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Faux témoignage sur faux témoignage
Par Ilan Tsadik © Metula News Agency
Article mis en ligne le 14 décembre 2004

Dans la déclaration qu’il a faite à Télérama - voir l’article de Nicolas Delesalle in Télérama n°2863 du 19 novembre 2004 - Charles Enderlin affirme l’énormité suivante : Talal Abou Rahma (le seul témoin de l’«  »« assassinat »«  »« de Mohamed A-Dura) »a donné des dizaines d’interviews, à beaucoup de médias, y compris des chaînes israéliennes, et la seule dont parle la Ména, c’est celle donnée à une ONG non reconnue par l’ONU, qui lui fait tenir des propos qu’il n’a pas tenus« . Pour ponctuer cette assertion, pour le moins tranchée, le subjectiviste Delesalle croit bon de préciser qu’Enderlin »s’énerve" en énonçant cette mise au point.

Replacée dans le contexte du brûlot téléramien de l’auteur de cette crapulerie, qui y considère - entre autre - notre agence de presse comme étant « le versant honorable de l’intégrisme juif », cela signifierait que les choses décrites par Enderlin sont si évidentes qu’elles justifient l’emportement du correspondant de France 2, dont l’intégrité est adulée par la quasi-totalité des médias tricolores.

La colère n’étant toujours pas gage de probité, même lorsqu’elle fait partie d’une entreprise de lynchage communautariste des renforts de la garde médiatique française, il nous a semblé indispensable de passer à la loupe factuelle cette nouvelle contrevérité monumentale du co-auteur de la mise en scène de Nétzarim. Pour ce faire, notre rédacteur en chef a procédé à l’interview du responsable de l’ONG incriminée par Enderlin, j’ai nommée l’avocat palestinien de Gaza Maître Raji Surani. L’ONG en question étant le Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme, autrement dit, en anglais, le [(PCHR]->http://www.pchrgaza.org/about_pchr.htm]. Il s’agissait pour nous de vérifier les affirmations suivantes :

1. Le témoignage consenti le 3 octobre 2000 (3 jours après les événements) par Talal Hassan Abou Rahma au PCHR est-il une interview ?

2. Le PCHR est-il une organisation reconnue par les instances de l’Organisation des Nations Unies ?

3. Maître Surani a-t-il transcrit des propos qui n’auraient pas été tenus par Monsieur Abou Rahma ?

A ces questions, la Ména a tenu à ajouter d’autres interrogations, à même d’aider le lecteur à se faire une idée du rôle rempli par Maître Surani et le PCHR au sein de la société palestinienne.

Mais au fond et pour comprendre l’instrumentalité de l’imputation de Charles Enderlin, avant même que de rapporter les réponses de l’avoué de Gaza, il faut replacer le texte produit par le PCHR dans la compréhension de la Controverse de Nétzarim : Dans la déposition sous serment [accéder à la déposition effectuée par Talal Abou Rahma dans le bureau de Maître Surani - dans laquelle le caméraman de France 2 affirme avoir reçu le libre choix de ses déclarations ainsi qu’avoir été dûment averti des conséquences légales d’une déclaration mensongère - Abou Rahma décrit précisément l’assassinat de Mohamed par l’armée israélienne. Le point le plus important, pour élucider la controverse et partant, l’obstruction faite par France 2 à la révélation de la vérité, réside en ce qu’Abou Rahma déclare que l’incident, soit le mitraillage de l’enfant par les soldats de Tsahal et son assassinat, a duré 45 minutes et qu’il en a filmé approximativement 27 minutes.

Entendons bien, il ne s’agit pas, comme Arlette Chabot tente grossièrement d’en accréditer l’idée, de 27 minutes parmi lesquelles se trouveraient les images hyper connues, déjà diffusées par Fr2 pour leur quasi-totalité, de Jamal A-Dura et de l’enfant «  »« ployant sous les balles israéliennes »«  ». Soit un peu moins d’une minute de film. Que nenni, Chabot ! Vous détiendriez, à suivre la déposition d’Abou Rahma, 27 minutes de film, toutes montrant le mitraillage des deux civils par les soldats, le moment de la blessure du père et celui de la mort de l’enfant. Le fait que vous jugiez « très satisfaisantes » les 27 minutes de rushes en votre possession, ne fait qu’ajouter encore au mépris dans lequel vous tenez vos téléspectateurs ; la question n’étant assurément pas, pour eux, de connaître de ce qui produit sur votre personne de la satisfaction mais seulement de savoir

  • a) Si les images en possession de France 2 contiennent les 27 minutes de l’incident ?
  • b) Si ces images correspondent à la déposition de votre unique témoin ?
  • Et c) Puisque, depuis le visionnage des 27 minutes par Rosenzweig, Jeambar et Leconte, les téléspectateurs peuvent savoir, par les comptes-rendus de la Ména, que France 2 a diffusé, dans le monde entier, un reportage aux conséquences cataclysmiques réalisé entièrement par l’auteur d’un faux témoignage, comment se fait-il que votre chaîne ait choisi de cacher à ses téléspectateurs cette contradiction, durant une période de plus de quatre ans ? Que cet acte se situe en contravention hénaurme (c’est cela qui est hénaurme, mon petit Schneidermann !) avec votre charte éthique. Qu’une fois le pot aux roses découvert, au lieu de faire amende honorable, de révéler incessamment toute la vérité, de prendre immédiatement les dispositions nécessaires afin que pareille violation ne puisse plus se reproduire sur un média d’Etat, que les fauteurs de guerre soient punis, voire présentés à la justice par France 2 elle-même, la chaîne publique a choisi, au contraire, de prendre la tête d’une campagne injurieuse et diffamatrice contre les authentiques journalistes d’investigation que nous sommes, de se livrer à des opérations d’attifement délirant des faits et de protéger les auteurs du plus grand crime audiovisuel de l’histoire.

Voici donc pourquoi, si le récipiendaire du témoignage de Talal Abou Rahma, Maître Surani, pouvait être stigmatisé, si on pouvait en faire un ignoble charlatan, un pseudo avocat, tout comme nous sommes soudain devenus une pseudo agence de presse, cela arrangerait bien les dizaines de personnes mises en cause dans cette tragédie. Et tant pis s’il faut maintenant diffamer - car c’est effectivement de diffamation caractérisée qu’il s’agit - un très honorable avocat palestinien, en fait, l’une des personnes les plus respectables du Proche-Orient et surtout des plus utiles à l’établissement d’un Etat palestinien muni des institution démocratiques qui lui sont nécessaires. La raison d’Etat française, dans la Controverse de Netzarim, semble prête au sacrifice de Maître Raji Surani. C’est à cela, en tout cas, que s’est employé Enderlin dans Télérama et Delesalle, qui a répercuté cette tentative, sans, une fois de plus, prendre la peine, tel un véritable journaliste, de vérifier les faits.

Reste que Surani ne sera pas facile non plus à « satyriser »… Il est en tout cas aussi coriace que la Ména, pour la plus grande malchance des néo-maurrassiens. Stéphane Juffa a ainsi lu à Raji Surani la traduction littérale en anglais de la déclaration d’Enderlin sur Télérama.

Stéphane Juffa Vous avez interviewé M. Talal Abou Rahma ? Pourtant, ce qui est publié sur votre site possède les apparences d’une déclaration faite sous serment dans votre bureau ?

Raji Surani Que devrais-je clarifier ? Vous parlez à un avocat et l’avocat en question a reçu une déclaration effectuée sous serment, comme il en recueille tous les jours et il l’a publiée. C’est tout (en français, Ndlr.)

Cela ne nécessite aucun commentaire de ma part.

Stéphane Juffa La signature de M. Abou Rahma n’apparaît pas sur le fac-simile de sa déclaration publiée sur le site du PCHR. La déclaration originale est-elle signée par M. Abou Rahma ?

Raji Surani Yeeees ! (Maître Surani nous a convié à consulter tous les originaux, les documents, les enregistrements et les enregistrements vidéo relatifs à cette déposition, Ndlr.)

Stéphane Juffa Cela n’avait donc rien à voir avec une interview ?

Raji Surani Je ne permets à personne de mettre en doute ma crédibilité d’avocat ou celle du Centre en dehors d’un tribunal.

Poursuivant, ironique, sur les accréditations du PCHR, mises en doute par Charles Enderlin : Nous faisons ce travail année après année et je pense que nous ne jouissons d’aucune crédibilité. Nous ne disposons pas d’un statut spécial de consultants auprès de l’ECOSOC (le Conseil ECOnomique et SOCial de l’Organisation des Nations Unies, Ndlr). Nous ne sommes pas membres et moi, vice-président de la FIDH (la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme, Ndlr.) et je ne suis pas commissaire à l’ICJ (la Commission Internationale des Juristes, Ndlr.)

Je crois que… que cela se passe de tout autre commentaire. Je suis un professionnel qui fait son travail de manière professionnelle. Et j’ai toujours confiance en ce que je fais.



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