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Fracture - Jérôme Clément : Inculture ? Racisme ? Racisme et inculture, ou encore un mal-être difficile à gérer ?
Par Jean Tsadik @ Metula News Agency
Article mis en ligne le 10 octobre 2004
dernière modification le 11 octobre 2004

S’il est encore trop tôt pour juger de toutes les retombées négatives de la double diffusion par Arte du film de Yousry Nasrallah « La porte du soleil », on peut cependant en tirer déjà des conséquences immédiates.

Cet acte audiovisuel a ainsi, dès maintenant, la faculté d’excommunier de l’entente nationale tous les Israélites de France qui refusent de renier leur autre composante nationale. De les placer, les indignes, les méprisables, au ban de la nation et de les soumettre à la vindicte populaire.

Ca n’est pas tant l’émoi provoqué par cette propagation semi-officielle de l’anti-histoire au sein de la communauté juive qui m’amène à cette conclusion ; ni le manque d’égards, fièrement revendiqué par la chaîne et la plupart des médias nationaux envers cette minorité, au nom d’une liberté d’expression au sens manifestement usurpé pour l’occasion. Quoique, pendant que les pouvoirs publics et la presse déférente s’efforcent d’élaguer toutes les indications pouvant potentiellement mettre mal à son aise la communauté arabo-maghrébine, un gouvernement sensible aurait donné suite aux nombreux cris d’alarme émis par les Français juifs dans leur authentique détresse et fait annuler la projection du film. Dans une ambiance aussi pourrie que celle qui prédomine et suite aux centaines d’actes de violence subis par cette population sur meurtrie, ses requêtes pourtant très circonstanciées auraient dû aboutir.

Mais on n’en est plus là. En regardant la situation en face, plus personne ne peut intelligemment verser cet énième acte public de satanisation artificielle d’Israël sur le compte du hasard ou de la maladresse. Cette volonté d’accuser le mouvement national juif de génocide et conséquemment, de parquer ceux qui le soutiennent encore dans une sorte de Drancy moral, se trouve encore renforcée par la réaction écrite du président d’Arte Jérôme Clément à ceux qui demandaient la déprogrammation de « Bab el-Chams » :

« Même si certains passages peuvent êtres violents comme dans la première partie, où le film relate un massacre perpétré contre un village palestinien et décrit le long et douloureux exode du peuple palestinien, ce sont des faits historiques traités avec sobriété et distance. Ces séquences sont incontournables et participent au principe même de l’histoire que nous racontons. Dans toute guerre les exactions existent. »

Clément surenchérit sur l’affirmation du Ministère bleu blanc rouge des Affaires Etrangères et même des déclarations du réalisateur, selon lesquelles le film était une fiction. Ainsi cet Enarque, licencié en Droit, certifié en Lettres et diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris ; Officier de l’Ordre de la Légion d’Honneur, Chevalier de l’Ordre National du Mérite, Commandeur des Arts et Lettres et maître de conférences à l’université de Paris, à l’E.N.A et à Sciences Po, cet apparatchik haut de gamme de l’Etat France, qualifie-il ces Protocoles modernes des Sages de Sion, le massacre d’un village palestinien en Galilée, de « faits historiques ». L’acharnement grossier des auteurs à tirer un parallèle entre Auschwitz et le Kibboutz et entre la Haganah et la Waffen-SS devenant, sous la plume de cet hypernégationniste bardé de médailles, de la « sobriété » et de la « distance ».

« Ces séquences sont incontournables », rétorque encore ce fier faussaire à l’émotion des Juifs. Entendez par là, c’est malheureusement la seule lecture possible, que si Yousry Nasrallah et Arte n’avaient pas montré les tas d’habits arrachés aux morts palestiniens, les uniformes nazis des soldats du Palmach et le tatouage sur l’avant-bras du héros arabe, ils auraient failli à l’Histoire !

Une fiction, sans le moindre fondement, qui plus est, qui fait office de principe de témoignage historique à l’échelle de deux nations européennes au passé antisémite déjà plein, l’Allemagne et la France, le tout justifié par le concept très large d’inévitabilité des exactions lors des guerres, voici qui forment toute la base de l’une des accusations racistes les plus frelatées, les moins documentées contre les péripéties de l’émancipation nationale du peuple juif, depuis la naissance de l’audiovisuel.

On y est donc. Après tant de balbutiements, après avoir fait subir au peuple tricolore le flot quotidien de néologismes anti-israéliens dûment organisé par l’AFP (le prochain ouvrage de la Ména à ce sujet vous fera tomber les braies, je puis vous l’assurer), après avoir maintenu la légende de l’assassinat d’un enfant arabe par Tsahal, au mépris des centaines de preuves que nous avons amassées et dans la transgression de chaque article de la Charte éthique de Fr2, créée par ce pauvre Didier Epelbaum, la France officielle finance et lâche finalement son accusation de crime originel dans l’établissement de l’Etat d’Israël.

Et désormais, les points de vue sont inconciliables, chaque Israélite de France solidaire de l’Etat hébreu, l’immense majorité, étant officiellement devenu depuis mercredi dernier un criminel doublé d’un nazi. Comment vivre dans ces conditions ? Cela me semble ardu, même animé de la meilleure des volontés, même attaché à la tradition française comme personne d’autre, fier d’elle, mais vraiment fier, cette fois, des apports à la République d’André Citroën, de Mendès-France, de Léon Blum, du Maréchal d’empire Masséna et même du village d’irréductibles gaulois fondé par René Goscinny.

Je sais que la diffusion de « La porte du soleil » a replacé des centaines de milliers de Juifs dans un statut de « résidents temporaires », qui recommencent à penser en termes de valises et d’exode. Ce d’autant plus que l’intelligentsia du pouvoir et de la presse fait bloc contre « leur vérité ». Lisez les louanges aussi massives qu’idiotes du film dans les journaux. Dire que des dizaines parmi les rédacteurs responsables des quotidiens français ont passé des mois, voire des années, dans les kibboutzim et qu’ils ne s’étaient pas même rendu compte qu’il s’agissait de camps d’exterminations nationaux-socialistes. Les sots, durant tout ce temps, ils n’ont même pas aperçu le moindre détenu arabe au travail forcé… Pt’ites têtes et grands lâches, va !

Pas de hasard. Pas de « on ne savait pas », cette fois. Regardez plutôt le plébiscite géant pour Alain Ménargues et pour son bouquin, organisé par le Quai sur RFI et d’autres stations étatiques. Certains naïfs étaient persuadés qu’on n’avait pas le droit, ès qualité de chef de l’info sur un média public, de déclarer à la télévision qu’Israël était un Etat raciste. Que ça valait sanctions et même licenciement.

Vous commencez à comprendre ? La haine des juifs en France, aujourd’hui, ça vaut promotion.

Pendant ce temps, pas un article sur aucun média national à propos de l’excellent livre des époux Calvo sur la catégorisation des crimes d’Arafat et les dysfonctionnements de la justice française. Pas un seul, bien que l’ouvrage soit publié chez Albin Michel, qui n’est pas le premier éditeur venu.

Accusés de s’identifier à des nazi et privés d’accès à leurs compatriotes français pour tenter de rétablir la vérité. Ainsi est aujourd’hui la situation peu enviable des Israélites français.

Et pour faire l’économie d’un article de réponse de ma part, que les ramassent-crottes et autres renforts de la garde consultent la rubrique « articles précédents » sur le site officiel de la Ména avant d’en ajouter à leurs contrevérités alimentaires. Ils y découvriront que j’étais farouchement opposé à toute idée de départ des Juifs de France. Mais là, par la volonté d’une clique compacte d’antisémites traditionnels, alliés pour l’occasion aux pires des kapos que le peuple juif ait jamais produit, il va bientôt falloir parler, sans se voiler la face, en termes d’évacuation.



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