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Débat au sein de l’Autorité palestinienne sur le procès des quatre suspects de l’attaque du 15 décembre 2003 contre un convoi américain
MEMRI
Article mis en ligne le 27 février 2004

Le 5 février 2004, l’ambassade américaine à Tel-Aviv a publié une annonce dans le quotidien de l’Autorité palestinienne Al-Hayat Al-Jadida et dans le quotidien palestinien Al-Qods, offrant jusqu’à 5 millions de dollars en échange d’informations permettant d’arrêter les auteurs de l’attaque du 15 décembre 2003 contre un convoi diplomatique américain parti gérer les bourses Fulbright à Gaza, attaque qui a fait trois morts parmi le personnel de sécurité américain. (1)

Un conseiller de Yasser Arafat a reconnu que les Etats-Unis avaient menacé d’interrompre leur aide à l’Autorité palestinienne, ainsi que celle d’autres sources, si des mesures sérieuses n’étaient pas prises pour arrêter les coupables. (2) L’Autorité palestinienne a réagi en ordonnant l’ouverture de l’audience du procès militaire des quatre hommes accusés de l’attentat. La séance a toutefois été repoussée au 29 février afin que les accusés puissent engager un avocat. Un représentant de la partie plaignante a déclaré que les quatre accusés possédaient des explosifs et des armes, et qu’ils avaient à plusieurs reprises installé des charges explosives anti- tanks, estimant qu’une mine avait peut-être explosé au passage du convoi. (3)

L’ouverture du procès a provoqué un flot de réactions de la part des personnes impliquées et d’autres personnalités palestiniennes. Voici un aperçu général des réactions palestiniennes au procès :

Le « Comité de résistance populaire » condamne le procès « de Palestiniens honorables et loyaux »

L’un des accusés a nié toute participation à l’attentat du groupe mis en cause, soulignant en outre qu’ils n’avaient été prévenus que tardivement de l’ouverture du procès et n’avaient donc pas eu le temps de nommer un avocat à leur défense. (4)

Lors d’une manifestation de solidarité aux quatre accusés, intervenue en face de l’immeuble abritant le Conseil législatif palestinien à Gaza, où se déroulait le procès, le Comité de résistance populaire (CRP), dont sont membres les quatre détenus, a déclaré que le procès contrevenait à la position du Comite de sécurité chargé de l’enquête (créé par Yasser Arafat pour l’occasion), position selon laquelle les quatre accusés n’avaient aucun lien avec cette affaire. Le CPR a précisé que lors d’une rencontre intervenue le 5 janvier, ils en avaient même informé des responsables américains.

Le CPR a condamné l’indifférence de Yasser Arafat face aux conclusions du Comité de sécurité chargé de l’enquête, qualifiée de « dangereuse et méprisante vis-à-vis du système légal ». Le CPR a en outre averti que si les quatre accusés n’étaient pas libérés, ils emploieraient tous « les moyens légaux et illégaux pour les faire sortir de prison ». (5)

Les membres du CPR ont fait savoir que la manifestation armée n’était que la première étape, et que la branche militaire ne resterait pas bras croisés. Le CPR a également accusé l’Autorité palestinienne d’avoir trouvé un arrangement avec les Etats-Unis pour « juger des Palestiniens honorables et loyaux. » (6)

Lors de la manifestation, un porte-parole du CPR a envoyé un message à l’attention des plus hauts responsables palestiniens en ces termes : « Pour cinq millions de dollars, vous êtes prêts à vendre votre conscience, mais vos vies et celles de vos fils ne suffiront pas à vous faire libérer nos quatre membres. » (7)


Un membre du Conseil législatif palestinien : ne « livrez pas nos fils à nos ennemis »

M. ’Imad Al-Falouji, ancien ministre palestinien de la Communication, actuellement membre du Conseil législatif palestinien, a aussi participé à la manifestation de solidarité. Il a reproché à l’Autorité palestinienne d’intenter un procès militaire aux quatre accusés, soulignant que c’était là un bon exemple de la commercialisation qu’elle faisait du sang palestinien. Al-Falouji a exhorté l’Autorité palestinienne à « ne pas livrer nos fils à nos ennemis ».

Al-Falouji a ajouté que le Conseil législatif palestinien avait décidé de prendre des mesures, dont celle de rencontrer certains représentants de l’accusation ainsi que les quatre accusés, pour entendre leur version des faits. Il a estimé que « puisque les quatre hommes inculpés n’ont pas avoué le crime, ils doivent être relâchés. » Il a également appelé les membres du Conseil législatif à démissionner si les détenus n’étaient pas libérés.(8)

Quelques jours après la manifestation, Al-Falouji a écrit un article intitulé : « Qui a tué les trois Américains à Gaza ? », accusant Israël d’avoir perpétré l’attentat. Al-Falouji est arrivé à cette conclusion après avoir écarté la possibilité d’une opération des factions de la résistance palestinienne, ces dernières ayant déclaré que la résistance visait uniquement l’occupation israélienne ; Al-Falouji assure que les factions palestiniennes auraient démantelé les explosifs après le départ des forces armées israéliennes.

Al-Falouji critique également l’annonce par les Etats-Unis d’une récompense de 5 millions de dollars contre toute information menant à la capture des coupables, celle-ci ayant été publiée après l’arrestation des quatre accusés. Il ajoute : « N’est-ce que parmi nous que des Américains sont tués sans que personne ne soit en mesure d’identifier les responsables ? » (9)

Autres critiques du procès

Les Brigades des martyrs Al-Aqsa, la branche militaire du Fatah, ont publié un communiqué déclarant qu’aucune preuve ne permettait de penser que les accusés étaient impliqués, commentant : « Au lieu de poursuivre les agents, les traîtres et les hommes corrompus qui font ce qu’ils veulent, l’Autorité palestinienne s’est mise à traîner en justice des combattants innocents, demandant à notre peuple de présenter sa gorge à l’ennemi pour qu’il la lui tranche comme bon lui semble. Voilà qui satisfera peut-être [l’ennemi] et contentera le gouvernement américain qui, à chaque occasion, déclare son soutien à l’adversaire. » (10)

L’ancien ministre palestinien de la Sécurité intérieure, Muhammad Dahlan, a affirmé que le manque de preuves indiquait que ces accusés étaient victimes de la confusion prévalant dans l’arène palestinienne. (11)

Dans un communiqué, le Centre palestinien pour les Droits de l’Homme a protesté contre le choix d’un tribunal militaire, précisant que, à son avis, cette cour était semblable aux tribunaux de sécurité d’Etat que l’Autorité palestinienne avait décidé de suspendre. Le Centre palestinien pour les Droits de l’Homme a également exigé que l’affaire soit transférée à une cour civile, afin d’assurer un procès équitable. (12)

Notes :

(1) Pour plus d’information sur ce sujet, voir l’Enquête et Analyse n° 153 de MEMRI, ’Réactions palestiniennes à l’attentat de Gaza contre le convoi américain’

http://memri.org/bin/french/latestn...

(2) Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 7 février 2004.

(3) Al-Hayat Al-Jadida (Autorité palestinienne), le 8 février 2004.

(4) Al-Hayat Al-Jadida (Autorité palestinienne), le 8 février 2004.

(5) Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 11 février 2004.

(6) Al-Hayat (Londres), le 11 février 2004.

(7) Al-Hayat (Londres), le 11 février 2004.

(8) Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 11 février 2004.

(9) Al-Qods (Autorité palestinienne), le 15 février 2004 ; Al-Hayat Al-Jadida (Autorité palestinienne), le 14 février 2004.

(10) Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 11 février 2004. Le père de l’un des détenus a en outre assuré que le procès était illégal et que ce genre d’audiences devait être réservé aux Palestiniens accusés de ’collaboration’ avec les autorités israéliennes. Al-Ayyam (Autorité palestinienne), le 11 février 2004.

(11) Al-Ayyam (Autorité palestinienne), le 11 février 2004.

(12) Al-Hayat Al-Jadida (Autorité palestinienne), le 8 février 2004.

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