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Moment décisif pour le Soudan
par Caroline B. Glick, Jerusalem Post - Adaptation française de Sentinelle 5771 ©
Article mis en ligne le 12 janvier 2011

Avec l’Occident soutenant ouvertement l’indépendance du Sud Soudan, les conséquences d’une nouvelle guerre ne seront pas limitées au seul Soudan. Dimanche, le Sud Soudan a commencé de voter à un referendum sur la partition avec la République du Soudan et l’établissement de leur nation souveraine. Dans l’ensemble, ils vont rapidement faire sécession avec le pays islamiste, arabe et former un Etat indépendant africain, chrétien et animiste.

Les conséquences de ces actes se répercuteront dans le monde entier.

Le referendum de cette semaine a lieu en accord avec le Traité de Paix Elargi (TPE) négocié par les USA entre le gouvernement de Khartoum et le Mouvement de Libération du Peuple du Soudan, signé le 9 janvier 2005.

Le TPE a officiellement mis fin à la seconde Guerre Civile du Soudan commencée en 1983.

Le referendum au Sud Soudan ne règlera pas la question du contrôle sur tout le Sud Soudan. De nombreux points chauds persistent. Plus importante, la disposition de la ville d’Abyei reste indéterminée. C’est à que Abyei se situe la majorité des réserves de pétrole du Soudan.

Contrairement au reste du Sud, la population d’Abyei est un mélange d’Arabes et d’Africains et ses résidents sont divisés sur la question de la séparation avec Khartoum. S’il y a une guerre après l’indépendance, Abyei en sera probablement la cause.

Les résidents d’Abyei n’étaient pas supposés voter au referendum pour déterminer à qui revient leur ville en même temps que le reste du Sud. Mais attisés par leurs conflits d’intérêts, ils ne purent pas tomber d’accord sur la manière d’organiser le vote, et donc il n’a pas eu lieu.

Le Président soudanais Omar Hassan al Bashir joue un rôle paradoxal dans le referendum du Sud Soudan. Al Bashir a été mis en examen sur des accusations de génocide et de crimes contre l’humanité au Darfour.

La semaine dernière, il a visité la capitale du Sud Soudan Juba et a promis de soutenir les résultats du referendum. Comme il l’a dit : « Je m’apprête à fêter votre décision, même s’il s’agit d’une sécession. Même après la naissance de l’Etat du Sud, le gouvernement de Khartoum est prêt à offrir tout soutien technique ou logistique et de formation et de conseil – nous sommes prêts à aider ».

Mais ensuite, vendredi dernier, des milices pro-Kharthoum ont attaqué des cibles anti-Khartoum à Abyei. Lundi, 23 personnes ont été tuées. Selon les porte-parole militaires du Sud Soudan, des miliciens capturés à Abyei ont déclaré que Khartoum leur en avait donné l’ordre.

Une grande part du discours international sur le Sud Soudan est centrée sur ce que son indépendance signifie pour ses citoyens et pour l’Afrique dans l’ensemble. Cela est raisonnable.

Dans son histoire vieille de 54 ans, le Soudan a souffert de la guerre civile entre le Nord et le Sud pendant 39 ans. Quelques 200.000 Sud Soudanais ont été kidnappés et réduits en esclavage. Deux millions de Soudanais sont morts au cours des guerres. Quatre millions sont devenus des réfugiés.

Mais le fait est qu’avec l’Occident soutenant ouvertement l’indépendance du Sud Soudan, les conséquences d’une nouvelle guerre ne seront pas limitées au Soudan. Il vaut donc la peine d’envisager pourquoi une telle guerre est plus que certaine et ce que l’indépendance du Sud Soudan signifie pour la région et le monde.

Deux raisons essentielles ont incité Bashir à accepter le traité de paix avec le Sud Soudan en 2005. D’abord, ses forces avaient perdu la guerre civile. Le Sud était déjà indépendant dans les faits.

La seconde raison pour laquelle Bashir a accepté l’accord qui confèrerait une indépendance finale au Sud riche en pétrole, c’est qu’il craignait les USA.

En 2004, dirigés par le président d’alors George W. Bush, les USA ont projeté une ombre immense sur le monde. Le renversement éclair par l’armée américaine du régime de Saddam Hussein a effrayé les ennemis des USA et encouragé les alliés des USA. Les révolutions de la vague démocratique en Ukraine, en Géorgie, au Kyrgizstan et au Liban ont toutes été alimentées par la croyance du monde dans la volonté des USA d’utiliser sa puissance pour vaincre ses ennemis.

Le régime de Bashir est étroitement lié à al Qaïda, qu’il a hébergé de 1989 à 1995.

Quand les USA ont exigé qu’il entérine la victoire du Sud, il a probablement pensé qu’il ne pouvait pas refuser.

Aujourd’hui les USA ne sont pas craints ou respectés comme ils l’étaient il y a six ans. Selon un récent article sur le journal en ligne ‘Small Wars’ rédigé par le Lt-Colonel de l’armée américaine Thomas Talley, la perception actuelle de la faiblesse des USA par Bashir rend la guerre inévitable.

Talley avance que sans Abyei, le Sud Soudan sera transformé en un pays en échec, économiquement non viable. Le Sud Soudan, déclare-t-il, est trop faible pour assurer la sécurité d’Abyei contre Khartoum sans une assistance extérieure.

Selon Talley, la détérioration de la perception du pouvoir des USA dans le monde a convaincu Bashir que les USA ne protègeront pas Abyei pour le Sud, et donc son pari est d’envahir la ville ou au moins d’empêcher le Sud d’en prendre le contrôle.

Comme le remarque Talley, pour Bashir, il y a beaucoup plus que le pétrole en jeu. Si Bashir est d’accord pour lâcher le Sud Soudan sans combat, il sera discrédité aussi bien par ses collègues dirigeants arabes et pas ses amis dirigeants islamiques.

Des dirigeants arabes aussi divers que le chef de la Libye Mouammar Khaddafi et le ministre des affaires étrangères d’Arabie saoudite Saoud al Faisal ont protesté contre l’indépendance du Sud Soudan. Khaddafi a prévenu que la sécession du Sud serait le début d’une « maladie contagieuse ». Faisal l’a qualifiée de « décision dangereuse » qu’aucun membre de la Ligue Arabe ne doit soutenir.

Le fond de l’affaire, c’est que les Arabes ont raison d’être préoccupés par ce qui se produit au Soudan. Si le Sud Soudan devient une nation indépendante, ce sera le premier cas de recul de l’impérialisme arabe depuis la Deuxième Guerre Mondiale.

L’un des aspects centraux de la stratégie politique au Moyen Orient qui est lourdement ignoré par les universitaires, c’est l’impérialisme arabe et le rôle qu’il a joué dans la conception de la politique régionale.

Aussi bien au cours de l’éclatement de l’Empire Ottoman à la suite de la Première Guerre Mondiale et du démembrement des empires britanniques et français après la Deuxième Guerre Mondiale, les autorités impériales britanniques et françaises ont comploté avec les impérialistes arabes pour garantir à ces derniers un contrôle presque sans limite sur le Moyen Orient.

Pour les Kurdes, les Druzes, les Alaouites, les Coptes, et d’autres populations musulmanes non Sunnites et non arabes de la région, la fin du règne occidental a signifié la fin de leur relative liberté.

Dans le cas du Sud Soudan, pendant le demi-siècle du règne britannique, le Sud fut administré séparément du Nord arabe.

Mais quand les Britannique se sont retirés en 1956, dans leur hâte de partir, ils placèrent le Sud sous la férule arabe. Craignant d’être privés de droit électoral et l’oppression, le Sud commença la première guerre civile soudanaise en 1955 – l’année avant l’indépendance.

Il y eut seulement deux exceptions à la collusion de l’Europe avec les impérialistes arabes – le Liban à majorité chrétienne et la Palestine sous Mandat. Dans ces deux zones, les puissances occidentales autorisèrent des non musulmans à prendre la responsabilité d’un territoire réclamé par des impérialistes arabes.

Comme l’histoire d’après l’indépendance du Liban et d’Israël le montre, les Européens finirent par abaisser leur soutien aux gouvernements non arabes. Les Français mirent la pression sur les Chrétiens du Liban de manière suffisamment constante pour se concilier les Arabes. Cette pression a provoqué une émigration chrétienne continue du Liban, ce qui a transformé les Chrétiens en minorité au Liban aujourd’hui. Et les tentatives des Chrétiens libanais de se concilier les Arabes ouvrirent la porte au Hezbollah pour s’emparer du pays au nom de l’Iran.

De même pour Israël, à la lumière de son échec à convaincre les Arabes d’être satisfaits de ses concessions, et de l’échec des Arabes à envahir l’Etat juif, depuis 1973, l’Europe a collaboré avec les Arabes pour reformuler la réalité et complaire aux objectifs de l’impérialisme arabe.

Alors qu’Israël s’est établi et défendu de façon répétée par le mouvement de libération nationale juif, contre les souhaits des impérialistes arabes avec l’assistance européenne, les Arabes ont réinventé l’histoire. La prétention actuelle arabe et européenne est que la guerre impérialiste arabe contre Israël est une guerre impérialiste juive contre les Arabes.

Sur la toile de fond de cette perfidie occidentale envers les minorités non arabes du Moyen Orient, le soutien de l’Occident à l’indépendance du Sud Soudan n’est rien moins qu’un miracle.

Hélas, le soutien de l’Occident au Sud Soudan est plus probablement dû à l’ignorance occidentale plutôt qu’à une volonté de l’Occident nouvellement trempée de défier les impérialistes arabes. C’est-à-dire qu’il est probable que l’Occident fait le bon choix aujourd’hui au Soudan parce qu’il ne comprend pas les ramifications de sa propre politique.

S’il en est ainsi, alors il est peu probable qu’il comprenne la signification d’un défi à cette politique de la part de Khartoum et de ses alliés. Et dans ce cas, il est alors peu probable qu’il défende sa politique quand elle sera mise en cause. […]

Sur cette toile de fond, il est important de rappeler la déclaration du Lt-Colonel Talley : Bashir attaquera Abyei parce qu’il ne croit pas que les USA défendront le contrôle du Sud Soudan sur la ville frontière. Le caractère superficiel du soutien occidental au Sud Soudan conduira à la guerre.

De nouveau, ce ne sont pas seulement les Arabes qui obligeront Bashir à aller en guerre. Il doit aussi penser aux les jihadistes panislamiques. Ses amis de jadis d’al Qaïda ont fait savoir clairement qu’ils ne laisseront pas faire la cession du Sud Soudan à des non musulmans.

L’adjoint d’Oussama bin Laden, Ayman al Zawahiri a dénoncé Bashir pour avoir signé un accord de paix avec le Sud. Dans un article paru vendredi dans le ‘Daily Beast’, l’ancien officiel au Conseil de Sécurité Nationale des USA, Bruce Riedel a écrit qu’en 2009, Zawahiri a appelé les musulmans du Soudan à combattre « dans une longue guerre de guérilla, parce que la croisade contemporaine vous a montré les crocs ». Zawahiri a dit à Bashir, « de se repentir et de revenir dans le droit chemin de l’islam et du jihad ».

Et ce n’est pas seulement al Qaïda Qui se sentira déconcerté par la sécession du Sud. A une époque où les régimes et les forces jihadistes à travers le monde arabe et islamique utilisent la violence pour réprimer les Chrétiens et d’autres non musulmans, et obliger à l’exécution totale de la sharia, la notion que le ‘Dar al islam ou le monde musulman se réduit comme peau de chagrin au Soudan est largement perçue comme inacceptable. Des agressions islamiques contre l’Occident pour son soutien à l’indépendance du Sud Soudan sont très hautement probables.

Rien de tout cela ne signifie que l’Occident doit cesser son soutien au Sud Soudan. Les Sud Soudanais ont gagné leur indépendance d’une manière que la majorité des nations n’ont pas traversée. Ils méritent le soutien de toutes les nations qui chérissent la liberté et la décence.

Mais ce que cela signifie, c’est qu’en allant de l’avant, les dirigeants du Sud Soudan doivent reconnaître que l’Occident va probablement les abandonner au premier signe de troubles. Ils doivent peser leurs options à cette aune.

Plus important, les résultats plus que certains de l’indépendance du Sud Soudan servent comme un nouveau rappel à l’Occident sur la nature du pouvoir, de la guerre et de l’amitié.

Le pouvoir est inextricablement lié à la perception du pouvoir. Vous êtes perçu comme puissant quand vous montrez que vous pouvez distinguer un ami d’un ennemi, et vous tenir avec le premier contre ce dernier.


caroline carolineglick.com


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