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Les ennuis du Hezbollah qui reste « le groupe terroriste le mieux armé au monde » soutenu par la Syrie d’Assad et l’Iran et ses possibles répercussions
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 25 juillet 2011

Bruce Riedel, un ancien de la CIA, spécialiste du terrorisme, se livre dans The Daily Beast à une analyse détaillée de l’état actuel d’un Hezbollah chiite, mouvement terroriste surarmé, qui s’est emparé du Liban, mais est dans le collimateur du Tribunal spécial pour le Liban des Nations unies et risque fort de perdre la soutien de la Syrie si le dictateur Bashar el-Assad tombe...Mais il ne pose pas la question de savoir ce qu’un Hezbollah acculé pourrait faire pour s’en sortir. Or, attaquer « l’ennemi » israélien pourrait le remettre en selle, ne serait-ce que temporairement...

Hezbollah : historique et état des lieux en juillet 2011

Ancien de la CIA et expert en matière de terrorisme, version jihad, expert sur l’Afghanistan et le Pakistan ou Al-Quaida, consulté par le Président Obama, Bruce Riedel dresse dans The Daily Beast un incontournable état des lieux du Hezbollah, groupe terroriste chiite, soutenu à la fois par la Syrie et l’Iran, qui vient d’imposer au Liban un Premier ministre à sa botte, Najib Mikati et qui, « de fait domine le gouvernement » du Pays du Cèdre.

Il rappelle la genèse de ce mouvement, « Parti de Dieu, créé en 1982 par des agents des services de renseignement syriens et iraniens dans la foulée d’une des invasions d’Israël au Liban. » Et il souligne que celui-ci « a rapidement obtenu le soutien de la communauté chiite, une communauté en colère et opprimée qui avait été tout en bas du système politique et économique archaïque du Liban depuis des décennies. » Cette colère est d’ailleurs évidente lorsque l’on regarde les photos de manifestations de ce mouvement terroriste.

Un soutien apporté d’autant plus aisément, d’ailleurs, il faut le souligner, que le Hezbollah a mis en place tout un réseau d’aide sociale, comme le fit le Hamas dans la Bande de Gaza. Grâce surtout à des fonds iraniens.

Bruce Riedel rappelle les temps forts du curriculum sanglant du mouvement : « des bombes humaines du Hezbollah ont fait exploser les quartiers généraux des Marines américains et des Parachutistes français en octobre 1983, chassant l’Amérique et l’Europe du Liban. Puis ils menèrent une guerre longue et difficile contre Israël jusqu’à ce qu’il parte aussi en 2.000, ayant subi une défaite. Une autre guerre sanglante avec Israël s’est terminée il y a tout juste 5 ans par une impasse. Et pendant tout ce temps le Hezbollah a pris des dizaines d’étrangers en otage, assassiné un chef de station de la CIA, détourné des avions et fait exploser des cibles israéliennes dans des pays aussi éloignés que l’Argentine. »

Une liste non exhaustive, ce qui est la règle du genre, mais il faut ajouter une cible juive en Argentine puisque le Hezbollah est fortement soupçonné d’avoir fait exploser l’AMIA, un Centre culturel juif de Buenos Aires en Argentine en 1994, faisant 85 victimes... Cette composante purement antisémite faisant partie de l’idéologie d’un Hezbollah formé à la base par les Gardiens de la Révolution iraniens et on connaît les positions antisémites iraniennes actuelles....

Bruce Riedel détaille l’arsenal aux mains du Hezbollah. « un arsenal de milliers de roquettes et de missiles dirigés contre Israël. Ses dirigeants affirment qu’ils peuvent toucher n’importe quelle ville en Israël et même le port d’Eilat d’Eilat sur la Mer Rouge. Il peut atteindre sans aucun doute Tel Aviv et Haifa, les deux grandes villes israéliennes sur la Méditerranée. »

Un arsenal accumulé en violation des résolutions de l’ONU, passé sous silence par UE et Quai d’Orsay qui n’hésitent pas à tancer l’État hébreu

Ce qu’il ne dit pas, c’est que cet armement a été accumulé en violation flagrante de plusieurs résolutions de l’ONU, notamment la dernière en date, la 1701, qui mettait un terme à la guerre entre le Hezbollah et Israël et interdisait qu’il y ait des armes entre la rivière Litani et la frontière sud du Liban, ou plutôt la « Ligne Bleue » reconnue par l’ONU entre les deux pays. Elle interdisait aussi que les milices libanaises soient armées, ce qui est resté lettre morte.

Sur le site du ministère des Affaires étrangères français on cherchera en vain une condamnation de ces violations pourtant graves et porteuses d’un grand danger – pointer des milliers de roquettes sur un État voisin n’augure pas bien de l’avenir....-. Sur ce site la France se contente de reconnaître la nomination du Premier ministre actuel, souhaitant, d’une part, que le Liban garde son indépendance et ses acquis et que, d’autre part, qu’il respecte ses engagements vis-à-vis du Tribunal Spécial pour le Liban – ce à quoi se refuse bien évidemment le Hezbollah mis en cause dans l’assassinat de Rafik Hariri - Sur le site du ministère on trouve une déclaration de Catherine Ashton pour l’UE datant de juillet dans lequel elle se félicite de l’approfondissement des relations entre l’Union et le Liban, réitère le désir de voir aboutir les inculpations du Tribunal Spécial. Mais des violations de la résolution 1701, du réarmement du Hezbollah, rien n’est dit...

Un silence d’autant plus surprenant qu’Union Européenne et France ne se gênent pas pour tancer Israël, lui intimer l’ordre d’accepter des « frontières de 67 » qui n’ont jamais existé, allant jusqu’à ne pas reconnaître le caractère juif de l’État hébreu, comme vient de le faire Alain Juppé...

Le Hezbollah face au Tribunal Spécial de l’ONU

Pour revenir à l’analyse de Bruce Riedel, il constate qu’aujourd’hui, en dépit de sa main mise sur le Liban, le Hezbollah doit et devra faire face à des difficultés de taille. En effet, le Tribunal Spécial de l’ONU a lancé quatre mandats d’arrêt contre des membres du Hezbollah motivés par leur inculpation dans l’assassinat de Rafik Hariri en 2005. Il y a en tête de liste «  Mustafa Badreddine, l’un des terroristes les plus tristement célèbres au monde....qui avec son cousin et beau-frère Imad Mughniyah, mort en 2008 à Damas dans une voiture piégée, a planifié et exécuté les attaques contre les Marines et les Parachutistes en 1983, » entre autres attentats à la bombe.

Bien évidemment, « le dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, accuse le Tribunal des Nations unies d’être une conspiration américano-israélienne contre le Liban. Le Hezbollah a dit clairement qu’il ne coopérera pas et empêchera le gouvernement libanais de le faire. » Bruce Riedel rappelle que si ces quatre inculpés ne sont pas arrêtés avant fin juillet ils seront jugés par contumace.

Et si Bashar el-Assad tombe, laissant la place à un gouvernement sunnite, voire tendance Frères musulmans, quid du Hezbollah ? Et quid de l’aveuglement de la France ?

Mais ce qui sera plus difficile encore à gérer pour le Hezbollah, estime l’analyste, c’est « la révolution, d’à côté, en Syrie. » Car « le régime syrien du Président Bashar el-Assad a des ennuis graves, probablement mortels. Quatre mois de manifestations ont isolé le régime d’Assad et fait des ravages dans l’économie du pays. Et en dépit d’une répression violente les protestations se font de plus en plus importantes. Avec le mois saint musulman du Ramadan en août, l’agitation ira sans doute croissant. »

L’analyste rappelle le rôle joué par les Assad, père et fils, le premier ayant créé le Hezbollah, le second l’ayant conforté, et conclut : « sans l’aide de la Syrie, ce groupe ne serait jamais devenu le monstre qu’il est aujourd’hui. » Et, en dépit de leurs divergences, le Hezbollah n’aurait pu survivre sans ce soutien syrien.

Un élément central qui rendait à la fois absurde et irresponsable le Rapport parlementaire concocté sous la présidence d’Élisabeth Guigou en 2009 Si un certain blocage y est évoqué à propos des relations de la Syrie avec la communauté internationale il est imputé surtout au « conflit israélo-palestinien »... Et si «  l’ascendant de Damas sur le Hezbollah » est évoqué, ainsi que « la contrebande d’armes, laquelle constitue un problème extrêmement sensible » - mais peut-on simplement parler de contrebande dès lors que les armes entrent par tonnes - cela serait dû au fait qu’il n’y a pas de « résolution des litiges frontaliers. » Or, selon ce Rapport : « parmi les zones litigieuses dans la délimitation de la frontière figure celle de Chebaa, qui constitue un abcès de fixation. Syriens et Libanais estiment que ce petit territoire est libanais tandis qu’Israël considère qu’il fait partie du Golan syrien et l’occupe à ce titre depuis 1967. C’est officiellement l’occupation israélienne de cette minuscule portion de territoire qui justifie la résistance conduite par le Hezbollah. Aussi, si Damas reconnaissait officiellement sa « libanité », il se priverait dans ses discussions avec Israël à la fois du levier que constitue l’action du Hezbollah et d’un outil de pression en vue de récupérer son propre territoire occupé, le plateau du Golan (voir infra). C’est pourquoi la Syrie a affirmé que l’occupation de Chebaa empêchait toute délimitation de la partie sud de la frontière. »
Autrement dit, si Israël se retirait du « Golan occupé »,les ruines des fermes de Cheeba y compris, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes et le Hezbollah disparaîtrait...On sait que dans une conférence de presse Élisabeth Guigou avait déclaré que le Président Sarkozy avait très bien accueilli ce Rapport. Guère étonnant dès lors qu’ayant une vision très partielle des réalités de la région données par ses divers conseillers et conseillères il ait pu déclarer lors du dernier dîner du CRIF que « le conflit israélo-palestinien est «  le terreau du terrorisme, » menaçant en cela toutes les démocraties et, se prononçant alors pour « la reprise des discussions entre Israël et la Syrie, il préconisait « et quelle transformation stratégique pour Israël si une normalisation accompagnait une restitution du Golan  ! Elle conduirait à un changement radical de la situation des mouvements qui chaque jour, depuis le Liban ou depuis Gaza, menacent Israël  ! » Ce qui en laissa plus d’un dans l’assistance sans voix...

Et l’avenir avec un Hezbollah soutenu par l’Iran, ayant la main mise sur le Liban ? Quid d’Israël sur fond de vote onusien d’une demande de création d’État palestinien ?

Bruce Riedel envisage ce que pourra être l’avenir, compte tenu de la situation actuelle : « pire encore, le prochain gouvernement syrien sera vraisemblablement dominé par la majorité sunnite du pays, pas la minorité alaouite à laquelle appartiennent les Assad. Un régime syrien sunnite, surtout s’il est fortement influencé par les Frères musulmans, sera un ennemi féroce du Hezbollah chiite, surtout après que celui-ci ait été désigné comme assassin du très populaire ancien Premier ministre Hariri. L’Iran et le Hezbollah perdront leur allié le plus important dans le monde arabe.

Le Hezbollah dominera toujours le Liban et aura toujours son bienfaiteur iranien. Il restera le groupe terroriste le mieux armé au monde. Mais il devra faire face à un isolement international, un processus judiciaire conduit par l’ONU et un voisin hostile. Le Hezbollah sait très bien à quel point il est facile de déstabiliser le Liban depuis une base en Syrie. Il sera peut-être bientôt en butte au processus même qui a assuré son triomphe. »

L’analyste fait état de l’armement dirigé vers Israël. Ce que l’on peut craindre, c’est qu’acculé, ce mouvement terroriste qui, comme l’Iran, prône la destruction de « l’entité sioniste » soit tenté de jouer cette carte pour tenter de se sortir de ses difficultés en essayant de faire l’unanimité contre l’État hébreu...

Benyamin Netanyahou et son gouvernement répètent à l’envie et depuis des années que le réel danger actuel c’est l’Iran et son nucléaire.->http://video.foxnews.com/v/95812600...] Un Iran qui englobe bien entendu ses satellites tels que le Hezbollah et le Hamas. Ou qui pourrait englober l’Égypte si celle-ci se rapproche de Téhéran

Pourtant l’Union européenne et certains pays comme la France restent partiellement sourds et aveugles à ces mises en garde, ne prenant pas la mesure du danger iranien, mais s’agitant, en revanche, pour forcer la main au gouvernement israélien et tenter de lui faire accepter des frontières indéfendables, allant jusqu’à se joindre ou menacer de se joindre aux pays qui soutiendront la demande de création d’un État palestinien qui sera présentée en septembre à l’ONU. Ce qui, bien évidemment, si un tel vote intervient, en même temps que se tiendra la farce tragi-comique anti-israélienne et antisémite de Durban III, à laquelle ne participerint pas un certain nombre de pays dont le Canada et les États-Unis, risque fort de mettre le feu aux poudres.

Gageons que si un tel vote intervient le Hezbollah ou le Hamas ne resteront pas les bras croisés...



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