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Jérusalem : qui provoque qui ?
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 11 octobre 2009

Depuis une dizaine de jours, sans rapport direct avec les projets de développement de constructions à Jérusalem, les Palestiniens, neuf ans après le début de la seconde Intifada, font monter la tension dans la ville. C’est sur l’ « esplanade des Mosquées/Mont du Temple », que se situent des escarmouches, que la police israélienne a, jusqu’à présent, à nouveau réussi à désamorcer, en limitant l’accès aux Palestiniens de plus de 50 ans, résidents dans la ville et aux femmes.

Et c’est précisément ce qui excite les Palestiniens, qui aimeraient pouvoir rééditer une nouvelle Intifada, en « criant au loup », en l’espèce en prétendant que les mosquées sont menacées, alors qu’il n’en est rien.

Il est vrai que l’« inconscience » de certains journalistes, tels le nouveau correspondant à Jérusalem du journal Le Monde est de nature à envenimer la situation.

Laurent Zecchini n’a-t-il pas, dans un reportage réalisé à Gaza, et publié dans le numéro daté du 9 octobre, rapporté les propos du ministre de l’intérieur du Hamas qui accuse les Juifs de vouloir détruire la mosquée Al Aqsa pour y reconstruire le Temple……

N’importe quoi……

Toujours est-il que les diplomates tombent dans le panneau.

Ainsi, le Coordonnateur des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Robert Serry, après une visite a-t-il déclaré que « les provocations de toutes parts concernant les sites religieux de Jérusalem doivent cesser ».

Une fois, encore, obsédés par le souci du parallélisme des condamnations met-on « dans le même sac » les provocateurs palestiniens qui, il y a une dizaine de jours s’en prenaient même à un groupe de touristes français, qu’ils avaient pris pour des Juifs, et la police israélienne qui, une fois de plus, tente, à juste titre de prendre des mesures préventives pour éviter le pire.

Le porte-parole de Quai d’Orsay n’est, malheureusement, pas en reste dans cette vision faussement (dés)équilibrée de la situation.

Lors de son point de presse de vendredi dernier, il indiquait que « la France appelle les parties à s’abstenir de toute action provocatrice » (souligné par nous).

On se demande où est la provocation israélienne, s’agissant d’empêcher une réédition des incidents sanglants de septembre 2000 ?

Pour illustrer la modération et la prudence des autorités israéliennes, on notera que le chef du mouvement islamique en Israël, Raed Salah, a été, brièvement, arrêté pour incitation à la violence, mais qu’il a été rapidement libéré avec, simplement, interdiction de rentrer dans Jérusalem pendant un mois.

Qu’il y ait eu des velléités de certains Israéliens de vouloir se rendre sur le Mont du Temple, à l’occasion des fêtes de Souccoth, est vraisemblable, mais, précisément, bien qu’on n’en parle pas, les violences ne venant pas du côté juif, la police veille au contrôle strict de l’accès à ce lieu, également de la part de Juifs, ce qui ne plaît pas à tout le monde.

Le diplomate français a cru bon de préciser que « la position de principe de la France sur le statut final de la ville de Jérusalem est constante. Cette question doit s’inscrire dans le cadre du règlement négocié entre les parties conformément au droit international » (souligné par nous).

Or, on ne répétera jamais assez qu’à l’heure actuelle, la « question de Jérusalem » n’est pas réglementée par le droit international.

Après les agressions arabes de 1948 et jordanienne de 1967, la partie de la résolution de 1947 relative au partage de la Palestine, qui entendait faire de Jérusalem un « corpus separatum », est manifestement caduque

C’est donc sur la base d’un règlement politique entre les deux parties, qui posera, précisément, des règles de droit international que la question pourra être réglée.

Le porte-parole français a rappelé que pour la France « il ne pourra y avoir de paix excluant Jérusalem qui a vocation, comme la dit le président de la République dans son discours à la Knesset le 23 juin 2008, à devenir la capitale de deux Etats ».

C’est un point de vue.

Malheureusement du côté palestinien, une vue plus radicale est souvent présentée.

Dans le reportage de Laurent Zecchini, dont nous faisons état, par ailleurs, le ministre de l’intérieur du Hamas, appelle à la reprise de la « guerre sainte » pour « libérer toute la Palestine historique  » (souligné par nous).

Ce qui ne laisse guère de place aux Juifs ni à Jérusalem, ni même dans le reste du pays.

Dans ces conditions, il est facile, d’inviter les deux parties à négocier, alors que du côté palestinien, il y a, pour certains, une négation persistante du droit à l’existence de l’Etat d’Israël, du moins à moyen terme et pour d’autres, présentés comme modérés, aucun effort pour ramener à la raison ceux qui se laissent abuser par des appels à la « guerre sainte ».



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