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Dis, pourquoi ?
Albert Capino © PRIMO-Europe
Article mis en ligne le 19 août 2004

Dans la manchette du « Monde », daté du 18 août, le « quotidien de référence » s’interroge sur les raisons pour lesquelles l’influence française s’est affaiblie à Bruxelles. PRIMO serait presque tenté d’ajouter une nouvelle rubrique sur son site, intitulée : « Dis, pourquoi ? ».

À droite comme à gauche, on regorge d’explications. Le député socialiste Arnaud Montebourg va même jusqu’à dénoncer l’attribution de « tous les postes-clés économiques et budgétaires » à des personnalités « qui ont fait la preuve de leur orientation systématique libérale ».

« Cette Commission européenne - déclare-t-il dans « Le Monde » - fait dorénavant partie de nos adversaires. » Cela promet ! Si, comme le suggère par ailleurs notre Premier ministre, il nous faut compter sur l’expérience et le « talent de négociateur » de Jacques Barrot, il est à craindre que nous ne soyons pas pour autant tirés d’affaire. Que le nouveau commissaire européen français ne parle pas anglais n’est en effet pas choquant en soi, mais présente toutefois un lourd handicap : en tant que commissaire aux transports, il exercera la tutelle sur les trois grandes agences de sécurité (maritime, aérienne et ferroviaire). L’importance des contacts qu’il lui faudra maintenir avec nos alliés anglo-saxons et les membres de l’UE, compte tenu de l’ampleur des risques liés à la menace terroriste, est primordiale. Ne pas parler anglais est aussi pénalisant que de ne pas avoir aujourd’hui son permis de conduire … un comble pour un commissaire européen aux transports !

Car la tâche est gigantesque pour une nouvelle Europe à 25 qui se veut partie intégrante de l’échiquier politique international : Proche-Orient, Darfour, Rwanda, autant de cas où la France a choisi les mauvaises options. Sur le plan économique, un anti-américanisme primaire a contraint par exemple Air France à se contenter de la portion congrue dans ses partenariats, au bénéfice de la « Star Alliance » qui se taille la part du lion. Nos usines se sont délocalisées pendant que nous avons, en revanche, fait des ponts d’or à nos concurrents pour venir s’installer sur notre territoire …

Je voudrais faire remarquer à ceux qui vomissent « l’impérialisme américain », qu’être aux côtés d’alliés naturels, qui représentent de surcroît des intérêts communs, ne signifie pas pour autant s’aligner, ou prendre fait et cause pour eux de manière inconditionnelle. Cela s’applique tant aux Américains, qu’aux pays arabes. Les efforts de discernement et d’analyse critique dont nos dirigeants devraient faire preuve demeurent importants et ne constituent en aucune manière une excuse pour la politique qu’ils ont menée et ses conséquences, à court comme à long terme.

Pour les mêmes raisons que l’influence française s’affaiblit, le tourisme a baissé dans notre pays et les ventes de nos vins régressent. Les erreurs d’évaluation sur les conséquences de la politique étrangère de nos gouvernements successifs depuis l’après-guerre, la posture de défiance de la diplomatie française envers les Américains sont autant de causes à cette situation. La France paie aujourd’hui le prix de sa rupture passée avec l’Otan, de sa fronde présente au sein de l’Union européenne, ainsi que de ses frasques arrogantes à l’ONU où elle laisse planer comme une menace l’usage éventuel de son droit de veto.

Le non-conformisme « à la Française » est devenu synonyme d’opposition systématique. Le pays qui se veut celui des Droits de l’homme s’est mué en défenseur le plus ardent de ceux qui les bafouent quotidiennement : régimes népotiques et dictatures. Sans parler de la nouvelle forme de décoration que notre Président vient d’inaugurer, en décernant la Légion d’honneur à la ville d’Alger. Un procédé qu’on peut qualifier de bien peu glorieux, pour tenter d’effacer soixante ans d’oubli envers les fils de ce pays, qui ont donné jadis leur sang pour la France. Seul, celui qui gouverne aujourd’hui l’Algérie d’une main de fer en profite, feignant d’assimiler cette distinction à un satisfecit, pour poursuivre la répression impitoyable qu’il exerce sur la minorité berbère.

Cela n’émeut que peu de journalistes. La plupart choisissent plutôt de faire des gorges chaudes - mais aussi leurs choux gras - en se moquant de « l’axe du mal » et de Bush. Cela montre un manque total de recul et d’autocritique de leur part, quand on connaît les amitiés particulières qui ont lié la diplomatie française à Saddam Hussein, à l’Iran de l’Ayatollah Khomeiny, à « l’Empereur » Bokassa, à « Baby Doc » Duvalier, au Gabonais Omar « Elf » Bongo, à la dynastie des Saoud, aux Arafat (M. et Mme.), à la « Chine des Droits de l’homme » (elle aussi ?), aux Syriens Hafez El Assad (père et fils), au Libyen Kadhafi (et ses fils), au Président soudanais Omar El Béchir … Mais je sens que je vous lasse, car je pourrais poursuivre cette litanie longtemps, tant la liste des mésalliances de l’Elysée est longue et son exécution par le Quai d’Orsay indigeste.

Ceux qui président à notre destinée, sauront-ils un jour reconnaître leurs erreurs ? Faudra-t-il attendre que la France devienne la lanterne rouge de l’Europe des 25 qu’ils ont appelé de leurs vœux ? La pression devra-t-elle venir des hôteliers en mal de remplissage ou des bouilleurs de crus ? De l’industrie automobile ? Ou encore du danger de l’extrême-droite qui pointe régulièrement le bout de son nez ?

Nous ne sommes plus un empire colonial et nous avons beau prétendre être une grande puissance, j’ai tendance à croire que nous risquons désormais de devoir employer le passé. Comme celui de notre grandeur, dont les seules traces encore visibles sont celles de l’ego démesuré de certains de nos gouvernants. Une cure de modestie leur ferait le plus grand bien et nous serait très bénéfique. Un moins gros appétit, une consommation modérée de nos bons vins et quelques leçons d’anglais leur permettront peut-être d’avoir les idées plus claires, à défaut d’être plus larges …



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