres de l’éducation, de la culture ? Pourquoi Shimon Peres n’est pas venu lui rendre un dernier hommage ? Pourquoi Netanyahou s’est-il contenté d’un communiqué d’une affection plutôt laconique ? J’ignore les véritables raisons, mais ce dont je suis sûr c’est qu’en ces temps difficiles l’humour, la satire, le droit à la polémique, à la critique même corrosive sont des valeurs essentielles que Haim Hefer nous a enseignées et que nos hommes politiques devraient méditer et préserver au-dessus de tout.



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