Lorsque j’évoque les deux années que Sylvie et moi avons passées en Israël au début de notre mariage, beaucoup de souvenirs me viennent à l’esprit. Mais il y en a deux que j’évoque toujours avec émotion et que je voudrais partager avec vous.

Le premier, c’était un vendredi soir avant shabbath. En arrivant au centre d’intégration où nous habitions encore, je m’aperçus que la serviette dans laquelle je conservais nos passeports, nos billets d’avion, notre argent, les chèques de nos clients, toutes nos économies, n’était plus dans la voiture. C’était une perte dramatique qui mettait en péril notre activité professionnelle et notre présence même en Israël.

À l’évidence, j’avais oublié cette serviette sur le toit de la voiture au moment d’y entrer. Après avoir refait plusieurs fois le trajet dans l’espoir de la retrouver, je rentrai désespéré et passai un shabbath sinistre au cours duquel j’envisageai toutes les conséquences de ma négligence. Le temps passait très lentement, et malgré les tentatives de réconfort de nos amis du centre d’intégration, rien ne pouvait me consoler.

Peu de temps après la fin du shabbath, le standard m’appela : « Monsieur Lentschner, une communication pour vous. » Je me précipitai et quelqu’un me dit : « Venez à telle adresse, j’ai trouvé quelque chose qui semble vous appartenir. »

Quelques minutes plus tard, nous étions au domicile d’un couple dont le mari nous déclara : « Hier soir, au moment où je me rendais à la synagogue, j’ai vu cette serviette par terre, au bord de la route, mais comme shabbath arrivait et que je suis très observant, je ne pouvais pas la porter. Alors je l’ai enterrée pour qu’elle ne disparaisse pas, et je suis revenu la chercher pour vous la rendre dès la fin de shabbath. »

Le deuxième souvenir, c’est celui du matin du 4 juillet 1976 où nous avons poussé des cris de joie à l’annonce de la libération des otages d’Entebbé grâce à l’action héroïque des soldats de Tsahal - au cours de laquelle, malheureusement, Jonathan Netanyahou a laissé la vie.

Et je me souviens aussi de la déclaration de Chaïm Herzog devant le conseil de sécurité de l’ONU : « Nous sommes fiers de ce que nous avons fait, parce que cela démontre au monde entier que pour un petit pays, Israël en la circonstance, la dignité, la vie humaine et la liberté constituent les valeurs les plus élevées. »

En ce soixantième anniversaire de la naissance de l’État d’Israël, je forme le voeu que cette déclaration ne soit jamais oubliée.