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Sur le trottoir
Albert Capino
Article mis en ligne le 23 février 2004
dernière modification le 12 avril 2004

Entre un Edgar Nahoum - devenu Morin - atteint par une sénilité décidément envahissante, qui tortille laborieusement son mal-être sur trois colonnes du « Monde » pour nous expliquer la différence qu’il fait entre « l’antisémitisme », « l’antijudaïsme » et « l’anti-israélisme », le syndrome de Stockholm d’un Théo Klein et les raccourcis simplificateurs et scatologiques d’un breton-camerounais devenu défenseur de la cause noire, il y a de quoi perdre un peu son latin.

En latin, « objectus » est ce que l’on met devant, que l’on expose, que l’on oppose ce que l’on reproche ou que l’on inspire.

Alors, bien que l’objectivité soit un idéal que tout le monde poursuit sans jamais l’atteindre, essayons, un tant soit peu, d’être objectifs.

Avant de taxer un groupe « d’extrémiste » ou de « raciste », il convient de remettre les faits dans leur contexte. Avant qu’il revête l’habit immaculé de martyr de la censure, d’apôtre de la libre expression, il convient tout de même de rappeler que notre « humoriste » en quête de public, qui a fait la une des médias toute la semaine écoulée, s’est laissé aller à des excès de langage pour le moins insultants, sinon orduriers. Bien éloignés d’un quelconque humour. Se poser en victime pour susciter un sentiment de solidarité coupable, me rappelle trop ces étudiants de couleur qui m’abordaient à la sortie de la Sorbonne en m’apostrophant : « vous êtes raciste ? » et lorsque je répondais « non, bien sûr », il sortaient une pile de livres d’un sac pour me proposer de leur acheter.

Nous sommes dans un environnement propice aux amalgames, à tous les excès. La parole antisémite s’est libérée et certains en profitent pour croire que cela leur donne le droit de tout dire en la travestissant leur « antisionisme » derrière une « critique de la politique israélienne ».

Comment un Dieudonné M’Bala M’Bala peut-il se réclamer de Martin Luther King, faire insulte à la mémoire du révérend assassiné, qui écrivait dans une de ses lettres :

« ... Tu déclares, mon ami, que tu ne hais pas les Juifs, que tu es seulement antisioniste. A cela je dis (…) quand des gens critiquent le sionisme, ils pensent Juifs. » L’antisémitisme, la haine envers le peuple juif, a été et reste une tache sur l’âme de l’humanité. Nous sommes pleinement d’accord sur ce point. Alors sache aussi cela : antisioniste signifie de manière inhérente antisémite, et il en sera toujours ainsi.

Pourquoi en est-il ainsi ? Tu sais que le Sionisme n’est rien moins que le rêve et l’idéal du peuple juif de retourner vivre sur sa propre terre. Le peuple juif, nous disent les Écritures, vécut en union florissante sur la Terre Sainte, sa patrie. Ils en furent expulsés par le tyran de Rome, les mêmes Romains qui assassinèrent si cruellement Notre Seigneur. Chassé de sa patrie, sa nation en cendres, le peuple juif fut forcé d’errer sur le globe. Encore et encore, le peuple juif souffrit aux mains de chaque tyran qui vint à régner sur lui.

"Le peuple noir, sait, mon ami, ce que signifie souffrir les tourments de la tyrannie, sous un joug que l’on n’a pas choisi. Nos frères en Afrique ont supplié, plaidé, demandé, EXIGE la reconnaissance et la réalisation de leur droit naturel de vivre en paix sous leur propre souveraineté, dans leur propre pays.

Pour quiconque chérit ce droit inaliénable de toute l’humanité, il devrait être si facile de comprendre, de soutenir le droit du Peuple Juif à vivre sur l’antique Terre d’Israël. Tous les hommes de bonne volonté se réjouiront de la réalisation de la promesse de dieu, que son Peuple retourne dans la joie sur la terre qui lui a été volée. C’est cela le Sionisme, rien de plus, rien de moins.

Et qu’est l’antisionisme ? C’est le déni au peuple juif d’un droit fondamental que nous réclamons à juste titre pour le peuple d’Afrique et accordons librement à toutes les nations de la terre. C’est de la discrimination envers les Juifs, mon ami, parce qu’ils sont Juifs. En un mot, c’est de l’antisémitisme.

L’antisémite se réjouit de chaque occasion qui lui est donnée d’exprimer sa malveillance. L’époque a rendu impopulaire, à l’Ouest, de proclamer ouvertement sa haine des Juifs. Ceci étant le cas, l’antisémite doit à chaque fois inventer de nouvelles formes et de nouveaux forums pour son poison. Combien il doit se réjouir de la nouvelle mascarade ! Il ne hait pas les Juifs, il est seulement antisioniste.

Mon ami, je ne t’accuse pas d’antisémitisme délibéré. Je sais que tu ressens, comme je le fais, un profond amour pour la vérité et la justice, et une révulsion envers le racisme, les préjugés, la discrimination. Mais je sais que tu as été trompé, comme d’autres l’ont été, en te faisant croire que tu pouvais être antisioniste tout en restant fidèle aux principes que nous partageons toi et moi du fond du coeur. Que mes paroles sonnent dans les profondeurs de ton âme : quand les gens critiquent le sionisme, ne te trompe pas, ils pensent les Juifs. « [Extrait de M.L. King Jr., »Letter to an Anti-Zionist Friend," - Saturday Review_XLVII (Aug. 1967), p. 76. Reprinted in M.L. King Jr., This I Believe : Selections from the Writings of Dr. Martin Luther King Jr.]

Martin Luther King était noir, mais la comparaison s’arrête là. Contrairement à « l’humoriste » français, il prêchait la paix, la non-violence et c’est pour ces idées que le révérend fut assassiné.

Nous sommes très attachés à la liberté d’expression, en particulier des artistes, qu’on adore, mais pas aux manifestations de haine insidieuse.

L’ humour c’est autre chose. Les clowns se moquent, mais toujours d’eux-mêmes. L’humour, ce n’est pas grimacer bêtement en prenant ses outrances pour des chefs-d’oeuvre de caricature. Avoir de l’humour, c’est être capable d’arracher, ne serait-ce qu’un sourire, aux personnes vers lesquelles on est censé avoir décoché des flèches. Dieudonné M’Bala M’Bala ne fait ricaner que ceux qui portent les mêmes haines que lui. Il n’y a entre lui et son public qu’un échange de venins, à coups d’applaudissements.

Que lui ont fait les Juifs ? Que lui a fait Israël, à lui personnellement ? Quelles responsabilités détient-il pour s’arroger le droit d’apostropher tout un peuple, de cracher, ou pire, sur un drapeau ? Il n’est qu’un spectateur parmi d’autres du psychodrame politique mondial. Avoir des opinions oui, mais sans légitimité politique, sur le trottoir en face de l’Olympia, il ne fait que du « café de commerce ».

Un prétendu humoriste doit au moins avoir le sens de l’originalité.

Portraiturer Sharon en Hitler, avec autant de « heil Israël » et autres joyeusetés, c’est ce que font régulièrement les Hamas, Hezbollah, Jihad islamique et que rééditaient les manifestants « anti-guerre-en-Irak ».

Dans ses déclarations très provocatrices, Dieudonné M’Bala M’Bala manie une trivialité volontairement amnésique. Il utilise les mêmes arguments dispensés par l’Autorité palestinienne à ses porte-paroles. Et dans l’imagerie simpliste de la puissance de feu d’une armée contre les lanceurs de pierre, il oublie de dire que ces derniers servent souvent de boucliers aux factions radicales armées, qui dénient au peuple juif son droit à l’existence. Les mêmes qui envoient des bombes humaines se faire exploser dans des autobus remplis de civils innocents, comme encore ce dimanche.

Dieudonné M’Bala M’Bala aura bientôt l’occasion d’exprimer tout son saoul dans une salle. Une salle d’audience cette fois-ci. Poursuivi par plusieurs organisations pour injures racistes, incitation à la haine raciale, il se targue d’avoir toujours été relaxé.

Mais il y a une première fois à tout. Et la prochaine fois que Dieudonné M’Bala M’Bala compte « s’asseoir sur la Justice française », comme il se plaît à le déclarer, je lui suggère de bien serrer les fesses car cette fois-là, il pourrait bien l’avoir dans le c… Une fois ses véritables opinions clairement mises en évidence, bien éloignées de l’humanisme et de la non-violence dont il se réclame, je doute alors que le MRAP ou la LDH volent à son secours et creusent encore plus profondément le fossé qui les éloigne de leur vocation : l’anti-racisme et les droits de l’homme.

Nous pourrons alors nous consacrer plus sereinement à des événements autrement plus importants que sa petite personne : l’avenir politique en France et en Europe, l’effondrement de l’éducation, le désengagement des implantations et la barrière de séparation au Proche-Orient, la lutte pour la succession d’Arafat au sein de l’Autorité palestinienne, l’Iran de tous les dangers, la fin des attentats suicide, les nouvelles perspectives de coopération Israélo-européennes, la paix, et la lutte contre le racisme, tous les racismes.

Pas celui qui sert de prétexte à un clown triste qui choisit le trottoir comme plate-forme idéologique, sous la protection policière de 300 CRS, sans que la moindre manifestation d’une quelconque hostilité des prétendus « extrémistes juifs » qu’il brocarde, ait pu être constatée à son égard.

Albert Capino


Je remercie chaleureusement Josiane (France), Edmond Silber (Canada) et Diana Mordasini (Suisse) pour leurs contributions.



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