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CIA, les coups de pieds sous la table
Par Laurent Murawiec à Washington © Metula News Agency
Article mis en ligne le 27 octobre 2004

Il était une fois un responsable important de la CIA répondant au nom de Paul Pillar. En 1983, il avait écrit un livre intitulé Negotiating Peace (Négocier la paix) qui était aussi accommodant envers l’Union soviétique que Neville Chamberlain naguère à l’égard de Hitler.

Evidemment, il avait en horreur ce s… de Reagan, qui n’en croyait pas un mot, et menait sa croisade contre l’Empire du Mal. Une croisade ? Encore un de ces « effets pervers du suffrage universel », qui empêche les experts de mener le monde à leur façon. Même le patron du Pillar en question, Bill Casey, vieil ami de Reagan, menait à la schlague une CIA qui déjà se préoccupait plus de finasseries diplomatiques que de combattre le communisme.

Au cours de la Guerre d’Afghanistan, la première, le même Pillar - « pilier » en anglais - il y a de ces ironies - adorait l’un des chefs des moudjahiddines afghans. Pas Massoud, pas du tout, mais Gulbuddin Hekmatyar, islamo fasciste, occidentalophobe maladif, américanophobe haineux, qui ne se battait pas contre l’Armée rouge, mais contre les autres combattants afghans. Hekmatyar avait le soutien du renseignement militaire pakistanais, l’Inter-Service Intelligence (ISI), lui même gangrené jusqu’à la moelle par les Wahhabites et les fondamentalistes, créateur, en fait, des Talibans. Contrairement à ce que racontent les pseudo historiens de la guerre, du genre de ceux qui fleurissent à RFI, ce sont les Pakistanais et les Saoudiens, et non les Américains, qui avaient mis le pied à l’étrier de bin Laden - et de Hekmatyar -. Ce dernier, furieux de n’avoir pas pu prendre le pouvoir après le départ des Soviétiques, avait bombardé Kaboul avec acharnement. La guerre civile, qu’il avait causée, avait finalement permis aux Talibans de prendre le pouvoir.

Voilà donc le bilan de l’action de Paul Pillar, de la CIA. Tout récemment, il s’est signalé à l’attention des medias américaines : au cours d’une conférence off the record, mais où il était recommandé de prendre des notes, Pillar passa à la presse washingtonienne des extraits sélectionnés - et hyper classifiés - d’un National Intelligence Estimate, document qui rassemble et synthétise l’ensemble des analyses de la communauté du renseignement américaine sur un sujet donné. Non seulement la « fuite » était-elle criminelle et justiciable d’exemplaires sanctions, mais plus encore s’agissait-il du NIE (bulletin) consacré à l’Irak, et d’extraits biens choisis pour en donner une vision lugubre et pessimiste, exploitable à fond par la campagne de Kerry.

Si outrée et monstrueuse était la trahison d’un fonctionnaire envers le gouvernement qu’il est censé servir, que l’on commença à parler d’ « insurrection de la CIA contre Bush », pour reprendre les mots du journaliste Robert Novak, lequel se situe pourtant, sur l’échiquier washingtonien, du côté des « colombes » républicaines. C’est que la guerre a vraiment été déclarée contre Bush par cette CIA de gauche, kerryste, partisane du statu quo à tout prix au Moyen-Orient, indignée que le Président s’éloigne de l’arabophilie et de l’islamophilie déchaînées qui règnent à Langley, siège de la Centrale, comme au département d’Etat, chef-lieu de la mollesse aristo défaitiste. Les deux institutions s’accordent parfaitement : la cause de tout le mal, bin Laden y compris, c’est Sharon, c’est Israël, ce sont les Juifs. Les uns, les autres et les journalistes bénéficiaires des fuites n’arrêtent pas de crier haro sur les Néo-Conservateurs, accusés de tous les maux, y compris du Grand Complot pro israélien qu’aura été l’invasion de l’Irak - suivez mon regard -.

Le lecteur se souviendra peut-être d’un « scandale », triste « affaire » washingtonienne, qui avait éclaté pendant l’été : la presse - pas la justice, la presse - rapportait qu’un analyste du Pentagone, spécialisé dans les affaires iraniennes, était soupçonné d’espionnage au profit d’Israël. Quel effroyable crime avait commis ce Mata Hari du Potomac ? Il avait - disait la presse - transmis à un diplomate israélien le brouillon d’une directive présidentielle sur la politique iranienne. On nageait dans le grotesque - ce qui n’empêcha pas la presse gauchiste et la presse d’extrême droite, en accord parfait, en synchrone et touchante unanimité, de dénoncer les méfaits des « espions israéliens ». Un certain nombre de collaborateurs du Président, du vice-président et du secrétaire à la Défenseétaient directement menacés, interrogés par le FBI, etc. Evidemment, la Propagandastaffel, je veux parler du Monde et autres organes associés, de reprendre en cœur cette belle affaire.

De quoi s’agissait-il vraiment ? D’éliminer, de discréditer, de paralyser les Néos en questions, alors que d’importantes décisions doivent être prises par l’Administration sur la politique iranienne des Etats-Unis. Depuis, l’affaire est évidemment retombée comme un soufflé privé d’air chaud. Ce qui n’avait aucunement empêché les baudruches de la CIA de souffler dessus à pleins poumons.

Après que le directeur de la CIA George Tenet ait finalement jeté l’éponge - craignant l’avalanche des critiques à son égard, contenues dans les multiples rapports parlementaires et exécutifs tirant les conclusions sur les événements du 11 septembre 2001 - bureaucrate lamentable, patron d’une organisation faillie, et que Bush a remplacé par le député Porter Goss, qui a une longue expérience du renseignement, les bonzes de la CIA ont déterré la hache de guerre. La même équipe séditieuse fait le siège des Démocrates, pour leur apporter plus de « révélations » et de nouveaux « scandales », comme si le gouvernement des Etats-Unis devait servir la CIA et non la CIA le pays et le gouvernement.

Voilà comment se mène la lutte politique à Washington. Derrière les saletés, les coups fourrés, les fuites pourries et les révélations mensongères, qui se sont multipliés comme mouches à merde sur le fumier pendant toute la saison électorale, ce sont les bureaucrates et les idéologues du statu quo moyen-oriental qui essaient de couler Bush et Cheney.



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