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Un beau documentaire comme on aimerait en voir plus souvent, 1ère partie
Par Guy Millière © Metula News Agency
Article mis en ligne le 21 juin 2004

Le monde selon Bush

J’attendais avec impatience de voir le film de William Karel, « Le monde selon Bush ». Je savais que c’était une adaptation cinématographique des deux derniers romans fantastiques d’Eric Laurent, et pour avoir apprécié ceux-ci, qui débordent d’imagination jusqu’à glisser vers le délire, je pensais ne pas être déçu. J’ai été satisfait ; au-delà même de toutes mes espérances. J’ai pu voir pendant une heure et demie l’entreprise de propagande la plus fétide à avoir été conçue depuis les temps glorieux de l’Union Soviétique : Parvenir à ce résultat n’est pas une mince prouesse.

La technique utilisée est simple, mais efficace. Réalisez des interviews de membres de l’administration Bush ou d’intellectuels néo-conservateurs. Coupez-les au montage de façon à leur faire dire uniquement ce qui vous intéresse, quitte à ce que cela devienne quelque chose de très différent de leurs propos initiaux. Ajoutez des fragments d’entretiens réalisés avec des gauchistes engagés, des militants de l’aile gauche du parti Démocrate, des agents de la CIA licenciés et aigris et quelques journalistes de gauche et d’extrême gauche. Retenez de ces fragments les éléments les plus outranciers. Parsemez le plat d’images d’archives. Assaisonnez de quelques commentaires personnels perfides et porteurs d’amalgames abusifs. Et goûtez le résultat de votre cuisine.

1. George W. Bush est un dangereux fanatique.

Il prie tous les jours. Il se réfère à la Bible. Il pense qu’il y a une différence entre le bien et le mal. Il s’est entouré à la Maison Blanche de chrétiens évangélistes et de juifs. C’est vous dire s’il est dément ! Il y a même, dans son entourage, des gens qui défendent sans fléchir l’existence de l’Etat d’Israël. Et Bush a reçu à de nombreuses reprises Ariel Sharon. Inquiétant décidément ! On est loin des préférences de Bill Clinton qui aimait mieux le toucher labial de Monica à la lecture des textes saints ou de Jacques Chirac, l’ami d’Arafat. Eux sont des gens normaux et ne s’encombrent pas de valeurs morales d’un autre âge. Bush est un dangereux fanatique, certes.

2. George W. Bush n’avait pas voyagé en dehors des Etats-Unis jusqu’au moment où il est devenu président.

Très louche… incontestablement. Vivant à une époque où ni Internet, ni la télévision, ni le téléphone n’existent, cela implique assurément qu’il ait vécu toute sa vie jusqu’en 2000 coupé du monde extérieur. On peut même supposer qu’il ignorait l’existence d’un monde extérieur et qu’il pensait que la terre était plate ? Il est tellement débile, ce type !

L’évidence de son ânerie ? Il a fait preuve de curiosité intellectuelle au cours des années qui ont précédé sa candidature à la Maison blanche, il s’est entouré de spécialistes, il a manifesté un humble désir d’apprendre. A-t-on idée ? Pour ne pas être sot, des experts vous en persuaderont, il faut n’avoir aucune curiosité intellectuelle, ne rencontrer aucun spécialiste, ne manifester aucun désir d’apprendre et penser qu’on a la science infuse. Certains de ceux qui sont interviewés dans le documentaire ont ainsi tout fait pour ne pas être dadais et cela ne leur a pas mal réussi. Il est, de plus, visible qu’ils sont satisfaits de baigner dans la science infuse. Bush aurait pu les imiter. Quelle cruche, quel naïf, surtout, de n’avoir pas consulté quelques crânes d’oeufs de la gauche caviar, ceux qui se sont trompés sur tout au cours des trente dernières années, et d’avoir choisi plutôt des gens qui avaient travaillé pour Ronald Reagan qui, c’est une tare dont les Américains se sont souvenus la semaine de ses obsèques, a pour sa part réussi tout ce qu’il avait entrepris pendant ses huit années de présidence.

3. Surtout, Bush n’avait strictement aucune raison de renverser le régime de Saddam Hussein en Irak.

Saddam Hussein, c’est clair, n’avait aucune arme de destruction massive et ne prétendait même pas en avoir quand il disait en avoir (c’est compliqué la psychologie d’un Saddam). Saddam n’avait jamais disposé d’armes de destruction massive, et ce n’est pas lui qui a gazé des Kurdes voici quelques années, mais c’est la CIA, c’est démontré ! Les quantités de produits chimiques et biologiques répertoriés avant l’expulsion des inspecteurs de l’ONU en 1998 n’existaient pas, c’est une autre évidence, et ils n’ont jamais existé. Ou alors ces produits se sont désintégrés dans l’univers sans laisser de trace et sans que personne ne les ait détruits.

Vous ne croyez pas aux miracles ? Seriez-vous d’extrême droite, par hasard ? Les chercheurs biologiques, chimiques et atomiques, grassement rétribués par Saddam l’étaient pour faire joli dans le décor et pour taper la belotte devant une anisette avec leur sympathique patron.

Saddam avait été aidé par les Etats-Unis dans les années 1980, il était même une créature des Etats-Unis (Osirak-Chirak, connaît pas ?), avant que Bush père, en 1991, ne se retourne traîtreusement contre lui pour une broutille (l’invasion du Koweit). Les rôles étaient bien distribués : Le peuple subissait terreur et violence, Saddam et ses fidèles construisaient des palais, tuaient, mutilaient, violaient.

Pourquoi, dans ces conditions, changer cette distribution des rôles et surtout, pourquoi se préoccuper de la population irakienne ? Pourquoi vouloir se demander ce que les armes de destruction massive introuvables étaient devenues ? Elles étaient de toutes façons incapables d’atteindre l’Amérique et auraient tout juste pu finir sur Tel Aviv ou Jérusalem. Faudrait-il défendre Israël ? Faudrait-il éviter que des juifs soient tués ? Quelle idée saugrenue. Une idée que seuls des juifs fourbes et menteurs - personne n’a prétendu qu’ils ne seraient que « médisants et sadiques » ! - tels que Richard Perle ou Paul Wolfowitz pourraient en avoir.

Saddam n’avait aucun lien avec le terrorisme, comme de bien entendu, et c’est sans aucun doute sans le savoir lui-même que le régime irakien offrait de fortes récompenses aux familles d’auteurs d’attentats collectifs en Israël ; à son insu aussi que l’organisation Ansar Al-Islam, branche d’Al-Qaida, était installée sur le territoire irakien ? A son insu toujours que se sont développés les multiples liens avec le terrorisme international mis au jour par Stephen Hayes dans son dernier livre, « The Connection ».

Pauvre Saddam ! Victime de l’odieux Bush et de sa clique de chrétiens et de juifs qui ont dans la tête l’idée perverse de faire avancer la décence et la démocratie au Proche-Orient. Faut-il être monstrueux pour promouvoir de telles idées.

Quant au peuple irakien ? Norman Mailer le dit clairement dans le film : « il ne mérite pas la liberté ».

4. Bush, enfin, est un affairiste de la pire espèce.

Son grand-père avait des relations financières avec l’Allemagne nazie. Comment ne pas imaginer l’influence du grand-père sur le petit-fils ? Mon propre grand-père était pilote automobile et je suis écrivain, vous voyez bien qu’il m’a influencé ! Son père, qui était installé au Texas, a travaillé dans le pétrole (étrange et suspect : une activité si peu répandue au Texas). Il a des actions dans des sociétés de fabrication et de vente d’armes et dans des institutions financières internationales. Dick Cheney a dirigé la plus importante société de forages pétroliers, Halliburton. D’autres membres du gouvernement ont été employés ou ont servi de consultants auprès de diverses entreprises industrielles avant de devenir membres du gouvernement. George W. Bush lui-même a eu des activités pétrolières.

Tous ont revendus leurs actions ou démissionné de leurs postes dans le privé avant d’entrer au gouvernement, mais qu’importe… Un passé d’entrepreneur est une infamie, ignominieux capitalistes, odieux ennemis du socialisme scientifique ! Au moins auraient-ils pu avoir la décence d’être fonctionnaires toute leur vie. Au moins auraient-ils pu ne pas être nés au Texas, cet Etat de ploucs, de garçons vachers, indignes de fréquenter l’élite néo-aristocratique de la Nouvelle-Angleterre. Au moins auraient-ils pu, c’eût été la moindre des choses, ne pas travailler dans le pétrole.

Et puis, c’est un secret d’apothicaires, Bush père a des actions dans une société où l’un des trente frères d’Oussama Bin Laden en a aussi. Ils sont pris la main au panier ! Mais penchez-vous vite sur votre compte en banque : Si l’un des clients de votre banque est membre d’une famille très nombreuse et si l’un de ses frères ou de ses cousins est un criminel, vous êtes complice d’un criminel, c’est scien-ti-fique. Et n’imaginez pas vous laver de toute accusation en fermant simplement votre compte, coquins de lecteurs : la trace reste là, indélébile.

On n’ira pas jusqu’à dire que Bush est derrière les attentats du onze septembre. On dira à la place que la préparation de ceux-ci a commencé en 1997. On ajoutera que c’est l’administration Bush, en place depuis fin janvier 2001, qui aurait dû identifier ce qui se tramait depuis 1997. Clinton gardait-il son nez dans les catalogues des articles qu’on fabrique à Saint-Claude du Jura ?

On vous dira que 3000 morts en un seul jour aux Etats-Unis, ce fût un « cadeau inespéré »’, une « divine surprise ». Enfin le prétexte rêvé pour faire la guerre, et pour s’en prendre à ce pauvre Saddam, qui n’a jamais fait de mal à personne, ou alors si peu ! Ou alors à cause de la CIA. On vous dira que, dès février 2001, il y avait au Pentagone des plans pour renverser Saddam et on ne vous dira pas qu’il y avait des plans du même genre sur le bureau de Bill Clinton, contresignés par lui, dès 1998.

On ne vous dira pas que la menace terroriste n’existe pas. Mais on restera pudique, discret, très discret, et on ne l’évoquera pas un seul instant, pas une seconde. Il ne faut pas se tromper de cible : le méchant c’est George Bush, ne confondez pas tout. Saddam est une victime, de même que Bin Laden...



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