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Le discours d’Eliane Klein à la commémoration de la journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites
CRIF Région Centre
Article mis en ligne le 21 juillet 2009

Je dédie mes paroles, à l’otage franco-israélien Guilad Shalit, prisonnier du mouvement terroriste « Hamas » depuis + de mille jours, sans que la Croix Rouge et les autres organisations humanitaires aient obtenu un droit de visite. Guilad Shalit a été fait citoyen d’honneur de la Ville de Paris en décembre 2008. Je les dédie également à Ilan Halimi, sauvagement torturé et assassiné, en France, en 2006, au seul motif qu’il était Juif. A la mémoire de notre amie Yvette Kohler.

Depuis 16 ans déjà, j’ai eu l’honneur de m’exprimer ici lors de la cérémonie nationale consacrée à la mémoire des victimes des persécutions racistes et antisémites- les Tziganes et les Juifs- commises sous l’autorité du gouvernement de Vichy et en hommage aux « Justes parmi les Nations », ces hommes et ces femmes qui ont sauvé des Juifs, en particulier des enfants , pendant l’occupation.

C’est aussi l’occasion de rendre hommage aux Résistants français et étrangers, dont la détermination politique et le courage ont concouru à vaincre la menace totalitaire.

Car, comme l’a dit Madame Simone Veil : « Face à la folie exterminatrice et face à l’horreur du système nazi, il y a eu l’amitié et l’humanité qui ont su résister. Ce sont les 2 faces des êtres qui ont été mêlées à cette monstrueuse entreprise ».

Je rends également hommage aux anciens déportés, aux derniers témoins, aux enseignants, aux Institutions et Associations qui, tous, contribuent à l’édification de notre mémoire.

Et, en particulier, dans notre Région, le CERCIL, dont le Crif Région Centre et la Communauté juive d’Orléans figurent parmi les membres fondateurs, participe à ce difficile, exigeant travail de Mémoire et d’Histoire.

Certains, en France, se plaignent d’un « trop plein » de commémorations en y voyant une marque de complaisance, un geste sans signification, ou même, s’agissant de la Shoah, d’un signe d’ethnocentrisme des Juifs de France.

Face à ces critiques, j’affirme la nécessité de ces moments de remémoration collective qui s’inscrivent dans la tradition juive nous enjoignant de nous souvenir et dans la tradition républicaine de la France, empreinte du souci de justice, de vérité et de respect de la personne humaine.

La cérémonie qui se déroule chaque année autour du 16 juillet, a fait de cette Place de la République un lieu de Mémoire, un lieu pour se recueillir et réfléchir aux terribles évènements qui se sont produits si près d’ici, dans les camps de Pithiviers et Beaune La Rolande, après la rafle du Vel d’Hiv, les 16 et 17 juillet 1942 : plus de 8.000 Juifs parmi les 13.000 arrêtés, dont plus de 4.000 enfants de 2 à 18 ans, y furent internés avant d’être envoyés, directement, ou via Drancy, dans le camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau pour y être assassinés. Leur « crime » : être nés Juifs.

Ce qui s’est passé là est l’un des épisodes les plus tragiques de notre Histoire : la collaboration du gouvernement de Vichy à un crime sans précédent, la SHOAH, une « césure dans l’histoire de la civilisation »( Hannah Arendt), l’anéantissement programmé de tout un peuple.

Face à un tel évènement, il nous incombe, non pas de tourner la page, mais de mettre en lumière le « comment » et le « pourquoi » d’un tel désastre.

Les témoignages et les nombreux travaux des historiens ont mis en lumière le rôle joué par le Régime de Vichy comme auxiliaire de la politique génocidaire des nazis. Toutes les mesures prises par ce Régime signèrent la faillite de la démocratie et d’une certaine idée de l’Homme.

La Rafle du Vel d’Hiv fut le point culminant de la politique antisémite mise en œuvre par le gouvernement de Pétain dès le 3 octobre 1940, par les décrets dits « Statuts des Juifs », lois de ségrégation, d’exclusion, de spoliation et d’internement qui préfiguraient la tragédie de l’année 1942. Ces « Statuts indignes qui faisaient de mes parents des étrangers dans le pays qui les avait accueillis et leur avait accordé la citoyenneté française.

Il convient de s’interroger sur le rôle joué par une grande partie des hauts fonctionnaires de Vichy, plus soucieux de leur carrière que de la portée de leurs actes, exécutant des ordres iniques, sans oublier(occulter ?) l’immense zone grise de la bureaucratie, des corps intermédiaires et de tous ceux qui, par indifférence, lâcheté ou haine antisémite, se sont rendus complices de la barbarie.

A l’heure où nous vivons des temps précipités, médiatiques, où une image chasse l’autre, des temps où l’ignorance et la malveillance conduisent à des dérives, des amalgames, des parallèles ineptes, il faut prendre le temps de l’étude rigoureuse et de la réflexion.

Réflexion sur les questions fondamentales que la Shoah et les génocides des 20ème et 21ème siècles posent à la conscience humaine.

Comment un Etat moderne a-t-il pu basculer dans la barbarie ? Comment des Etats démocratiques ont-ils pu laisser faire ?

Aujourd’hui encore, comment des Etats criminels peuvent-ils décider de qui est digne de vivre ou non ?

Je pense aux déclarations incendiaires, violemment antisémites-négationnistes du président iranien, je pense aux massacres et génocides perpétrés depuis la Shoah : Cambodge, Bosnie, Rwanda, Darfour, etc…Ces quelques exemples corroborent la réflexion amère d’Elie Wiesel : » Le monde n’a malheureusement pas tiré la « leçon » de la Shoah ».

Les démocraties avaient mis en place des organismes internationaux, après la 2ème guerre mondiale, dans le but d’assurer la paix et la sécurité internationale.

Or, les principes fondateurs de l’Onu ont été bafoués, dans les mots et les actes, comme, par exemple, à Durban I (et II), ou dans la candidature à la direction de l’Unesco d’un homme qui a proféré des propos antisémites indignes.

Face à ce terrible constat, il nous appartient de renforcer la culture démocratique contre la culture du crime, de promouvoir les valeurs universelles qui fondent la démocratie, car, comme l’a écrit l’historien Elie Barnavi, s’adressant aux citoyens européens : « Il y a la civilisation et il y a la barbarie, et entre les deux il n’y a pas de dialogue possible…il faudra vous armer de patience et de conviction, il faudra défendre la laïcité sans laquelle il n’y a pas de démocratie possible…Il y va de la sauvegarde de vos valeurs, de vos libertés, de votre mode de vie. Bref, de l’avenir de vos enfants ».



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