Voici des extraits d´une interview du parlementaire irakien Iyad Jamal Al-Din, diffusée sur Al-Arabiya le 26 juin 2009 (...) "Le Coran contient les termes ´musulman´, ´croyant´, ´polythéiste´ et ´hypocrite´, mais pas ´islamique´."
Interviewer : "Etes-vous un laïque en tenue islamique ou un musulman au discours laïque ?"
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Iyad Jamal Al-Din : "Tout d´abord, je ne suis ni islamique ni laïque."
L´interviewer : "Vous n´êtes pas une personne islamique ?"
Iyad Jamal Al-Din : "Non. La laïcité ne peut pas définir une personne. Elle définit un régime politique. Une personne ne peut pas être définie comme laïque ou non laïque.
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J´ai lu le Coran et n´y ai pas trouvé l´adjectif ´islamique´. Le Coran contient les termes ´musulman´, ´croyant´, ´polythéiste´ et ´hypocrite´, mais ´islamique" ne figure nulle part dans le Coran.
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Il n´y a aucune distinction claire entre les termes ´islamique´ et ´musulman´. Je me considère comme musulman : je suis témoin qu´il n´y a qu´un Dieu, Allah, et que Mahomet est son messager."
Interviewer : "Vous voulez dire que c´est là le terme que l´on trouve dans le Coran, [´musulman´] et non ´islamique´."
Iyad Jamal Al-Din : "Ceux qui emploient le terme nouveau d´ ´islamique´ n´ont pas donné sa définition. Qu´est-ce qui le distingue du mot ´musulman´ ? Beaucoup sont offusqués d´être qualifiés de ´non-islamiques´ - comme si c´était une insulte - mais je suis fier de ne pas être islamique, parce que je ne sais pas ce que signifie ce terme. Je sais ce que signifie ´musulman´ : c´est quelqu´un qui récite les deux shahadas."
"Les citoyens irakiens passent avant l´Irak, parce que les Irakiens comptent plus que l´Irak"
Interviewer : "Le terme ´islamique´ est-il apparu avec les mouvements islamiques politiques ?"
Iyad Jamal Al-Din : "Oui. Le terme est apparu après la deuxième guerre mondiale et fait allusion aux mouvements de l´islam politique. Ce sont des mouvements politiques qui se servent de la religion comme moyen d´ascension, tout comme certains partis politiques emploient l´argent, les médias, les armes ou des milices pour s´emparer du pouvoir.
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Nous sommes des personnes qui aspirons au pouvoir. Nous nous mettons d´accord sur un programme politique et nous convainquons les électeurs en leur disant : ´Si vous votez pour nous, nous ferons ceci et cela.´ Soit nous disons la vérité, soit nous mentons. Mais dire : ´Votez pour nous, et nous vous apprendrons à prier´ ou ´Votez pour nous afin que nous vous montrions comment vous flageller pour la mort de Hussein´, c´est d´une incroyable bêtise. C´est tourner le peuple en dérision.
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A notre avis, les quotas sectaires sont contraires aux Droits de l´Homme et constituent une honte pour l´humanité. Vous considérez-vous plus chiite qu´Irakien ou inversement ? Je me considère, en premier lieu, comme un être humain et un citoyen. Selon moi, les citoyens irakiens passent avant l´Irak, parce que les Irakiens comptent plus que l´Irak."
"Quand vous catégorisez les personnes comme étant chiites, sunnites, Kurdes, Turkmènes, et ainsi de suite, vous détruisez [le concept] d´ ´Irakien´."
Interviewer : "Oui, les gens comptent plus que la terre."
Iyad Jamal Al-Din : "Les gens sont plus importants que le temps et le lieu. Les instincts primitifs, l´instinct de la peur, sont sollicités par des phrases comme : ´En tant que chiite, vous êtes opprimé´, ´ en tant que sunnite, vous êtes en danger´, ´en tant que Kurde, vous êtes privé de vos droits´… C´est se moquer du peuple."
Interviewer : "D´autant plus que c´est ce que tout le monde fait : les chiites, les Kurdes et les sunnites."
Iyad Jamal Al-Din : "Exactement. Nous parlons des droits des citoyens irakiens. Il n´y a aucune différence entre les pauvres – qu´ils soient Kurdes, sunnites, chiites ou chrétiens. Quant à la question des minorités… Quand vous catégorisez les personnes comme étant chiites, sunnites, Kurdes, Turkmènes, et ainsi de suite, vous détruisez [le concept] d´ ´irakien´."
Interviewer : "Pourquoi ?"
Iyad Jamal Al-Din : "Parce qu´alors vous commencez à défendre les droits de groupes imaginaires, et non d´individus. Vous ne défendez pas les droits des individus chiites, mais de la nation chiite."
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Interviewer : "Depuis 2003 – et peut-être pour la première fois en 1 400 ans – l´Irak est gouverné par les religieux. Comment résumeriez-vous ce retour au pouvoir ?"
Iyad Jamal Al-Din : "C´est une expérience sombre et malheureuse. Nous n´avons vu qu´accroissement de la pauvreté, en dépit de l´abondance d´argent. Les services sont dans un mauvais état, bien que l´Irak se soit ouvert au monde entier. Le trésor public est pillé comme jamais auparavant."
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"La cause palestinienne est le prétexte à l´absence de développement économique et politique. […] Le Hezbollah emploie la même formule ´sacrée´."
"Le Hezbollah se contentera-t-il d´affronter Israël et de libérer la terre, ou a-t-il un autre programme, celui d´un vaste Etat religieux islamique ? C´est la question. Il y a des formules sacrées, telles que la libération de la Palestine et de Jérusalem, et la cause palestinienne. Depuis longtemps, les tyrans vivent à l´ombre de ces mots d´ordre, tandis que les peuples arabes subissent l´oppression, au nom de la cause palestinienne. La cause palestinienne est le prétexte à l´absence de développement économique et politique. Quand on prive la population de liberté, c´est au nom de la Palestine. En opprima nt les Irakiens pendant 35 années, Saddam Hussein le faisait au nom de la Palestine, affirmant qu´ ´aucune voix n´est plus forte que le bruit de la bataille.´ Le Hezbollah emploie la même formule ´sacrée´. Il se sert de la cause palestinienne comme n´importe quelle autre puissance politique."
Interviewer : "qui l´utilise ?"
Iyad Jamal Al-Din : "Oui, parce qu´Allah seul connaît nos véritables intentions. Saddam a attaqué Israël avec des missiles - 38 missiles, je crois. Gamal Abdel Nasser a combattu [Israël] pendant 50 années, Kadhafi a poussé des cris au nom de la Palestine, et les dirigeants arabes parlent au nom de la Palestine. Mais regardez dans quel état se trouvent les Arabes. Voyez l´état des Arabes en Palestine, des Arabes vivant dans la ligne verte de 1948 …"
"N´importe quel voleur, contrebandier ou menteur peut prétendre libérer la Palestine, et l´histoire chantera ses louanges"
Interviewer : "Le Hezbollah est-il responsable du problème du développement dans le monde arabe ?"
Iyad Jamal Al-Din : "D´autres partagent cette responsabilité. Il n´est pas le seul à avoir combattu pour la Palestine. Le Hezbollah a été fondé en 1982, et la Palestine a été perdue en 1948. De 1948 jusqu´au au Jour du Jugement - je ne sais pas combien de temps ce conflit va durer… Il y a ceux qui brandissent la bannière de la Palestine, tout en opprimant leurs peuples au nom de la Palestine. Les gens comme Saddam disent qu&acut e ;ils libéreront la Palestine, mais perdent leurs propres habitations. Il disait qu´il libérerait la Palestine du fleuve du Jourdain à la mer Méditerranéenne, et il a perdu l´Irak dans sa totalité. Le slogan de la Palestine est un slogan attractif mais trompeur. Il est attractif parce que n´importe quel voleur, contrebandier ou menteur peut prétendre libérer la Palestine, et l´histoire chantera ses louanges."
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Interviewer : "Pensez-vous que le Hezbollah emploie le slogan de la Palestine pour masquer son programme politique ?"
Iyad Jamal Al-Din : "C´est, à mon avis, évident. Comme j´ai dit, n´importe qui peut se servir de la cause palestinienne. Montrez-moi un Libanais chiite - bien que je n´aie pas le droit d´intervenir dans les affaires libanaises, parce que les habitants de ce pays sont libres… Mais n´y a-t-il pas d´autre voix chiite au Liban hormis celle du Hezbollah et des siens ? N´y a-t-il pas des intellectuels ? Pourquoi quelqu´un comme Ali Al-Amin est-il opprimé ? Pour ne parler que de lui, qui n´a ni parti politique, ni milices, ni journal, ni radio ou station de télévision derrière lui. Il ne représente pas une menace. Il a juste une opinion. Ils ont incendié sa maison et so n bureau. N´est-ce pas une honte ?"
Voir les extraits vidéo sous-titrés en anglais sur MEMRI TV : http://www.memritv.org/clip/en/2188.htm.
Voir la page web de MEMRI TV consacrée à Iyad Jamal Al-Din : http://www.memritv.org/subject/en/484.htm.