Bandeau
DESINFOS.COM
Slogan du site

Depuis Septembre 2000, DESINFOS.com est libre d’accès et gratuit
pour vous donner une véritable information indépendante sur Israël

La Syrie retrouve son rôle pivot dans la région et sur la scène internationale
Par N. Mozes | MEMRI Middle East Media Research Institute
Article mis en ligne le 3 février 2010

Dans un discours du 20 décembre 2009 devant le parlement syrien, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Al-Mouallem a fait le résumé des succès politiques de son pays en 2009 en ces termes : « Pour la Syrie, 2009 a été une année de succès politique dans tous les sens du terme et sur tous les fronts… »

En effet, la Syrie a connu l´an passé une amélioration sensible de son statut sur les scènes régionale et internationale. Le pays a réussi à se sortir de son isolement dans l e monde arabe et au niveau international, et à se positionner comme une force régionale influente. Fin 2009, le régime syrien gagnait en assurance et en efficacité dans sa politique de « résistance », mettant au défi l´ordre régional et mondial.

Ci-dessous un aperçu de la vision du monde et la politique syriennes actuelles, telles que reflétées par les déclarations de responsables syriens et d´articles parus dans la presse gouvernementale syrienne.

La Syrie – de l´isolement à l´endossement d´un rôle clé sur la scène internationale.

Jusqu´en 2008, la Syrie du président Bashar Al-Assad faisait figure d´Etat paria. La Syrie avait été isolée par l´Occident et par certains pays arabes et s´était trouvée soumise à des pressions internationales après l´assassinat de l´ancien premier ministre libanais Rafik Hariri. Après l´assassinat, la Syrie a été contrainte d´opérer le retrait de ses troupes postées au Liban.

Cette politique anti-syrienne agressive était essentiellement le fait de l´Administration Bush, qui avait placé la Syrie dans « l´axe du mal », avec l´Iran et la Corée du Nord, l´accusant d´implication dans le terrorisme en Irak. En 2004, les Etats-Unis ont intensifié les sanctions anti-syriennes, oeuvrant au sein du Conseil de sécurité de l´ONU pour faire passer la Résolution 1559 exhortant la Syrie à retirer ses forces du Liban. En octobre 2008, les Etats-Unis ont même bombardé le s insurgés soupçonnés d´opérer en territoire syrien contre l´Irak.

L´assassinat de l´ancien premier ministre Rafik Hariri a représenté un tournant dans les relations entre la Syrie et certains pays occidentaux et arabes, comme la France et l´Arabie saoudite, qui avaient jusqu´e là été de proches alliés. Ce changement est évidemment dû à la relation privilégiée qu´Hariri entretenait avec le président français Jacques Chirac et avec la famille royale saoudienne. La rupture des relations et la colère provoquée par l´assassinat apparaissent clairement dans un entretien accordé en juillet 2006 au Monde par Jacques Chirac, où il dit : « Il fut un temps où je parlais à Bachar Al-Assad. Je parlais avec son père. Pour ne rien vous cacher, ce dialogue s´est interrompu. C´est lui qui l´a voulu. Et puis je me suis aperçu qu´il ne débouchait sur rien. Que le régime incarné par Bachar Al-Assad me paraissait difficilement compatible avec la sécurité et la paix. »

Dans le monde arabe, c´est l´Arabie saoudite et l´Egypte qui ont d´abord durci leurs positions face à la Syrie, et selon certains rapports, ce sont ces pays qui se trouvent derrière la mise en place d´une Cour internationale chargée d´enquêter sur l´assassinat.

La Syrie resserre son alliance avec les forces anti-occidentales

La Syrie, pour sa part, s´est rapprochée de pays qui sont encore considérés comme isolés sur la scène internationale : l´Iran et le Venezuela.

L´Iran

La Syrie entretient de bonnes relations avec l´Iran depuis la Révolution islamique de 1979, bien qu´elle soit dirigée par le parti laïque Baath et que l´Iran soit une théocratie. Dans certaines circonstances, les relations de la Syrie avec l´Iran ont eu la priorité sur ses relations avec les autres pays arabes, comme lors de la guerre Iran-I rak (1980-1988).

Depuis que Bashar Al-Assad et Mahmoud Ahmadinejad sont arrivés au pouvoir, ces deux pays se sont sensiblement rapprochés, comme le révèle la signature d´un accord de défense conjoint, en décembre 2009, et la suppression de la nécessité de visa pour passer d´un pays à l´autre. Les deux présidents ont des approches similaires sur de nombreux points, notamment sur la nécessité de résister aux « les forces de l´hégémonie », et partagent une même vision d´un nouvel ordre régional et mondial.

C´est ce qui transparaît des propos tenus par Bashar Al-Assad à la veille de sa visite du 13 janvier 2010 en Arabie saoudite, où il qualifiait les relations entre l´Iran et la Syrie de « stratégiques et idéologiques ». Les deux pays se sont en outre servis de terminologies similaires, comme le reflètent leurs déclarations, émises lors de la visite d´Ahmadinejad à Damas en mai 2009. D´autre part, la Syrie joue le rôle d´avocat de l´Iran dans la région, s´efforçant d´apaiser les craintes des pays arabes relatives au régime iranien et de les amener à le considérer comme un allié.

Le Venezuela

Les relations entre la Syrie et le Venezuela se sont resserrées après qu´Hugo Chavez eut été élu président en 1998. Dans le cadre de sa politique anti-américaine, Chavez a resserré ses liens avec la Syrie et l´Iran. En 2006, alors que la Syrie était extrêmement isolée, Chavez lui a rendu une visite historique, au cours de laquelle lui et Bashar Assad ont insisté sur la nécessité de résister à l´impérialisme américain.

Nasser Qandil, ancien premier ministre libanais proche du régime syrien, rendait compte dans le quotidien gouvernemental Techrine de l´alliance entre Assad, Ahmadinejad et Chavez. Il affirmait que c´était comme « la déclaration d´une nouvelle [alliance] mondiale attendue par toute l´humanité, qui veut que les peuples gèrent leurs propres affaires et que la résistance ne soit pas qu´un slogan romantique mais une donnée de la vie… » (6)

La résistance armée au Liban et en Palestine

Ces dernières années, la Syrie a accru son soutien au Hamas et au Hezbollah, représentants respectifs de la résistance en Palestine et au Liban. Elle a en outre continué à soutenir secrètement les insurgés se battant contre les forces américaines en Irak.

La France et les Etats-Unis se tournent vers la Syrie

Cette stratégie a valu à la Syrie un soutien populaire important dans les pays arabes, mais a également donné lieu à un conflit quasiment sans précédent – une guerre froide – entre la Syrie et plusieurs régimes arabes, notamment l´Arabie saoudite et l´Egypte, ainsi que contre les Etats-Unis. Bien que cette politique ait conduit à sa marginalisation par certains pays arabes et par l´Occident, plaçant le régime syrien en danger d´effondrement, elle a prouvé sa valeur stratégique à la fin 2009.

Contrairement à l´administration Bush et au gouvernement Chirac, qui considéraient la Syrie comme un obstacle et une menace à la réalisation de leurs objectifs au Moyen-Orient, les gouvernements du président français Nicolas Sarkozy et du président américain Barack Obama et, avec eux, de l´Arabie saoudite, considèrent la Syrie comme le moyen d´atteindre des objectifs supérieurs et se sont donc efforcés de placer la Syrie dans leurs camps.

Tandis que la Syrie est restée fermement accrochée à ses positions, ces gouvernements se sont éloignés de la politique de leurs prédécesseurs, abandonnant l´approche de confrontation et l´isolement de la Syrie. Au lieu de cela, ils ont entrepris de traiter la Syrie comme un acteur clé de la région, indiqué pour jouer le rôle de médiateur entre l´Occident et l´Orient et apaiser la violence dans les territoires palestiniens, au Liban et en Irak.

Ce changement majeur a débuté sous la présidence de M. Sarkozy. Ce dernier a abandonné la politique de son prédécesseur, s´efforçant de sortir la Syrie de son isolement pour la ramener dans le giron de la France, estimant apparemment que grâce à la Syrie, la France serait capable d´étendre son influence au Moyen-Orient. C´est ce qui transparaît de déclarations faites par Sarkozy pour le quotidien syrien Al-Watan lors de sa première visite au pays, en septembre 2008 : « …Depuis mon élection, je souh aite que la France retrouve sa place sur l´échiquier international, et je suis intéressé à ce que mon pays porte la responsabilité de la paix au Moyen-Orient. Il est nécessaire pour cela de gagner la confiance de toutes les parties, et c´est pourquoi j´ai effectué plusieurs changements dans la politique française de la région ».


Lire le rapport intégral en anglais :
http://www.memri.org/report/en/0/0/...



Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 4.5.87
Hébergeur : OVH