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La manœuvre de Bachar al-Assad
par le Professeur David Ruzié *
Article mis en ligne le 25 novembre 2004
dernière modification le 27 novembre 2004

Mercredi 24 novembre 2004, le Service d’information des Nations Unies a diffusé un communiqué au titre « accrocheur » : « Main tendue du président syrien à Israël, selon l’envoyé de l’ONU pour le Moyen-Orient »

Bien évidemment les médias se sont jetés sur cette pâture.

Il faut reconnaître que M. Terje Roed-Larsen, représentant spécial de Kofi Annan a indiqué que « le Chef de l’Etat syrien avait tendu la main à Israël et s’était déclaré prêt à négocier sans conditions, sur la base des résolutions du Conseil de sécurité et du principe de la terre contre la paix.

Quelle belle âme ce Bachar al-Assad !

On s’étonnera que le président Katsav s’est déjà prononcé, semble-t-il, en faveur d’une réponse positive., alors que d’autres hommes politiques israéliens, plus prudents, ont, à juste titre, souligné que, pendant le même temps, la Syrie laisse agir librement le Hezbollah, sur le territoire libanais, pourtant contrôlé par elle.

C’est donc, d’un côté, une offre de négociations et de l’autre Katiouchas et autre drone lancés en direction du territoire israélien, par le Hezbollah.

Cela fait immanquablement penser à Yasser Arafat qui, du haut de la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, il y a un certain nombre d’années, agitait d’une main un rameau d’olivier, cependant qu’il avait, d’autre part,, un revolver, à la ceinture ….

Il ne nous appartient pas de prendre position sur la question politique de l’avenir du plateau du Golan.

Car juridiquement, à l’heure actuelle, Israël ne nous paraît pas en mesure de justifier, une éventuelle souveraineté sur le Golan.

La loi israélienne du 14 décembre 1981 nous paraît n’avoir fait que placer les hauteurs du Golan « sous la loi, la juridiction et l’administration de l’Etat » (d’Israël).

Cette situation nous paraît fondamentalement différente de celle de Jérusalem, qui, effectivement, a été annexée à Israël.

Nous en voulons pour preuve que l’idée d’un retour partiel ou total du plateau à la Syrie a, parfois, été évoquée par certains dirigeants israéliens.

Mais, incontestablement, encore plus que le danger en provenance du sud-Liban, laissé à l’abandon par les autorités légitimes libanaises, Israël pourrait être menacé (comme il l’a été avant 1967) depuis les hauteurs du Golan, qui surplombent la Galilée.

Israël est donc en droit d’exiger des garanties pour sa sécurité.

La première garantie résulterait, d’ailleurs, de la reconnaissance - jusqu’à présent toujours refusée par la famille al-Assad (père et fils) - de l’Etat d’Israël.

Bachar al-Assad ne manque pas d’aplomb lorsqu’il propose de négocier sur la base des résolutions du Conseil de sécurité qui, malheureusement, avec la duplicité de la France, s’est toujours fondé sur le texte (traduit de la version originale en anglais) de la résolution 242 de 1967, qui évoque l’évacuation par Israël « des » territoires et non « de » territoires.

Par ailleurs, comme chacun le sait, entre 1948 et 1967, alors qu’il n’y avait aucun territoire disputé (administré ou occupé) Israël était loin de vivre en paix.

Aussi, le slogan « la terre contre la paix » nous paraît être un leurre que les responsables de l’ONU se sont empressés de reprendre à leur compte.

Dans certains milieux, on n’a pas manqué de relier la dernière « offre » de Bachar al-Assad à la crainte (légitime) qu’il pourrait éprouver (comme l’Iran d’ailleurs) de voir, un jour prochain, les Etats-Unis - malgré les protestations prévisibles du président Jacques Chirac - se retourner contre la Syrie, pour faire cesser le danger de déstabilisation que joue son pays dans la région.

En revanche - et ce sera notre conclusion - on s’étonnera que personne - jusqu’à présent - n’a relevé que Bachar al-Assad cherche, surtout, à faire oublier à l’ONU qu’il n’a toujours pas exécuté la résolution 1559 du Conseil de sécurité qui, sans citer nommément, il est vrai, les troupes syriennes, demande le départ de toutes les troupes étrangères du Liban (v. notre point de vue du 5 septembre dernier).

Or il n’y plus que des troupes syriennes au Liban, depuis le retrait israélien au printemps 2000.


  • David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international


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