« Israël devient un pays du Moyen-Orient » avait prédit l’écrivain israélien Amos Oz en 1979. « J’espère qu’il ne se comportera pas de manière pire que les autres pays de la région, mais je doute qu’il se comporte mieux. », Amos Oz s’est trompé. A ce jour, Israël se comporte bien mieux que les autres pays du Moyen-Orient, même lorsqu’il se comporte mal.

Le premier à mentionner l’usage d’obus contenant du phosphore blanc durant l’Opération à Gaza début 2008 fût le New York Times. Après l’avoir successivement démenti puis reconnu en précisant qu’il s’agissait de couverture uniquement dans des cas de protection extrême, Tsahal vient de sanctionner deux officiers supérieurs pour « abus de pouvoir ayant mis en danger la vie d’autrui ».

Cette sanction se rapporte directement au bombardement du siège de l’ONU à Gaza, au sein duquel plus de 700 Palestiniens étaient reclus. Pour ceux qui s’intéressent aux relations d’Israël avec le reste du monde, cela entraîne deux enseignements : tout d’abord et contrairement à ses voisins, Israël a le profond désir de rendre des comptes. Ensuite, dans cette région chargée de variétés, la diplomatie ‘par mégaphone condamnatoire’ ne fonctionne pas.

Pour illustrer le manque d’efficacité de ce type de diplomatie, il suffit de considérer la publication de l’enquête du Juge Richard Goldstone en septembre dernier. Un rapport déraisonnable, à la fois équivoque et dangereux, y est établi entre les tirs aveugles de roquettes avec lesquels le Hamas bombardait Israël et les étapes progressives à travers lesquelles Israël a entrepris de se défendre. Alors qu’il y a eu allégations de crimes de guerre des deux côtés, il réserve à Israël ses plus sévères critiques au sujet de l’utilisation de force « disproportionnée » ou de « ciblage délibéré » des civils palestiniens.

Confronté à un tel parti pris, un pays est susceptible de se barricader et de se tenir à distance. Au lieu de cela, la seule démocratie active du Proche-Orient a continué tranquillement à mener ses propres enquêtes concernant le conflit, dont les conclusions viennent d’être transmises à l’ONU. La condamnation du Général de Brigade Eyal Eisemberg et du Colonel Ilan Malka, Chef de Brigade –premiers officiers de haut rang à être mentionnés alors qu’ils sont pris en faute – indique que l’on est bien au-delà de dissimuler des preuves.

Certes, le système israélien est loin d’être parfait. Le déploiement d’obus de phosphore blanc sur une zone peuplée est un acte horrible. Lorsque ces obus explosent, ils éjectent des braises gluantes qui brûlent et s’incrustent dans les vêtements comme dans la chair humaine.

Une « tape sur les mains » (pour citer un officier militaire israélien) serait une punition superficielle et injustifiable envers les coupables. Mais malgré tout, cela reste vécu comme tel. Une reconnaissance par Israël de s’être comporté comme il n’aurait pas dû le faire pendant ce conflit.

Pour des raisons évidentes, Israël est un pays fortement et profondément mal à l’aise face aux critiques de ses propres forces armées.

Mais ceux qui crient au « crimes de guerre » et cherchent à faire d’Israël un paria desservent précisément la diplomatie même. Ils rendent plus difficile, et non plus aisé, le comportement que cet Etat devrait avoir. Contrairement à l’impression que certains voudraient suggérer, Israël ne se comporte pas en Etat voyou disposant d’excellents services de relations publiques, contenant -tout à l’instar du « Claude » de Shakespeare- ce qui lui permettrait de sourire et sourire encore pour se conduire en bandit. C’est une nation responsable, démocratique, transparente, qui lutte pour faire face aux nombreux défis que peu d’autres nations n’ont jamais eu à relever.