Il est fini le temps où la profanation de tombes juives à Carpentras mobilisait une armée de citoyens dans les rues des villes françaises. En 1990, des centaines de milliers de personnes ont voulu exprimer leur opposition à la montée de l’antisémitisme issu de l’extrême droite. Que signifie leur silence d’aujourd’hui ?

Les récentes profanations des cimetières alsaciens et du mémorial de Verdun ne mobilisent plus. SOS Racisme tente de réunir quelques associations pour une manifestation dimanche prochain, mais peine à recruter dans son sillage les associations anti-racistes. Contacté par l’AFP, le président de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) Michel Tubiana a indiqué « n’avoir pas été informé, ni invité » à ce défilé qui doit s’achever par un meeting. Derrière cette visible mauvaise foi se dissimule une triste réalité.

La triste réalité est que le refus de Michel Tubiana et de ses amis de soutenir l’initiative de SOS Racisme est un message clair adressé à tous les citoyens qui sont mal à l’aise dans une condamnation unifiée de l’antisémitisme. Le combat antisémite a bien changé de nature. Hier, la profanation d’un cimetière juif était un acte inqualifiable qui méritait une réaction unanime et unitaire ; aujourd’hui, la profanation d’un cimetière juif divise.

Pendant que les associations comme la Ligue des Droits de l’Homme attendent les cartons d’invitation aux manifestations contre l’antisémitisme, le ministère de l’intérieur annonce une nouvelle poussée des violences anti-juives au cours du premier semestre de l’année (+ 59%). L’esprit de Carpentras a bien disparu.