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Le Hezbollah n’a pas intérêt à enflammer le front libanais
Ramzi Haidar AFP
Article mis en ligne le 3 janvier 2009
dernière modification le 2 janvier 2009

Le Hezbollah libanais, bête noire d’Israël à l’instar du Hamas, s’est investi jusqu’à présent dans un soutien moral à la bande de Gaza mais ne devrait pas voler à son secours ni ouvrir un front à la frontière avec l’Etat hébreu, estiment des analystes. Plus de deux ans après le conflit dévastateur entre le « parti de Dieu » et l’Etat hébreu, « le Hezbollah n’est pas dans une position lui permettant de supporter le fardeau d’une deuxième guerre », affirme Paul Salem, du Centre Carnegie pour le Moyen-Orient.

Jusqu’à présent, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a multiplié les discours d’appui au Hamas, dont il partage la politique de « résistance » contre Israël et le soutien indéfectible de l’Iran et la Syrie, mais rien dans ses paroles n’évoque un éventuel soutien militaire.

« Bien que le Hezbollah considère la Palestine comme une cause centrale, il serait naïf de penser que le parti va attaquer Israël en représailles » aux événements à Gaza, affirme Amal Saad-Ghorayeb, experte du puissant mouvement armé.

« Même s’il en a l’intention et les moyens, il est difficile pour le mouvement d’aider le Hamas directement, pour des raisons logistiques et géographiques », explique M. Salem.

Seul groupe armé ayant été capable de tenir tête à Israël, le Hezbollah aurait, selon Israël, « triplé sa puissance de feu » depuis la guerre de 2006 et disposerait de 42.000 missiles pouvant atteindre Tel-Aviv voire au-delà.

Mais, malgré l’annonce par Nasrallah dimanche que son mouvement était prêt à faire face à toute attaque israélienne, il ne semble pas que le Hezbollah soit disposé à s’aventurer sur ce terrain, pour des raisons internes.

« Un front libanais serait désastreux car le pays et notamment le sud et la banlieue sud de Beyrouth », fiefs du Hezbollah durement touchés en 2006, « sont encore en train de se relever » de la dernière guerre, indique Mme Saad-Ghorayeb.

« Une partie des Libanais sont déjà contre toute initiative armée du Hezbollah, mais cette fois-ci, s’il déclenche une offensive, ce sera très mauvais pour lui vis-à vis du public acquis à sa cause », explique M. Salem.

La majorité parlementaire antisyrienne insiste pour que l’Etat libanais ait le monopole des armes et des décisions de guerre et de paix, le Hezbollah étant le seul groupe libanais à ne pas avoir déposé ses armes après la fin de la guerre civile (1975-1990).

Le parti chiite estime lui nécessaire de conserver son arsenal pour protéger le pays contre Israël.

Cette question épineuse est au centre de réunions de « dialogue national » consacré à l’examen de la stratégie de défense nationale.

« Si le Hezbollah provoque soudain une escalade, ses rivaux pourront s’en servir comme argument » pour exiger son désarmement, affirme Mme Saad Ghorayeb. Selon les analystes, le Hezbollah ne souhaiterait pas davantage une confrontation avec l’armée libanaise, déployée dans le sud après la guerre de 2006 pour la première fois depuis 30 ans.

Toutefois, le Hezbollah pourrait bien justifier des représailles en cas d’attaque israélienne.

Selon l’experte, le parti ne manque pas de prétextes pour passer à l’action, comme le projet de « venger » son leader assassiné en 2008, Imad Moughnieh. Mais, pour l’heure, il adopte une tactique d’attaque médiatique contre les pays arabes alliés de Washington.

M. Nasrallah a accusé certains d’entre eux et notamment l’Egypte de « complicité » avec Israël après le déclenchement des raids contre Gaza.

Alors que l’offensive se poursuit, « le Hezbollah pourrait en sortir renforcé comme force de résistance populaire, de même que la Syrie et l’Iran du point de vue politique, si Israël perd », indique Walid Charara, co-auteur de l’ouvrage « Le Hezbollah : un mouvement islamo-nationaliste ».

En revanche, si l’Etat hébreu « gagne, cela représentera un danger pour le Liban à long terme, car cela signifierait qu’il a trouvé un moyen de contrer la stratégie de guérilla urbaine développée par le Hezbollah et adoptée par le Hamas », prévient M. Salem.



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