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Israel@60ans ENTENDRE ! ENTENDRE !
par Judy Siegel-Itzkovich, | THE JERUSALEM POST - Traduction et relai : INFO’SION, Jérusalem-capitale (Israël)
Article mis en ligne le 18 mai 2008

Le Dr Jean-Yves Sichel, chef du département d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie du cou, et le Dr Ronen Perez, directeur de l’unité d’otologie ont été interrogés par Judy Siegel-Itkovich. Il n’y a jamais eu autant d’appareils pour aider les malentendants - dont le nombre est estimé à 500 millions.

Cependant, dans les pays développés, environ 15 pour cent seulement de ceux qui ont besoin d’une aide auditive les utilisent actuellement. Les raisons en sont la gêne, le refus d’admettre un handicap, la dépense, et le fait que, même avec des protheses auditives , l’audition n’est pas parfaite.

Le Centre Médical Chaaré Tzedek de Jérusalem propose maintenant quelque chose de nouveau aux personnes d’âge moyen et aux personnes âgées qui souffrent d’une perte d’audition. Il s’agit du Vibrant SoundBridge (fabriqué par la société Vibrant Med-El d’Innsbruck en Autriche), un système semi-implantable pour ceux qui souffrent d’une perte d’audition neuro-sensorielle de faible à sévère intensité et ne peuvent pas bénéficier des aides auditives conventionnelles. Actuellement environ 2 000 de ces dispositifs - approuvés par la US Food and Drug Administration - sont utilisés aux USA et en Europe, mais Chaaré Tzedek reste le seul hôpital israélien - et le seul au Moyen-Orient - à réaliser cette chirurgie.

Le Dr Jean-Yves Sichel, chef du département d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie du cou, et le Dr Ronen Perez, directeur de l’unité d’otologie, ont réalisé ensemble deux implants au cours des six derniers mois, et plusieurs autres sont prévus.

Le Dr Sichel, qui est né près de Paris, a étudié la médecine en France et a fait son aliya avec sa famille en 1989 Il a rejoint immédiatement le Centre Médical et Universitaire Hadassah d’Ein Kerem à Jérusalem où il est resté 15 ans. Lorsque Chaaré Tzedek a souhaité recruter un chef de département ORL, il a posé sa candidature et a été sélectionné.

Perez, diplômé de l’Ecole de Médecine Hadassah de l’Université Hébraïque, a effectue un an de fellowship à l’Université de Toronto et travaille à Chaaré Tzedek depuis 1994.

L’idée de la mise en place d’un vibrateur sur l’un des osselets de l’oreille moyenne est née au Japon il y a plus de 30 ans. La prothèse auditive semi-implantée a été finalement inventée par un homme nommé Geoff Ball, qui avait lui-même des problèmes d’audition. Med-El a acheté les droits de l’invention et fabrique le vibrateur depuis 10 ans, depuis l’implantation du premier appareil .

Bien qu’une partie de cette aide soit située dans la tête, il ne s’agit pas d’ un implant cochléaire - un dispositif électronique implanté chirurgicalement qui restaure l’audition chez une personne profondément sourde. L’implant cochléaire est souvent appelé « oreille bionique » car, contrairement aux aides auditives, il n’amplifie pas le son. Cet implant, utilisé par des centaines d’enfants israéliens et maintenant d’adultes également, agit en stimulant électriquement les fibres du nerf auditif fonctionnant à l’intérieur de la cochlée. A l’extérieur de la tête il y a un microphone, un processeur vocal et un transmetteur qui permettent au porteur de régler la qualité et d’amplifier le son.

Cependant, l’aide auditive semi-implantable amplifie les sons, transforme les signaux mécaniques en signaux électroniques et stimule l’oreille interne.

Au cours d’un entretien dans son bureau du septième étage, Sichel a précisé que le SOUNDBRIDGE amplifiait les sons d’une façon totalement différente. « Je m’y suis intéressé pendant des années, et la France est le pays où il est le plus utilisé. J’ai été en contact avec la succursale ici de la société, qui a envoyé ses experts pour nous former. »

Perez a noté que bien qu’il ne soit pas automatiquement proposé partout dans le monde dans le cadre d’une assurance de santé, les hôpitaux français ont été autorisés à en implanter un nombre limité par an, sans frais pour les patients. En Israël, l’opération est payée par les assurances de santé, mais le dispositif lui-même coûte 11 500 Dollars ( note transmise au relayeur de la traduction par le Dr Sichel )

L’aide auditive conventionnelle, explique Dr Sichel, a un microphone, un amplificateur et un récepteur, et est placée à l’intérieur de l’oreille externe, fermant ainsi le canal auditif vers le monde extérieur. Mais le fait que ces différentes pieces soient proches les unes des autres entraîne un effet Larsen avec sifflement de l’appareil (feedback). En outre, le cérumen (cire de l’oreille) peut provoquer un bouchon dans l’oreille, et il existe une distorsion pour les sons de haute fréquence. L’aide auditive externe est proposée à une vaste gamme de prix de quelques milliers de shekels et jusqu’à 18 000 shekels pour les plus petits et les plus sophistiqués. Mais certains malentendants n’éprouve pas d’amélioration ou n’arrivent pas à s’en servir .

Le Soundbridge a une partie externe et une partie implantée. Le processeur audio, de forme ronde à l’extérieur contient la batterie, le microphone et le traitement des signaux Siemens, totalement numérique et d’excellente qualité. Le processeur audio convertit les sons de l’environnement en signaux électriques et les transfère dans l’implant.

La partie implantée relaie le signal via le lien conducteur vers un minuscule aimant, le « transducteur de masse flottante » fixé, lors d’une opération d’environ trois heures, à l’enclume - l’un des trois petits os de l’oreille moyenne. Le signal auditif est amplifié et un son d’excellente qualité est produit sans bloquer le conduit auditif externe .

Le mois dernier, Sichel et Perez ont dirigé un symposium médical interne à Chaaré Tzedek pour présenter le dispositif. Ils ont precisé qu’il n’était pas nécessaire de faire un trou dans le crâne pour maintenir la partie externe. A la place, un aimant est implanté sous la peau sur le côté/arrière de la tête, et un autre aimant maintient en place la batterie et le reste du processeur audio. On peut le retirer facilement lorsque le porteur prend une douche, nage ou change les batteries. La partie extérieur peut être complètement couverte par les cheveux (spécialement chez les femmes, ce qui est un avantage esthétique pour beaucoup d’entre elles).

Le Soundbridge « n’a pas été conçu pour les enfants » précise Perez, mais, à l’étranger, quelques uns ont déjà été implantés chez des enfants. Il peut être implanté dans les deux oreilles pour bénéficier d’une audition parfaite, mais en raison du coût, c’est rare. Sichel et Perez soulignent que parmi les avantages on peut citer la parole et les sons qui sont d’une qualité plus naturelle. Ils ajoutent qu’on peut même entendre les sons aigus de la musique. Le canal auditif est ouvert, le port de la partie extérieure est plus confortable que celui des aides auditives les plus conventionnelles, et il n’y a pas de feedback ni de sifflements gênants susceptibles d’être entendus avec d’autres. On peut comprendre les paroles plus facilement même dans un environnement bruyant.

Mais, notent les experts de l’oreille, il y a des limites. « Nous le proposons uniquement aux gens qui ne s’habituent pas à leur aide auditive car, après tout, il e nécessite une intervention chirurgicale . Théoriquement au moins, l’audition pourrait être endommagée pendant l’implantation. Il peut se produire une défaillance électronique ou mécanique. Il ne convient pas à chaque type d’handicap auditif, et n’aidera pas ceux qui sont totalement sourds. Si aucun nerf ne fonctionne entre l’oreille interne et le cerveau, il ne sera d’aucune aide, mais si le nerf n’est que partiellement endommagé, il peut convenir. »

Après la venue à Jérusalem, il y a six mois, d’un chirurgien autrichien affilié à la société Med-El, qui leur a expliqué la procédure, Sichel et Perez ont opéré avec succès deux femmes, l’une âgée de 62 ans et l’autre de 47 ans, qui sont toutes les deux satisfaites des résultats. » Nous ne sommes pas pressés d’en faire plus. Les gens ont de grandes attentes, aussi nous devons choisir les patients », déclare Perez.

Perez précise que les chercheurs et les otologistes travaillent en permanence sur de nouvelles technologies auditives. Une société appelée Carina Otologic a mis au point une aide auditive totalement implantable dont aucune partie n’est visible de l’extérieur ; la batterie située à l’intérieur est chargée en électricité via le crâne ! Mais dans le monde, environ 100 personnes seulement en bénéficient. Elle est plus chère que le Soundbridge, et il y a d’autres problèmes potentiels avec le dispositif Otologic, déclarent-ils. « La tendance actuelle est au semi-implantable. »

L’unité d’otologie dispose de 20 lits, avec deux médecins à plein temps et six autres médecins à temps partiel. Elle est de plus en plus chargée. « Nous nous développons très rapidement » déclare Sichel. « Nous n’avions avant que 13 lits d’hospitalisation . Le nombre de visites à la consultation augmente également »

Ni l’un ni l’autre ne s’expliquent le fait qu’ il semblerait qu’il y ait beaucoup plus de mastoïdites aigues (infections bactériennes de l’os mastoïde) que dans d’autres pays. C’est peut-être dû au climat, disent-ils en haussant les épaules.

Chaaré Tzedek effectue maintenant un dépistage de l’audition de tous les 1 000 bébés nés chaque mois à l’hôpital (avec l’aide d’Hadassah), et devient ainsi le troisième hôpital du pays à le faire (après Hadassah et les Centres Médicaux Sheba), même si le coût n’est pas couvert par les services de santé.

« Nous avons commencé il y a un an avec une donation couvrant le coût » indique Sichel. Il est malheureux que le dépistage ne soit pas couvert par le gouvernement ou les fonds de santé, car plus les problèmes d’audition sont détectés précocement, mieux ils peuvent être traités. « Nous avons découvert un à trois cas d’handicap auditif ou de surdité pour 1 000 bébés », précise Perez.

Les médecins de Chaaré Tzedek insistent auprès des jeunes pour qu’ils protègent leur audition. L’utilisation des MP3 ou iPods avec des écouteurs, utilisés à des volumes élevés, ainsi que la participation à des mariages ou des événements musicaux très bruyants, peut endommager l’ouïe. Les bébés et les jeunes enfants devraient être spécialement protégés. Ou, comme le Grand Méchant Loup l’a dit au Petit Chaperon Rouge lorsqu’elle lui a demandé pourquoi « Grand-mère » avait de si grandes oreilles : « C’est pour mieux entendre, mon enfant ».



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