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Halte au Révisionnisme
par le Professeur David Ruzié *
Article mis en ligne le 19 novembre 2004
dernière modification le 22 novembre 2004

Dans le sillage de la mort de Yasser Arafat, on assiste, incontestablement, à une réécriture inquiétante de l’histoire

Passons sur l’aura imméritée que lui ont accordée, post mortem, certains chefs d’Etat, tel Jacques Chirac, voire de l’invention de son lieu de naissance à Jérusalem.

Aujourd’hui, il y a plus grave.

Dans la dernière livraison du newsmagazine Le Point de cette semaine (n°1679), on trouve, en page 55, une interview que nous nous permettons de qualifier d’ahurissante, voire d’hallucinante, d’Henry Laurens, professeur au Collège de France (chaire d’histoire contemporaine du monde arabe).

Dans un encadré intitulé : « Comment est né le mouvement national palestinien », cet auteur, dont nous avouons n’avoir pas lu les deux tomes qu’il a consacrés, chez Fayard, à « La question de Palestine » nous « apprend » que la « revendication nationale palestinienne » est « pratiquement quasicontemporaine du sionisme, dans la mesure où les premiers mouvements datent du début du XXème siècle ».

Au même titre que certains « historiens » israéliens réécrivent l’histoire de la création de l’Etat d’Israël, voilà un universitaire, dont les qualités de sérieux lui ont ouvert les portes de l’éminente institution du Collège de France, qui nous dit que « dès le commencement du mandat britannique, dans les années 1919-1920, des partis arabes sont apparus avec une hostilité fondamentale au sionisme ».

Cette constatation est exacte, à condition qu’on la replace dans le contexte de l’attitude antisémite de certains habitants du territoire sous mandat, qui vont se livrer, à différentes reprises, durant l’entre-deux guerres, à des massacres d’habitants juifs.

L’idée de la création d’un Etat palestinien, concomitamment avec le projet sioniste, lancé à la fin du XIXème siècle est d’autant plus absurde que le « rêve » d’un Etat juif pouvait, lui, se rattacher à l’histoire du peuple juif, qui avait eu son Etat, près de trois millénaires auparavant.

Or, ce n’était pas le cas des musulmans vivant dans des territoires relevant de l’empire ottoman.

On s’étonne que, même dans le cadre limité d’une interview, un auteur sérieux ait pu ignorer qu’il n’y a jamais eu de peuple « palestinien », avant l’établissement du mandat, pour la simple et bonne raison que ce que la Société des Nations décida d’appeler la Palestine (pour reprendre une expression ayant eu cours à l’époque….romaine) ne constituait pas une entité juridique unique.

De fait l’autorité de l’empire ottoman s’exerçait sur le sandjak de Jérusalem et sur les willayets de Beyrouth et de Damas, qui englobaient à la fois ce qui allait donner naissance, dans le cadre du marchandage franco-britannique, d’une part au Liban et à la Syrie et des portions de territoire, qui allaient constituer, d’autre part, la « Palestine » (avant son partage effectué par la Grande-Bretagne).

Les quelques dizaines de milliers de juifs qui vivaient, dans ces territoires étaient certes largement minoritaires par rapport à la population musulmane, qui au 1er recensement effectué en 1922, se situait autour de 300 000.

Mais, du moins avaient-ils conscience d’un certain particularisme (historique, culturel, religieux) par rapport à la population environnante que rien ne distinguait des habitants d’autres territoires du Moyen Orient, relevant de l’empire ottoman.

Comment un professeur au Collège de France peut-il ignorer l’incidence de l’afflux d’une population arabe, en provenance notamment de Syrie et d’Arabie, qui contribua à gonfler la population musulmane de la Palestine, de 1922 à 1948, cependant que la puissance mandataire multipliait les verrous à l’immigration juive ?.

Le soutien apporté à Hitler par le grand mufti de Jérusalem n’était pas dicté par son désir de voir se créer un Etat arabe supplémentaire dans la région, mais simplement par sa haine des Juifs.

Même en 1947, le rejet du plan de partage de la Palestine fut dicté par le refus de la majorité musulmane, soutenue, par les Etats arabes de la régions, de voir se constituer un Etat juif.

Et il fallut attendre 1964, seulement, pour que se constitue effectivement une « Organisation de libération de la Palestine ».

Mais surtout, à aucun moment, entre 1948 et 1967 ne s’esquissa un mouvement populaire en vue de constituer un Etat palestinien dans les territoires relevant de l’Egypte (Bande de Gaza) et de la Jordanie (Cisjordanie).

On savait déjà que la notion de « peuple palestinien » était une création auto-proclamée récente, en quelque sorte une « génération spontanée ».

Voilà que maintenant avec la caution du Collège de France, il en est de même du mouvement national palestinien « quasi contemporain du sionisme ».

Mais n’est-ce pas Yasser Arafat qui avait, déjà, fait de Jésus un palestinien ?

« Ils sont devenus fous ! »…..


David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international



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