Bandeau
DESINFOS.COM
Slogan du site

Depuis Septembre 2000, DESINFOS.com est libre d’accès et gratuit
pour vous donner une véritable information indépendante sur Israël

Hébron : Un aveu terrible des dirigeants du Conseil régional de Judée-Samarie. Quand les créatures échappent à leur créateur…
Par Mati Ben Avraham à Jérusalem | ISRAEL VALLEY
Article mis en ligne le 3 décembre 2008

..Et cet aveu, terrible, des dirigeants du Conseil régional de Judée-Samarie : ” Ils (les jeunes) sont devenus incontrôlables, ingérables.” Les créatures ont échappé à leur créateur. Car ces jeunes ne se sont pas découverts ultra-nationalistes du jour au lendemain. Ils ont été élevés dans des écoles talmudiques, des collèges religieux où la confusion entre frontières politiques et frontières religieuses est soigneusement entretenue, où l’occupation du sol est enseignée en tant qu’impératif divin, et par conséquent ne peut et ne doit que primer sur la législation humaine.

L’une des scènes les plus célèbres du second Faust, acte II, celle dite du Laboratoire, présente la fabrication d’un petit personnage, appelé Homonculus. Un thème que Goethe portait en lui depuis longtemps. On le trouve des 1798, dans l’une de ses plus célèbres ballades : l’apprenti sorcier. Brièvement : le vieux Maître s’est éloigné. Le valet a tout observé, les paroles, les pratiques, les rites. Il va pouvoir lui aussi accomplir des prodiges. On le voit transformer un balai en une mécanique humaine docile. Il l’envoie chercher de l’eau. Mais il a mal retenu le mot. Les cruches se succèdent, inondent tout. Le valet, pris de panique, brise le balai en deux : peine perdue, voici deux serviteurs en action. Seul le retour du vieux maître le sauve de la catastrophe.

La question, ici, est de savoir s’il est un vieux maître capable de renverser la situation. C’est bien entendu d’Hébron qu’il s’agit et, plus spécifiquement de ces jeunes juifs israéliens nationalistes religieux qui défient ouvertement l’Etat. Pire, qui veulent provoquer un conflit avec les habitants arabes de cette cité pour empêcher l’application d’une décision de la Cour suprême. Leur violence s’étale à la une de tous les médias, ce mercredi matin.

Et cet aveu, terrible, des dirigeants du Conseil régional de Judée-Samarie : ” Ils (les jeunes) sont devenus incontrôlables, ingérables.” Les créatures ont échappé à leur créateur. Car ces jeunes ne se sont pas découverts ultra-nationalistes du jour au lendemain. Ils ont été élevés dans des écoles talmudiques, des collèges religieux où la confusion entre frontières politiques et frontières religieuses est soigneusement entretenue, où l’occupation du sol est enseignée en tant qu’impératif divin, et par conséquent ne peut et ne doit que primer sur la législation humaine. Des jeunes paradoxalement désœuvrés par ailleurs, confinés par idéal dans des ghettos et où l’exacerbation idéologique est la règle.

Cependant, les événements violents à la lisière de la présence juive israélienne et du monde arabe musulman de la Cité des Patriarches posent la question de la responsabilité globale par rapport à la politique menée depuis 1968 dans les territoires conquis durant la guerre des six jours. Le gouvernement israélien d’alors s’est refusé à l’annexion. Ces territoires ont été considérés comme une monnaie d’échange pour parvenir à la paix, suivant l’esprit de la résolution 242 du Conseil de sécurité. Le triple non arabe d’un côté, le sentiment diffus d’avoir retrouvé le cœur même de l’ancestrale patrie de l’autre, ont imprimé un autre cours au conflit. La naissance de Goush Emounim, du Bloc de la foi, a impulsé et précipité une politique d’occupation des sols mi-officielle, mi-cachée. Il faut lire le rapport Sasson, diligentée en 2003 par Ariel Sharon, pour appréhender et l’ampleur et les mécanismes mis en place au fil du temps qui ont permis le développement de la présence juive israélienne en Judée-Samarie, sans avoir l’air d’y toucher. C’est cette ambiguïté que, aujourd’hui, les jeunes exaltés d’Hébron pulvérisent.

Ce qui pose une double problématique au gouvernement, mais pas seulement. La première concerne le rétablissement de l’autorité de l’Etat. Tzipi Livni a très bien compris l’importance de l’enjeu, qui a appelé tous les leaders politiques à faire cause commune pour bloquer ce défi lancé aux institutions civiles et militaires de l’Etat.

La seconde aux relations avec les Etats-Unis. Relations privilégiées, mais qui font oublier trop souvent que Washington a prôné et prône encore le retrait israélien aux frontières d’avant juin 1967, avec des rectifications mineures. Bill Clinton a été le plus précis : restitution de 97% des territoires, avec compensation territoriale de 3% ailleurs. L’actuel président a lui, par lettre à Ariel Sharon en 2003, établi que le droit au retour des réfugiés réclamé par l’Autorité palestinienne ne s’appliquerait qu’au sein de l’Etat palestinien. En contrepartie, Ariel Sharon s’était engagé à démanteler tous les points d’appuis édifiés hors des implantations existantes et à stopper l’extension de celles-ci.

Dov Weissglas, qui fut le proche conseiller politique d’Ariel Sharon, l’homme qui a cumulé un nombre d’heures impressionnant en discussions, en tractations avec les plus hauts responsables de l’administration américaine, a révélé dernièrement un point intéressant. A partir de 2004, a-t-il dit, la Maison blanche et le Département d’Etat ont manifesté de plus en plus leur mécontentement devant la mauvaise volonté israélienne à tenir ses engagements. En 2005, a précisé Dov Weissglas, la décision de se retirer de la bande de Gaza a évité une crise majeure avec les Etats-Unis, qui se serait traduite par une suspension de l’aide américaine dans tous les domaines.

Il n’est donc pas interdit de penser que le président élu des Etats-Unis, Barack Obama, s’alignera sur la politique de ses deux prédécesseurs à la Maison Blanche. En quelque sorte, l’heure du choix approche pour les dirigeants israéliens, de quelque bord soient-ils. Quand un président américain dit vouloir assurer la sécurité de l’Etat d’Israël – et le fait -, cela ne signifie pas que cette sécurité passe par la continuation de la présence juive israélienne dans les territoires conquis en 1968. Ni en Judée-Samarie. Ni sur le Golan. En ce sens, le traitement de l’épreuve actuelle d’ Hébron sera lourd de conséquences.—



Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 4.5.87
Hébergeur : OVH