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La doctrine du président Obama : entre humanisme, fermeté et respect de la sensibilité arabo musulmane
Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach pour http://lessakele.over-blog.fr et www.aschkel.info
Article mis en ligne le 25 avril 2010

A l’occasion du sommet sur la sécurité nucléaire qui s’est tenu les 14 et 15 avril 2010, le Président américain Barak Obama a souligné les graves conséquences qu’entraînerait la possession d’armes nucléaires par des mouvements tels qu’Al Qaida. Il s’agit selon lui, du plus grand danger qui menace la sécurité du monde puisque une « petite quantité de plutonium pas plus grosse qu’une pomme suffit pour tuer des centaines de milliers de personnes ».

C’est dans ce contexte de menaces potentielles d’attaques terroristes nucléaires, que les 36 pays participants se sont engagés à sécuriser les matériaux fissiles et les armes atomiques dans un délai de 4 ans, en confiant à l’Agence Internationale de l’Energie atomique un rôle accru et en la dotant de moyens financiers adaptés.

Une nouvelle fois, le Président américain a fait preuve d’une très grande lucidité mais aussi d’une certaine humilité en admettant ne pouvoir régler seul l’ensemble des problèmes de la planète, certains pays ne partageant pas les mêmes idéaux ni les mêmes valeurs. Parmi les causes d’instabilité dans le monde a été évoquée l’absence de réconciliation entre l’Inde et le Pakistan, qui nourrissent une haine l’un envers l’autre, et qui poursuivent leur course à l’armement nucléaire alors que le Pakistan est en proie à une insurrection islamiste et que des réseaux proches d’Al Qaida y sont implantés. De même, il est des incertitudes au sujet du stock d’armement détenu par la Russie alors que la corruption dans ce pays y règne à grande échelle et que ce pays reste très évasif (tout comme la Chine) sur le programme nucléaire iranien. (Pour sa part, le Président français a estimé que les sanctions contre l’Iran devaient être adoptées en avril ou mai 2010, pour contraindre ce pays à suspendre ses activités potentiellement nucléaires : « l’obstination des dirigeants iraniens à refuser les contrôles approfondis a fait perdre beaucoup de temps. Il y a une conscience générale que cela ne peut plus durer »).

En réalité, depuis son accession au pouvoir, le Président Obama tente d’insuffler une dynamique nouvelle empreinte d’humanisme qui rompt, loin s’en faut, avec la suffisance de son prédécesseur. Sa tâche est d’autant plus ardue qu’il doit constamment jongler entre une certaine fermeté et le respect des susceptibilités des autres Etats de la planète qui n’entendent pas se faire dicter le système de valeur admis aux Etats Unis. Déjà, lors de son allocution au Caire du 4 juin 2009, il avait bien rappelé qu’il n’était pas question, pour une nation, d’imposer un système de gouvernement à une autre, les Etats-Unis ne détenant pas le monopole des valeurs transcendantes universelles.

Sans vouloir imposer la conception américaine des relations internationales, il avait toutefois insister sur l’interdépendance des systèmes en citant les conséquences sur le système financier international des dysfonctionnements rencontrés au sein d’un Etat, mais aussi l’absence d’imperméabilité des frontières aux nouveaux virus, voire encore les dangers pour l’ensemble des nations en cas de volonté par l’une d’elles d’acquérir des armes nucléaires (il aurait pu, quelques mois plus tard, évoquer les conséquences de l’irruption d’un volcan dans un pays d’Europe et la formation d’un nuage de cendres qui recouvre le ciel européen).

Il est certain qu’il n’est pas toujours aisé de trouver l’arbitrage adéquat entre la prise en compte des susceptibilités de pays souverains, le recours à la force pour imposer des solutions estimées justes et le souci de ne pas apparaître comme étant détenteur de la vérité universelle, même s’il est une responsabilité, pour les nations, de ne pas laisser s’installer des situations déséquilibrées à l’origine de frustrations et d’injustices génératrices de violences.

Sa très grande sagesse et mesure concernant l’analyse des situations géopolitiques internationales ne se sont pas en revanche affirmées dans son approche sur la situation au Proche Orient, depuis son investiture à la tête des Etats-Unis. En effet, le Président américain n’a pas exactement fait montre d’un même réalisme dans l’analyse de la situation, un peu comme s’il se sentait obligé d’éprouver la sensibilité des pays musulmans.

Lors de son discours au Caire du 4 juin 2009, il a certes rappelé la réalité du massacre des juifs commis en Europe au cours de la seconde guerre mondiale et le caractère odieux de toute négation à ce sujet. Néanmoins, le prix Nobel de la paix 2009, s’est montré attentif aux souffrances endurées par le peuple palestinien musulman et chrétien, non pas en ce qu’il est en quête d’un territoire (dont il dispose déjà) mais en adoptant la thèse du monde arabe au regard des conséquences de la création de l’Etat d’Israël, et notamment de « la douleur de la dislocation » qu’il a emporté.

Autrement dit, pour le Président Obama, le problème des palestiniens n’est pas simplement celui de créer un Etat indépendant et autonome (ce qui serait en soit aisé à mettre en œuvre) mais également celui de l’émiettement qu’a induite la création de l’Etat d’Israël. Or, cette analyse est problématique en ce qu’elle sous entend qu’il a existé une entité autonome palestinienne préalablement à Israël, (ce qui est faux), justifiant, implicitement, la nécessité d’éradiquer Israël.

De la même manière, le Président Obama s’est associé aux plaintes des palestiniens non pour les inviter à créer leur Etat sur les terres qu’ils contrôlent mais bien en déplorant leurs conditions de vies dans des camps de réfugiés en Cisjordanie, a gaza (c’est-à-dire chez eux) ou dans des terres voisines (pourtant arabes), « dans l’attente de connaître une vie de paix et de sécurité à laquelle ils n’ont jamais eu droit ». Ce faisant, il perpétue ce fantasme du « droit au retour » (imaginaire) des palestiniens en Israël et confirme encore la thèse palestinienne de l’existence d’une unité territoriale aujourd’hui occupée. Sur ce point, le Président américain a même regretté les humiliations grandes et petites qui « accompagnent l’occupation » (cautionnant implicitement les actes de résistance armée, même s’il les déplore par ailleurs).

Plus grave, le président Obama a explicitement nié la réalité d’Israël (toujours dans ce discours), en affirmant qu’il fallait créer « deux états » dans lesquels israéliens et palestiniens vivront dans la paix et la sécurité. Or, s’il doit être créé deux Etats, c’est qu’Israël n’existe pas, ce que soutient d’ailleurs le monde arabo musulman depuis 62 ans en ne faisant pas figurer ce pays sur les cartes de géographie. Il en est de même lorsqu’il affirme que les États-Unis n’acceptent pas la légitimité de la continuation des colonies israéliennes comme si la Palestine existait déjà et que cette entité autonome était occupée. En réalité, les constructions sur des collines désertiques qui entourent Jérusalem n’empêchent nullement les Palestiniens de développer leur société.

Il est finalement dommage que le Président américain n’ait pas incité les palestiniens à proclamer leur Etat avec Ramallah pour capitale alors que certaines rues portent déjà le nom des héros de la cause palestinienne, et qu’il n’ait pas averti les palestiniens que la création d’un Etat indépendant exigerait le démantèlement des milices armées. Cette voie devrait être privilégiée d’autant que le Premier Ministre Benjamin Netanyahou a une nouvelle fois confirmé (en avril 2010) son accord sur le principe de la création d’un Etat palestinien dans des frontières provisoires.



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