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Le billet d’humeur tunisien
par Jacques Benillouche. Pour aschkel.info et lessakele
Article mis en ligne le 8 mars 2010

Quand une bibliothèque brûle, c’est un monde qui meurt. Le 5 janvier dernier, la bibliothèque de l’institut des belles lettres arabes (IBLA) de Tunis a été victime d’un incendie. Cela aurait pu être banal si l’on ne précisait pas qu’elle était gérée par les Pères Blancs qui l’ont créée. Nous sommes nombreux à l’avoir fréquentée quand nous préparions notre bac.

Nous allions, à tour de rôle, y puiser les traductions françaises de nos versions latines car elles étaient les plus fidèles par rapport au texte original. C’est donc un pan de vie qui s’écroule et des souvenirs qui partent en fumée, au propre comme au figuré.

L’incendie, dû à une explosion parfaitement entendue par les quatre pères blancs qui habitent le lieu, a entrainé la mort du père Jean-Baptiste qui travaillait à la numérisation des livres exceptionnels sur la civilisation tunisienne, une richesse intellectuelle inestimable. Les autorités locales ont immédiatement expliqué que ce religieux avait voulu mettre fin à sa vie en brûlant la bibliothèque qu’il avait organisée, pendants des années, de ses propres mains. La police judiciaire tunisienne, bras armé d’un régime dictatorial, a imposé la thèse du suicide parce qu’elle permet de protéger les intérêts politiques avec le Vatican. Dont acte, la vérité est dite.

Des témoins incriminent cependant d’autres éventuels auteurs de l’incendie, aux motivations clairement islamiques, qui s’inquiétaient de cet abcès de fixation chrétien dans un quartier musulman, en pleine Médina. Ils n’appréciaient pas que des membres du clergé attirent à eux plus de musulmans que de chrétiens. Ils condamnaient cette volonté des soldats du Vatican à diffuser la culture française ou chrétienne plutôt que les sourates du Coran. 15.000 livres sur les 34.000 dont disposait ce lieu de culture ont été brûlés alors que certains étaient uniques.

Les coupables ont peut-être voulu détruire le symbole de la culture chrétienne à défaut de s’attaquer aux idées. Ils ont perpétré l’acte ultime les poussant à brûler des livres considérés comme païens, blasphématoires ou immoraux parce qu’ils ne relèvent pas de leur foi. Un acte, qui ne peut dire son nom, pourrait en fait avoir été dirigé contre un régime qui lutte depuis tant d’années contre la propagation d’un islam radical. Jusqu’alors, brûler des livres était un événement uniquement associé au régime nazi et, avant lui, à l’Inquisition. Aujourd’hui certains lâches se cachent derrière des idéaux anachroniques pour s’inspirer des mêmes méthodes extrémistes. Il appartient à présent au lecteur de faire tous les apparentements qu’il jugera utiles. Je me bornerai à rappeler cette citation d’Heinrich Heine : « Là où l’on brûle les livres, on finit par brûler des hommes. »



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