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Des rapports entre l’antiaméricanisme français et la politique biaisée à l’égard d’Israël
par le Professeur David Ruzié *
Article mis en ligne le 30 juillet 2004

De nombreuses analyses ont été publiées, sur ce site, et ailleurs, sur les raisons pour lesquelles, depuis le retour au pouvoir du Général de Gaulle aux affaires, en 1958, la politique française s’est infléchie au regard d’Israël, alors que sous la IVème République, la France était un fervent soutien du jeune Etat.

Mais, je pense qu’on a trop souvent mis l’accent essentiellement sur les raisons économiques, alors que des raisons idéologiques doivent également être rappelées.

De fait, depuis sa création, Israël a bénéficié d’un soutien des Etats-Unis, même si à l’origine, l’adhésion du président Truman au plan de partage n’a pas été dicté par des raisons sentimentales.

Or, revenu au pouvoir, le Général de Gaulle s’est souvenu des avanies que Roosevelt lui avait fait subir durant la guerre. Ce n’est d’ailleurs qu’à l’intervention de Churchill que la France a dû de pouvoir regagner sa place parmi les Grands, à la Libération.

Aussi curieux que cela puisse paraître de la part du grand homme d’Etat que fut Franklin Delanoë Roosevelt, celui-ci n’aimait pas, sur le plan humain, de Gaulle, auquel il reprochait son ego surdimensionné et sa tendance à vouloir se prendre pour un homme providentiel (en quelque sorte une Jeanne d’Arc des temps modernes).

Et, il y a lieu de rappeler - ce qui n’est pas à l’honneur des Etats-Unis, même si on leur doit la victoire sur les totalitarismes allemand, italien et japonais - que Roosevelt entretint des relations diplomatiques avec le régime de Vichy, jusqu’en 1942. C’est Pétain qui rompit ces relations, à la suite du débarquement américain en Algérie.

A la Libération, c’est l’opposition déterminée du général de Gaulle qui empêcha les Américains de considérer la France comme un territoire libéré, placé sous un régime d’occupation (comme devaient l’être l’Allemagne et l’Autriche). La France avait, à l’origine, vocation à relever de l’autorité d’un gouvernement militaire allié (AMGOT). Des caisses pleines de dollars d’occupation avaient d’ailleurs été préparées.

Revenu au pouvoir, de Gaulle, marqué par ces péripéties n’eut de cesse de prendre ses distances vis à vis des Etats-Unis, notamment en remettant en question la participation de la France à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord.

Il essaya de faire une distinction subtile entre l’alliance atlantique à laquelle il entendait que la France reste attachée et l’organisation qui avait été mise en place pour la rendre efficace.

Car, il reprochait aux Etats-Unis, à l’époque seuls détenteurs de l’arme atomique, de dominer cette Organisation.

Même si par la suite, après le départ du pouvoir du général de Gaulle, la France assouplit sa position vis à vis de l’OTAN, on retrouve, cependant, périodiquement des relents de cet antiaméricanisme dans la politique étrangère de la Vème République, comme en témoigne l’opposition récente à la participation de l’OTAN, en Irak, à la formation de l’armée irakienne.

Le gouvernement français est allé jusqu’à suggérer que cette formation soit assurée par l’OTAN, en….Autriche, pays qui n’est même pas membre de l’OTAN.

Bien évidemment, c’est cet antiaméricanisme, qui remonte au Général de Gaulle qui justifia l’opposition de la France à l’intervention initiée par les Etats-Unis, en Irak, en 2003.

Et c’est tout naturellement cet antiaméricanisme qui sous-tend la politique biaisée de la France à l’égard d’Israël, du fait qu’ainsi qu’en témoignent les débats aux Nations Unies, l’allié le plus fidèle d’Israël est constitué par la puissance américaine.

Même, dans les années 8O, à l’époque où le nouveau parti socialiste, dirigé par François Mitterrand, était au pouvoir, on releva des relents d’antiaméricanisme, qui devait se manifester également à l’égard d’Israël.

N’oublions pas que c’est François Mitterrand, qui, s’immisçant, manifestement dans les affaires intérieures d’un autre pays, se prononça, depuis la tribune de la Knesset, à Jérusalem, en faveur d’un Etat palestinien.

Il est vrai que les « nouveaux socialistes » se devaient de se démarquer de l’ancienne S.F.I.O., qui, sous la IVème République avait tant pris fait et cause pour Israël (rappelons, pour mémoire, l’alliance franco-israélienne lors de la crise de Suez en 1956).

Alors que la S.F.I.O. était pro-américaine, pro-européenne et pro-israélienne, le nouveau parti socialiste prit le contrepied de ces trois attitudes.

Et n’oublions pas que l’actuel chef de l’Etat français se considère - et il le montre bien d’ailleurs - comme un fidèle disciple du Général de Gaulle.


  • David Ruzié est professeur émérite des universités, spécialiste de droit international.


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