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Les démissions des démocraties
Richard Prasquier, président du CRIF (article paru dans Actualité Juive, ce jeudi 17 septembre 2009)
Article mis en ligne le 18 septembre 2009

En avril, à la conférence de Genève, dite Durban 2 certains ont eu l’espoir qu’un pas était franchi en voyant se lever les délégués de nombreux pays européens au moment où Ahmadinedjad poussait ses diatribes à la tribune de l’ONU. Moins de trois mois plus tard la face hideuse du régime iranien s’est révélée même à ceux qui ne voulaient pas voir : élections truquées, opposants pourchassés, emprisonnés, torturés et tués. Mais Ahmadinedjad va récidiver : le 24 septembre il parlera à l’ouverture de l’Assemblée Générale de l’ONU à New York.

Le gouvernement américain ne peut pas interdire sa visite. Et pour rien au monde le président iranien ne manquerait cette séance, là où dans un véritable raptus mystique, il s’était décrit lors d’un précédent voyage comme entouré d’un halo de lumière, apportant au monde son message prophétique.

Comment sera-t-il reçu ? L’an dernier, le Président Miguel d’Escoto Brockmann, prêtre nicaraguayen antiaméricain et antisioniste l’avait chaleureusement étreint. Pour cette année, le nouveau président de la 64e session est libyen, Ali Abdessalam Triki, ancien ministre des Affaires Etrangères élu en juin par acclamation. Les relations entre shiites et libyens n’ont pas toujours été excellentes (le leader shiite libanais, Mussa al Sadr a disparu lors d’un voyage en Libye en 1978….), mais entre l’Iran et la Libye le travail en commun à la direction des grandes organisations internationales est de routine. Ahmadinedjad recevra donc à l’ONU les honneurs dus à son rang.

Dans cette assemblée de 192 membres dont beaucoup ont un palmarès des Droits de l’Homme déplorable, les Etats démocratiques sont minoritaires. L’Iran et la Libye leur font régulièrement subir des humiliations symboliques, comme s’ils voulaient montrer que le rapport de forces est en leur faveur.

Pour la Libye, c’est une vieille histoire. Khadafi, dont on se répète les foucades et les rodomontades, a obtenu un label de respectabilité et depuis lors les honneurs et présidences n’ont cessé de pleuvoir sur lui ou son pays. L’ancien paria devenu le Président de l’union africaine,a infligé au Président de la Suisse, venu à Tripoli comme d’autres à Canossa, l’humiliation de s’excuser pour le travail normal de la justice genevoise vis-à-vis des exactions du fils Khadafi et de repartir en espérant que la promesse de libérer les otages suisses de la Libye serait tenue : elle ne l’a pas été. Et que dire de l’accueil enthousiaste et provocateur de l’organisateur de l’attentat de Lockerbee, Abdelbaset al Megrahi ? La liesse populaire s’adressait clairement à l’auteur d’un glorieux fait d’armes contre l’Occident, libéré pour des raisons médicales qui cachent mal l’espoir d’une avancée financière. Déconsidérés, Gordon Brown et les ministres écossais ne pouvaient convaincre en alléguant des motifs médicaux. Al Megrahi est resté en prison 11 jours par passager tué au cours de l’attentat….

La Libye est un pays désertique sans poids culturel ou historique dans l’Islam, son économie se borne à l’utilisation de la rente pétrolière au seul bénéfice du Guide. Le passé de celui-ci est rempli d’actes terroristes. Sa dictature ne permet aucune ébauche de critique. Et il semble qu’il puisse tout se permettre.

Le Parlement iranien, au lieu de barrer la candidature d’un ministre de la Défense recherché par l’Interpol pour avoir planifié l’attentat antisémite contre l’AMIA en 1994, a surmonté ses querelles de clans pour l’accepter avec enthousiasme, justement à cause de cette inculpation. Dans les négociations au sujet de son armement nucléaire l’Iran se moque avec constance de ses interlocuteurs, en leur faisant des propositions qui n’en sont pas et en mentant sans vergogne sur l’avancement de son programme…

Il y a bien des raisons à la faiblesse parfois complaisante des démocraties : le pétrole et le commerce, les enjeux humanitaires, pour sauver des innocents pris en otages, peut-être aussi une certaine indifférence sur ces « colifichets » que sont des présidences honorifiques et fictives. Mais c’est une démission morale que de faire silence sur les violations de la liberté pour ne tenir compte que de calculs politiques.

Il y a des situations particulièrement graves, où la charge symbolique s’efface devant des dangers existentiels. C’est là que les démissions morales ont les conséquences les plus graves. C’est actuellement le cas de la course à la bombe de l’Iran. Nous devons être fiers de la position ferme de la France, contrastant avec celle où certains Etats, dont peut-être les Etats Unis, donnent l’impression de se complaire, comme si l’histoire autorisait les ingénuités laxistes.



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