Comme l’a indiqué le ministre ce matin, rien n’est décidé à l’heure actuelle. A la suite de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne consacrée à la situation à Gaza hier soir à Paris, nous restons en contact étroit avec nos partenaires tchèques sur ce sujet.
Avez-vous reçu une réponse israélienne à votre proposition de cessez-le-feu provisoire à Gaza ? Le gouvernement israélien a rejeté aujourd’hui l’idée d’un cessez-le-feu de 48 heures, qui aurait été proposée par le ministre Kouchner au cours de deux entretiens hier avec le ministre de la Défense Ehoud Barak. Quelle est votre réaction à cette décision de continuer l’action contre le Hamas ? Quelles seront les prochaines démarches de la France suite à cette décision ?
Nous poursuivons nos contacts avec les autorités israéliennes. La visite de Mme Livni demain à Paris sera l’occasion d’évoquer les éléments de sortie de crise proposés par les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne lors de la réunion consacrée à la situation à Gaza hier soir à Paris.
Le ministre a demandé ce matin à RTL de faire attention aux chiffres du bilan humain des raids israéliens dans la Bande de Gaza, en espérant que ces chiffres "seront moins élevés que ceux cités" (370 morts). Quel est le nombre des victimes selon vos informations ?
Nous n’avons pas à ce stade d’information particulière. Notre préoccupation est de porter secours à la population civile et d’abord aux blessés. C’est le sens de la proposition formulée hier par l’Union européenne d’une action humanitaire immédiate en faveur de la population de Gaza.
Gaza : qui va surveiller le cessez-le-feu sur le terrain ? L’ONU, l’OTAN ou les deux ? Combien faudrait-il déployer d’homme sur le terrain ?
Je vous rappelle que l’Union européenne a appelé hier soir à un cessez-le-feu immédiat et permanent et a souligné sa disponibilité à renvoyer à Rafah la mission EUBAM pour permettre sa réouverture, en liaison avec l’Egypte, l’Autorité palestinienne et Israël. Elle est également disposée à examiner la possibilité d’élargir son assistance à d’autres points de passage, dès lors que les questions relatives à la sécurisation auront trouvé une réponse satisfaisante.
SITUATION AU PROCHE-ORIENT - ENTRETIEN DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES ET EUROPEENNES, M. BERNARD KOUCHNER, AVEC "TF1"
(Paris, 30 décembre 2008)
Q - Bonsoir Monsieur le Ministre. On sait les positions britanniques et allemandes radicalement opposées sur ce dossier. A l’heure qu’il est, ce soir, est-on arrivé à une situation de compromis ?
R - Vous l’avez dit, vingt-sept pays sont représentés ici. La discussion est en cours sur un texte précis. Que souhaitons-nous tous ensemble ? Nous souhaitons un cessez-le-feu permanent et respecté avec, bien sûr, un accès humanitaire parce que les victimes sont nombreuses et qu’il faut assurer des secours. Nous souhaitons aussi un retour au processus de paix. Voilà les souhaits que tous ensemble nous formulons ; il n’y a pas de différences à ce propos.
Les divergences concernent l’explication historique et tout ce que l’on pourrait fournir plus tard. Mais, pour le moment, nous savons tous qu’il faut que cesse ce combat et nous sommes prêts, l’Union européenne est prête, à participer à cette paix, à ce retour aux négociations.
Q - Vous avez donc fait parvenir - c’est un peu le sens de ce que vous venez d’expliquer à l’instant - une proposition de cessez-le-feu humanitaire aux autorités israéliennes. Le président Sarkozy reçoit jeudi la ministre des Affaires étrangères de l’Etat Hébreu, Tzipi Livni. Pensez-vous vraiment obtenir un arrêt de cette opération israélienne ? Que peut-on espérer raisonnablement ?
R - Il faut espérer, sinon nous ne serions pas là. On ne peut pas comprendre et on ne comprendrait pas que l’Union européenne ne soit pas concernée par ce qui se passe au Moyen-Orient. Nous avons participé, si j’ose dire avec joie et avec ténacité, à la Conférence de Paris, à travers l’aide sur le terrain, ainsi qu’au Processus de paix. Il faut absolument revenir à ce processus.
Concernant un nécessaire cessez-le-feu - vous pouvez l’appeler humanitaire -, ce serait bien que l’accès humanitaire soit réservé dès maintenant. Il doit être permanent et bien sûr respecté. Il ne faut pas que cela recommence et nous sommes persuadés qu’il n’y aura pas de solution militaire, qu’il y aura une solution politique et nous la recherchons. Nous continuons à nous acharner vers la paix.
Q - Peut-on y arriver sans intervention directe des Etats-Unis qui sont pour l’instant assez silencieux sur cette affaire ?
R - Ils ne sont pas silencieux mais, comme vous le savez, les Etats-Unis se trouvent entre deux présidences comme l’Etat d’Israël. Nous ne voulons pas creuser les différences d’explications, les responsabilités. Nous voulons que l’Union européenne se montre active et s’exprime d’une voix politique pour retourner à la politique. Pour cela il faut évidemment que nous puissions accéder aux victimes et que l’action humanitaire reprenne ses droits. Nous le voulons, mais pas seulement pour quelques jours, quelques heures, il faut s’acharner à ce que soit respecté ce cessez-le-feu, qui je vous le rappelle ne l’était pas. Voilà ce que nous faisons et je vais maintenant retourner à la réunion, si vous le voulez bien./.