Entre cette nuit et le commencement de shabbat, demain soir, doivent atterrir à l’aéroport Ben Gourion près de 22 000 passagers qui seront contrôlés par 750 policiers et fonctionnaires du ministère de l’Intérieur. Ceux-ci, sur la base d’informations préalables, essaieront d’identifier qui, parmi les arrivants, est un touriste et qui est un militant pro-palestinien venu pour participer à l’opération « Bienvenue en Palestine ».

Selon les informations de la police, entre cinq cents et mille militants devraient embarquer à bord de dizaines de vols en provenance d’Europe, des Etats-Unis et du Canada, pour participer aux manifestations à Sheikh Jarrah et à Bilin. La liste des passagers de ces vols ont d’ores et déjà été transmises à la police pour tenter d’identifier même les moins connus des militants. Selon le commissaire Nissim Mor, chef du département des opérations de la police, « cent cinquante militants ont été désignés comme problématiques et leurs noms ont été communiqués aux compagnies aériennes, pour tenter d’empêcher leur venue ». Dès hier, trois militants ont été arrêtés à l’aéroport et refoulés.

« Selon nos estimations, les militants voudront faire de la provocation et rechercheront la confrontation. Leurs armes ce sont les caméras et les téléphones portables et le but de l’événement est essentiellement de porter atteinte à l’image et à la légitimité d’Israël », ont affirmé hier des responsables de la police. Les militants qui déclareront vouloir participer à des manifestations contre Israël ou qui troubleront l’ordre à l’aéroport ne seront pas autorisés à entrer en Israël et seront renvoyés dans leurs pays d’origine.

Au sein de la classe politique, des critiques se sont fait entendre quant à l’hystérie et la panique qui transparaît dans l’attitude d’Israël. De hauts responsables affirment que, même s’il est nécessaire d’être prêt à tous les scénarios, on ne peut ignorer le déficit d’image que cause la présence de centaines de policiers à l’aéroport. Selon eux, Israël apparaît comme un Etat policier qui se prépare à faire face à une menace existentielle alors qu’en réalité il ne s’agit que de quelques centaines de militants de gauche qui auront subi des contrôles de sécurité au départ et ne seront donc pas armés. « Contrairement à la manière élégante dont on s’est occupé de la flottille, en agissant en coulisses, Israël agit ici de manière grossière et donne l’image d’une république bananière. On sait bien que dans les territoires il y a des milliers de militants pro-palestiniens qui entrent en permanence. Quelle différence s’il y a cinq cents militants européens de plus qui brandissent des pancartes « non à l’occupation » à Bilin ? ». Le ministre de la Défense, Ehud Barak, a déclaré à ce sujet : « Il faut ramener les choses à leur juste proportion et je suis sûr que le commandant de la police, Yohanan Danino, et le ministre de la Sécurité intérieure, Yitzhak Aharonovitch, sauront comment agir »