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A propos du prix Albert Londres
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 13 mai 2008

Le Figaro vient de nous apprendre que le prix Albert Londres 2008, qui, chaque année, récompense le meilleur journaliste français a été attribué à Benjamin Barthe, qui a été « élu meilleur grand reporter de la presse écrite pour ses articles sur Gaza, parus dans Le Monde et L’Express entre avril 2007 et janvier 2008 » (v. numéro daté du 12 mai 2008).

Avant d’évoquer les « mérites » du lauréat 2008, il n’est peut-être pas inutile de rappeler quelques passages de l’ouvrage du journaliste Albert Londres, décédé en 1932, lors de l’incendie, en rade d’Aden, du paquebot qui le ramenait de Chine, « Le Juif errant est arrivé » (ouvrage réédité, en 1998, dans la collection Motifs par les Editions Alphée, édition à laquelle nous allons nous référer).

Sensibilisé par un pogrom, qui venait d’avoir lieu en Palestine, en 1929, Albert Londres avait entrepris un long voyage et une longue enquête qui le conduisit de Whitechapel, quartier juif de Londres, en Palestine et dans la série d’articles publiés, cette année-là, dans Le Petit Parisien, et, par la suite, repris dans un livre, ce grand reporter nous a livré quelques réflexions qui sont empreintes d’une actualité incontestable, qui tranchent avec la tonalité peu sympathique des articles de Benjamin Barthe.

Voici ce qu’il écrivait sur les membres du Ychouv :

« Les Juifs, les jeunes Juifs de Palestine faisaient, au milieu des peuples, honneur à l’humanité..... Ils étaient la dernière illustration des grands mouvements d’idées à travers l’histoire. La foi les transportait, non dans le divin, mais dans le terrestre. Ils venaient conquérir le droit d’être ce qu’ils étaient.....Des médecins, des professeurs, des avocats, des peintres, des poètes, s’attaquant au pays sauvage, prirent la pioche et prirent la pelle. S’il faut reconnaître que les Arabes l’habitaient depuis des siècles, il convient de publier qu’ils n’avaient pas achevé le travail. Ils étaient là, comme sont dans la jungle les belles bêtes de liberté » (p. 228).

Quelques pages plus loin, il écrivait : « Plus la situation des Juifs s’affirmait en Palestine, plus les privilèges féodaux des chefs arabes se trouvaient menacés » (p. 241).

Puis, évoquant les atrocités commises, par des Arabes, lors des massacres de Safed, en août 1929, le grand reporter s’exclamait : « C’est ce que l’on appelle un mouvement national » (p. 256).

On lira, par ailleurs, avec beaucoup d’émotion les pages qu’Albert Londres consacrait au « bonheur d’être juif » (p. 267 et s.), en relatant les réalisations des pionniers.

Quelle lucidité de l’auteur lorsqu’il écrit : « Ce que l’on appelle n’est qu’une maladie de l’âme d’Israël. Cette maladie n’atteint pas tous les Juifs, mais ceux qu’elle a mordus sont bien en son pouvoir. On ne devient pas sioniste par raisonnement ; le sionisme est même, je crois, le contraire de la raison. On est sioniste par instinct. C’est une passion, et l’on voit chaque jour des quantités de personnes ne pouvant résister à leur passion » (p. 273).

Et, cependant, Albert Londres notait : « à la période d’orgueilleuse conquête ils (les Juifs) sont prêts à substituer celle de la collaboration...  » (p. 292).

« Les Arabes le voudront-ils ? », s’interrogeait dans les dernières lignes de son livre, Albert Londres : « Pour l’instant ils répondent : non. en Orient n’a pas la même valeur qu’en Occident. Après un , on peut tout de même continuer la conversation, en certains pays. Encore faut-il que l’on ne discute pas le poignard à la main » (p. 293).

Après ces longues citations de celui qui a laissé son nom pour récompenser, chaque année, le meilleur journaliste français, venons en à ce qu’a pu écrire le lauréat 2008, qui, notons-le au passage, est un ancien collaborateur au magazine al-Ahram , également passé par L’Humanité .

Nous passerons sur la complaisance avec laquelle Benjamin Barthe, dans le numéro daté du 19 avril 2007, rappelait les raisons pour lesquelles les Palestiniens ne tarissaient pas d’éloges sur Jacques Chirac. Rappelant un certain nombre de faits et gestes, le journaliste français, avec presque une pointe de regret, notait que « s’ils n’ont pas toujours été suivis d’effets, (ils) ont touché la fibre sentimentale et nationale palestinienne » (www.desinfos.com/article.php?id_article=6988).

A différentes reprises, par la suite, Benjamin Barthe, sans faire preuve de la même antipathie patente à l’égard d’Israël que son confrère, toujours en poste, Michel Bôle-Richard, fut amené à donner complaisamment la parole aux dirigeants du Hamas, sans aucune distanciation de sa part (v. par exemple www.desinfos.com/article.php?id_article=8000).

De telle sorte qu’il ne nous paraît pas que le choix du jury du prix Albert Londres 2008 ait été particulièrement judicieux, car la vision de Benjamin Barthe, « porte-voix » complaisant des Palestiniens d’aujourd’hui ne correspond guère à celle qu’avait Albert Londres des Arabes et surtout des Juifs de Palestine d’alors.

« Enfin, c’est juste notre avis ».



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