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Conférence islamique internationale : véritable appel à la tolérance ou réitération de slogans creux ?
MEMRI
Article mis en ligne le 28 mai 2004

Fin avril 2004, les représentants de 65 pays se sont retrouvés au Caire, en Egypte, à l’occasion de la 16ème conférence islamique, consacrée à la « tolérance dans la culture islamique ». Des observateurs européens non-musulmans ont aussi été invités, dont l’intellectuel belge Hans Miessen, (1), qui a trouvé beaucoup à redire au déroulement de la conférence et aux résolutions qui y ont été prises

Quand, invoquant le manque de temps, les organisateurs lui ont refusé la parole, ce dernier a accusés les musulmans d’« absence de transparence et d’incapacité à maintenir un dialogue sérieux et honnête avec autrui, ce qui a résulté en un affrontement avec l’Occident, et entraîné l’occupation par les Etats-Unis de l’Irak et de l’Afghanistan. » Il a affirmé que les « débats de la conférence n’avaient aucune utilité », que « la recherche présentée était démunie de [véritable] objectif », et que « les participants se contentaient de tenir des propos démagogiques, rien de plus ». Il a appelé les musulmans à donner des exemples concrets de tolérance dans plusieurs domaines, au lieu de se contenter de mots, de slogans creux et de la glorification d’ères islamiques révolues. (2)

Sur le site libéral Elaph, le Dr Kamel Al-Najjar a passé en revue les déclarations de Miessen, critiquant lui aussi durement la conférence. Voici des extraits de son article : (3)

« Les résolutions de la conférence et les recommandations qui y ont été formulées sont des clichés répétés d’année en année »

" Si nous considérons les recommandations et les résolutions de la conférence, nous nous apercevons qu’elles ne consistent qu’en clichés qui se répètent d’année en année, à tel point qu’il serait possible de les prédire à l’avance. Cette année, la conférence a insisté sur son rejet de toutes les formes de violence et d’extrémisme, condamnant toutes les opérations terroristes dans le monde, et plus particulièrement en Arabie Saoudite.

La conférence a précisé que le chaos qui règne en Irak dans le domaine de la sécurité ne prendrait fin qu’avec le retrait [des Etats-Unis], quand les Irakiens seraient en mesure de mettre en place un gouvernement conforme à leurs désirs. [La conférence] a en outre exhorté les Soudanais à se serrer les coudes face à tous les complots fomentés contre eux et leur unité.

S’agissant de la démocratie dans les pays musulmans et des droits de la femme musulmane, la conférence a accepté d’investir des efforts supplémentaires en renforçant la compréhension de la démocratie et en ôtant les obstacles empêchant son instauration, appelant les pays musulmans à respecter les droits de la femme tels qu’ils sont énoncés dans l’islam. «  » La conférence n’a rien dit de la violence prônée par les écrits de nos ancêtres musulmans. «  » Je vais tenter d’examiner ces résolutions afin de voir si M. Miessen avait raison d’accuser les musulmans de scander des slogans creux dépourvus de contenu réel. En considérant la première résolution sur la condamnation de la violence, nous nous apercevons que la conférence n’a pas évoqué la violence prônée par les écrits de nos ancêtres musulmans, écrits que nous considérons [pourtant] comme une partie importante de l’islam : la violence et les coups administrés aux enfants de 10 ans qui ne sont pas scrupuleux dans la prière, le fait de battre une femme soupçonnée de s’être mal conduite, celui d’administrer des corrections [de notre propre chef] au lieu d’appeler la police, le fait de donner aux gens des coups de baguette le vendredi pour qu’ils pressent le pas vers la mosquée. Certains considèrent peut-être que ces coups ne constituent pas des actes de violence, mais font partie de l’éducation des enfants, des femmes et des autres. Toutefois, selon les concepts modernes d’éducation, il s’agit là du pire type de violence, vu qu’il inculque aux enfants l’idée que les coups sont le moyen le plus rapide d’obtenir ce que l’on veut. "


« La conférence n’a pas critiqué la violence à l’égard des non-musulmans »

" La conférence a condamné toutes sortes d’erreurs, comme les attentats perpétrés en Arabie Saoudite. Mais nous n’avons pas entendu de condamnation de l’attentat de Bali, perpétré par des terroristes musulmans, où des centaines de jeunes Occidentaux, qui n’avaient rien à voir avec la politique, ont péri. Nous n’avons entendu aucune condamnation de ce type quand des islamistes ont attaqué une synagogue juive et le consulat britannique en Turquie. Et nous n’entendons pas non plus la moindre espèce de condamnation quand un Palestinien se fait sauter dans une boîte de nuit ou un bus israéliens, se tuant et tuant des dizaines de civils innocents.

Nous ne sommes pas en train de nier le droit des Palestiniens à lutter contre l’occupation. Mais la lutte doit se faire contre les forces occupantes, non contre les civils. Nous n’avons pas [non plus] entendu de condamnation du terrorisme commis par les gangs Al-Janjawid, soutenus par le gouvernement [dans leur action contre] les non-musulmans de l’Ouest du Soudan. «  » Tous les ans, la conférence appelle [à la tenue du conseil de] la shura, qu’aucun gouvernement n’a honoré depuis l’aube de l’islam. «  » En évoquant la démocratie, les intervenants ont appelé à fournir des efforts supplémentaires pour renforcer la compréhension des valeurs démocratiques. Nous ne savons pas en quoi ils souhaitent renforcer cette compréhension, vu que les peuples islamiques, et plus particulièrement les Arabes, comprennent ce qu’est la démocratie, et la réclament depuis des dizaines d’années.

Si c’est aux dirigeants musulmans, arabes en particulier, que les intervenants faisaient référence, ils auraient du rassembler suffisamment de courage pour s’adresser à eux directement, sans manœuvrer obliquement, et pour les appeler à ôter les obstacles empêchant la création de partis démocratiques et l’enracinement des valeurs démocratiques.

Les obstacles sont évidents et bien connus : ce sont les dictateurs, les partis Baath, les partis islamiques qui contrôlent le sort du Soudan et de l’Iran, les rois et les princes [qui contrôlent d’autres parties de la région].

Tous les ans, la conférence islamique appelle à respecter le principe [du conseil] de la Shura - qu’aucun gouvernement arabe n’honore depuis l’aube de l’islam. Personne ne sait ce qu’est la Shura, ni comment l’instituer dans le monde d’aujourd’hui, vu que nous n’avons aucune expérience concrète en la matière. «  » Le conférence a prôné le respect des droits de la femme tels qu’énoncés dans l’islam. En référence à la polygamie et l’excision ? «  » Rien de neuf concernant le brouillard qui entoure les recommandations de la conférence sur le statut de la femme. La conférence des pays islamiques a prôné le respect des droits de la femme tels qu’énoncés dans l’islam, ainsi que l’abandon des pratiques étrangères qui les éloignent [les femmes] de l’exercice de leurs droits. Les intervenants n’ont toutefois pas précisé quels droits ils cherchaient à défendre.

Pensaient-ils à la polygamie, ou [à l’interdiction faite aux femmes] de témoigner dans les cas où le châtiment coranique est indiqué, ou de devenir dirigeantes, conformément [au hadith qui dit que] ’ceux qui se laissent conduire par des femmes ne réussiront pas’ ?

Ou s’agit-il d’obliger les femmes à consentir à la mutilation de leurs organes sexuels, au moyen de ce que la religion qualifie de circoncision, sur l’injonction du Prophète [Mahomet] ?

Dans 28 pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie, 138 millions de femmes et de filles par an subissent l’intervention, et d’après Amnesty International, l’Egypte arrive en tête de liste.

Quand le ministre égyptien de la Santé a essayé de mettre un terme à l’excision, le cheikh Jad Al-Haqq Ali Jad Al-Haqq a émis, en 1994, une fatwa énonçant que ’la circoncision est obligatoire pour les hommes comme les femmes. Si les habitants d’un village y renoncent, l’imam [du village] doit se battre contre eux de la même manière que s’ils avaient renoncé à l’appel à la prière.’ Pourquoi n’avons-nous pas entendu la conférence islamique appeler au boycott de cette coutume répréhensible, étrangère à l’islam ?

Il semble que M. Miessen ait eu raison de dire que ’les débats de la conférence ne sont d’aucune utilité, et sa recherche dépourvue d’objectif’.

Les juristes musulmans avaient l’occasion de se mettre d’accord sur le renouvellement de concepts qui ne viennent pas du Coran mais de nos ancêtres, tels que ceux de l’excision, de la [prétendue] incapacité des femmes à gouverner, et le reste. Mais les intervenants ont évoqué des théories de complot (…) Ils ont exhorté les Soudanais à se serrer les coudes contre les complots fomentés contre eux. Comme si le monde n’avait rien de mieux à faire que de comploter pour morceler le Soudan !

[Le fait est que] le Soudan est divisé depuis sa création, et que seul l’impérialisme britannique du 19ème siècle a su rassembler ses membres amputés. La politique du gouvernement islamique [au Soudan] a [quant à elle] renforcé l’extrémisme tribal parmi les citoyens. «  » Nulle contrainte en religion « et » le verset de l’épée «  » Les intervenants, et en particulier le cheikh Ikrima Sabri [de l’Autorité palestinienne], ont insisté sur la tolérance de l’islam, soulignant que l’histoire islamique regorgeait [d’exemples] de tolérance à l’encontre des autres religions. Fidèles à leurs habitudes, ils ont cité les versets coraniques ’Il n’y aura pas de contrainte en religion’ [2 : 256] et ’Bats-toi avec eux sur la base de ce qui est le mieux’ [16 : 125]. Mais en d’autres circonstances, la plupart [des intervenants] ont souligné que ces versets avaient été abrogés par ’le verset de l’épée’. [9 : 5]. (4)

De telles affirmations ne peuvent évidemment pas convaincre ceux qui ont étudié l’histoire islamique et qui connaissent le pacte d’Omar Ben Al-Khattab [calife musulman] avec les chrétiens d’Al-Sham [la Grande Syrie], ainsi que la manière dont Amr Ben Al-Aass [commandant musulman ayant conquis l’Egypte] s’est comporté à l’égard des Coptes en Egypte. Au lieu de se concentrer sur le présent et d’essayer de modifier le comportement des musulmans à l’égard des Coptes en Egypte au 21ème siècle, [les intervenants] se sont rabattus sur une histoire déformée de l’islam. «  » Nous accordons à l’apostat une chance de terminer ses prières et de jeûner pour ensuite l’éliminer, conformément au Coran «  » Nous n’avons pas entendu la conférence islamique critiquer certains cheikhs qui ont semé la haine et l’hostilité parmi les citoyens, en contradiction avec la tolérance prônée.

Quand on a demandé à feu cheikh Suleiman Al-Madani, au cours d’une conférence à Bahreïn, d’inclure toutes les factions nationales [y compris les chiites et peut-être même les non-musulmans] dans le processus décisionnaire du gouvernement, il a répondu : ’Je ne sais pas ce que signifie l’expression ’factions nationales’. En ce qui me concerne, seul un musulman peut accéder au statut de citoyen. Tous ceux nés de parents musulmans et ayant cessé de croire en l’islam sont condamnés à mort, conformément à la loi religieuse et à la décision des oulémas. S’il déclare s’être repenti, nous lui accordons la chance qu’il n’a pas eue [pendant son apostasie] de terminer ses prières et de jeûner, puis nous l’éliminons, conformément au châtiment divin établi dans le Coran. Telle est la loi religieuse acceptée par les oulémas et les juristes. Ainsi, comment pourrais-je dire qu’untel peut participer aux décisions gouvernementales, quand je ne lui permets pas de prendre part à la vie ?’

Est-ce cela, la tolérance prônée par les participants de la conférence ? Si la réponse est non, pourquoi la conférence islamique n’a-t-elle pas condamné de telles déclarations, lesquelles sont absorbées par une grande partie de la jeunesse - d’autant plus que ce cheikh a affirmé que tous les oulémas étaient d’accord avec lui ? Existe-t-il véritablement un consensus dans l’islam [sur ces sujets] ? "

(1) L’orthographe de ’Hans Miessen’ est transcrite à partir de l’arabe. Il s’agit apparemment d’un spécialiste belge de l’islam.

(2) Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 2 mai 2004

(3) www.elaph.com <http://www.elaph.com/> , le 2 mai 2004

(4) Le Coran 9 : 5 : « Si la période de neuf mois pendant laquelle les hostilités sont suspendues est révolue et que les idolâtres n’ont toujours pas établi les termes de la paix avec toi, reprends le combat contre eux et tue-les où que tu les rencontres, fais-en des prisonniers, cerne-les et guette-les à chaque lieu d’embuscade. »

L’Institut de Recherche Médiatique du Moyen-Orient (MEMRI) est une organisation indépendante à but non lucratif qui traduit et analyse les médias du Moyen-Orient. Des copies des articles et autres documents cités, ainsi que toute information d’ordre général, sont disponibles sur simple demande.

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