La résolution, par laquelle le Conseil se prononce en faveur de la tenue d’élections présidentielles libres de toute interférence étrangère et demande à toutes les forces étrangères de se retirer du Liban, a été adoptée ce soir par neuf voix favorables, six Etats membres s’étant abstenus.
Dans cette résolution 1559, présentée initialement par les Etats-Unis et la France auxquels se sont joints l’Allemagne et le Royaume-Uni, le Conseil « se déclare favorable à ce que les prochaines élections présidentielles au Liban se déroulent selon un processus électoral libre et régulier, conformément à des règles constitutionnelles libanaises élaborées en dehors de toute interférence ou influence étrangère. »
Notant en préambule que « le Liban est déterminé à assurer le retrait de son territoire de toutes les forces non libanaises », il demande instamment, dans le texte adopté aujourd’hui, à « toutes les forces étrangères qui y sont encore de se retirer du Liban sans délai » et demande également que « toutes les milices libanaises et non libanaises soient dissoutes et désarmées. »
Se référant à toutes ses résolutions antérieures, la première datant de 1978, dans lesquelles il « appuie vigoureusement l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance politique du Liban à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues », il prie le Secrétaire général de lui faire rapport dans les 30 jours « sur la manière dont les parties auront mis en œuvre la présente résolution et décide de demeurer activement saisi de la question »
Il demande à toutes les parties concernées « de coopérer avec lui pleinement et sans attendre afin que la présente résolution et toutes les résolutions relatives au rétablissement de l’intégrité territoriale, de la souveraineté pleine et entière et de l’indépendance politique du Liban soient appliquées intégralement. »
La position des deux auteurs initiaux de la résolution, les Etats-Unis et la France, est que c’est sous pression syrienne qu’un amendement constitutionnel est soumis demain vendredi 3 septembre, au Parlement libanais.
Cet amendement permettrait d’étendre de trois ans le mandat de l’actuel président Emile Lahoud, proche de Damas, dont le mandat constitutionnellement limité à six ans, arrive à son terme en novembre 2004.
Le secrétaire général libanais aux Affaires étrangères, Mohammed Issa, avait, en début de séance et préalablement au vote, demandé que le projet soit retiré, arguant du fait que le Conseil se référait à des résolutions antérieures réclamant le rétablissement de la souveraineté du Liban dans un contexte entièrement différent, alors qu’il était attaqué par Israël, que le projet présenté par des pays qui « étaient tous des amis du Liban » concernait une affaire intérieure, que, par ailleurs, la Syrie, également un pays ami, avait aidé à rétablir la stabilité du Liban attaqué puis envahi jusqu’à Beyrouth par Israël.
Les pays qui se sont abstenus, la Chine, l’Algérie, le Pakistan, la Russie, le Brésil et les Philippines, ont expliqué leur position en se référant essentiellement au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat membre ou encore par le fait que le Conseil adoptait une position qui pouvait le faire accuser de pratiquer une politique du « deux poids deux mesures » par rapport à la politique d’occupation israélienne...
« Une rare coopération diplomatique entre Paris et Washington devait conduire à l’adoption d’une résolution appelant la Syrie à se retirer du Liban et à démanteler les milices libanaises et étrangères sur son sol, mais la formulation a du être édulcorée pour obtenir le soutien des membres du Conseil », écrit YNET.
« Les ambassadeurs américain et français à l’ONU, John Danforth et Jean-Marc de La Sablière n’ont cependant pas caché que la résolution visait la Syrie. A l’issue des débats, les deux représentants ont souligné que l’appel concernait directement la Syrie. Ils ont par ailleurs affirmé qu’Israël avait rempli ses engagements en procédant au retrait du Liban sud. »
Pour l’ambassadeur israélien aux Nations unies, Danny Gillerman, « la résolution appelle évidemment au démantèlement des organisations terroristes palestiniennes en Syrie. » « Il s’agit d’un développement très important », a-t-il dit.
« Six mois après avoir siégé au Conseil de sécurité, les Syriens siègent à présent au banc des accusés », a-t-il poursuivi. Interrogé par Ynet, le diplomate israélien a encore estimé que la résolution du Conseil de sécurité était contraignante. « Si la Syrie l’ignorait », a-t-il souligné, « le Conseil pourrait se réunir pour imposer des sanctions à Damas en vertu de l’article 7 ».
C’est la première fois depuis la guerre en Irak que les Etats-Unis et la France présentent une proposition de résolution conjointe. Selon plusieurs sources à Washington, ce sont les Français qui sont à l’initiative de cette démarche diplomatique. Elle aurait même été, toujours selon ces sources, encouragée personnellement par le président français Jacques Chirac, ce dernier étant soucieux de garantir la tenue d’élections libres au Liban.
Les Américains ont quant à eux « pris le train en marche » pour sanctionner la Syrie pou son soutien au terrorisme.