Dès l’annonce de la catastrophe à Haïti, les communautés juives de par le monde se sont donné pour tâche d’aider les victimes. En France. Yves-Victor Kamami, membre du comité directeur du CRIF et président de la commission des relations avec les Afro-Antillais, a participé, le week-end dernier, à une manifestation de soutien au peuple Haïtien qui s’est tenue place du Trocadéro. Après avoir exprimé sa solidarité, il a souligné que des associations juives, dont le CRIF et le B’nai Brith, avaient entrepris de récolter des fonds auprès de la communauté.
En ce qui concerne le B’nai Brith, il a ouvert un compte spécial d’aide aux victimes. Les fonds récoltés seront transférés à IsraAID, le forum israélien pour l’aide humanitaire internationale. Toujours pour soutenir les équipes israéliennes présentes sur le terrain, Hadassah-France sollicite des dons qui serviront à financer l’équipe de secours israélienne qui comprend plusieurs médecins et un infirmier de l’hôpital Hadassah.
Aux Etats-Unis, IsraAID et l’American Jewish Joint Distribution Committee (JDC) se sont eux aussi joint à cette cause. « Nos pensées et nos prières sont avec le peuple d’Haïti, a déclaré à l’Agence Télégraphique Juive Steven Schwager, l’un des responsables du Joint. Aujourd’hui et dans le mois à venir, JDC va fournir une aide immédiate et une assistance à long terme pour aider le peuple haïtien à reconstruire sa vie ». L’American Jewish World Service collecte de son côté des dons en ligne via un fonds qu’il a créé pour l’occasion. « En raison de la situation politique et économique à Haïti, des désastres tels que celui-là ont des conséquences terribles dans tout le pays, souligne Aaron Dorfman, le vice-président du groupe. Notre longue collaboration avec des organisations basées à Haïti nous permet d’atteindre les populations les plus pauvres et les plus isolées avec la rapidité nécessaire pour sauver des vies ».
Autres grandes organisations participant à l’effort et à la collecte de dons, les Jewish Federations of North America ainsi que l’Orthodox Union, le célèbre O.U. Dans une déclaration commune, le président et le vice-président exécutif de cette dernière, Stephen Savisky et le rabbin Steven Weil, ont affirmé : « Il est difficile d’appréhender l’énormité de la catastrophe à Haïti. Les Juifs sont décrits dans le Talmud comme des « rachmanim bné rachmanim », c’est-à-dire comme un peuple particulièrement compatissant, sensible à la souffrance de tous. Nous ne pouvons pas rester spectateurs et ignorer ce drame terrible de souffrance humaine ».
De son côté, la Hebrew Immigrant Aid Society (HIAS) a appelé le gouvernement américain à octroyer aux Haïtiens vivant aux USA un statut spécial qui leur permettrait de rester dans le pays. « De nombreux Haïtiens aux Etats-Unis ne peuvent rentrer chez eux en raison du chaos qui règne sur place. Mais en restant ici, ils seront capables de fournir une aide économique et sociale aux membres de le leurs familles à Haïti », a expliqué Gideon Aronoff, le président de la HIAS.
Et puis, il y a eu aussi un peu partout des initiatives locales si nombreuses qu’elles ne peuvent bien sûr pas toutes être mentionnées. Citons parmi elles, le Board of Rabbis of Southern California qui, en compagnie d’une organisation de secours chrétienne, est en train d’organiser un concert pour Haïti en février prochain ou bien le musée des enfants Zimmer de Los Angeles qui demande à ses visiteurs de déposer des pièces et des billets dans une « machine de tsédaka [charité] » spéciale.
A Brooklyn, une réunion d’urgence s’est tenue entre les responsables de la communauté haïtienne et ceux des divers quartiers orthodoxes. « Nous ne sommes pas une organisation internationale avec les moyens de faire quelque chose au niveau international, a dit Leon Goldenberg de l’Agoudat Israel of America. Nous sommes des organismes locaux s’occupant des services sociaux pour la communauté juive d’ici mais nous nous sentons solidaires de nos voisins haïtiens. Après avoir eu connaissance de l’ampleur de la catastrophe à Haïti, nos organisations ont encouragé leurs membres à donner à des organisations de secours internationales ». Première réalisation concrète : le don de dix ordinateurs aux Haïtiens de Brooklyn qui pourront s’en servir pour tenter de contacter leurs proches au pays.
Au Canada voisin, le président du Canadian Jewish Congres s, Mark Freiman, et son directeur, Bernie Farber, ont transmis le message suivant au chargé d’affaires haïtien à Ottawa : « Au nom de la communauté juive du Canada, nous voulons exprimer notre profonde peine à propos des énormes pertes en vies humaines (...) causées par le tremblement de terre à Haïti. Nous pleurons avec vous et nos compatriotes d’origine haïtienne en celte période d’épreuve et nous présentons nos condoléances aux familles des victimes. En réponse à la crise, l’United Jewish Appeal-Federation de Toronto et de sa région ainsi que le Jewish Appeal de Montréal ont créé des fonds pour l’aide humanitaire dans les régions touchées. Ceci est dans la droite ligne du concept juif traditionnel du tikoun olam que l’on peut traduire par « réparer le monde ». Ceci s’entend généralement dans un sens métaphorique. Mais dans le cas présent, cela peut se comprendre littéralement alors qu’Haïti travaille pour se remettre de ce terrible tremblement de terre ».