En Droit français, le délit d’opinion n’existe pas. C’est l’incitation à la haine qui en constitue un.
La France a beau ne pas être antisémite, mais seulement apathique selon Marek Halter, il est tout de même des signes qui donnent froid dans le dos.
Dans leur appréciation, nos magistrats ont considéré qu’un bouffon qui ridiculise et stigmatise les membres d’une communauté, en revêtant à la télévision nationale un costume traditionnel et en y mêlant les paroles, les traits et la gestuelle de ceux qui ont voulu et veulent à nouveau l’exterminer, ne s’adressait pas à cette communauté mais seulement « à certains d’entre eux ». La relaxe qui s’en est suivie relève soit de l’aveuglement le plus total, soit d’un parti-pris irresponsable.
Le Parquet l’a bien compris et a souhaité faire appel de cette décision, car elle reviendrait à assimiler l’antisémitisme à une opinion et non plus à un délit.
Dans le même temps, l’éditorial de « Libération » mettait en garde l’intransigeance d’Israël, qui pourrait être amené, selon le directeur adjoint du quotidien, à disparaître.
Vanunu, traître à sa nation dont il a révélé des secrets d’Etat, prétend lui aussi à qui veut l’entendre qu’il avait trahi « pour éviter un nouvel holocauste » à sa patrie.
José Saramango, prix Nobel de littérature, décrivait quant à lui Gaza comme « le nouvel Auschwitz ».
Toutes ces attitudes, cette hypocrisie, toutes ces insultes à la mémoire d’un peuple se rejoignent dans un seul but : tenter de faire admettre l’idée qu’Israël doit disparaître, que les anciennes victimes seraient devenues des tortionnaires, et imprimer dans les esprits l’équation démente selon laquelle Juif=nazi.
Et c’est en France, pays des Droits de l’Homme et des libertés, et les pays de culture et de tradition françaises, que l’on prône le plus de pareilles insanités.
Heureusement, « l’apathie française » comme le dit notre ami Marek Halter, est un phénomène relativement isolé en Europe. L’Angleterre, l’Italie, l’Allemagne même, ne suivent pas cette voie.
Car il s’agit bien d’une voie que les pays francophones tentent de tracer, sous l’impulsion de la France et des coups de boutoir répétés de médias qui font la promotion de ce discours unique. Une voie où Israël n’aurait plus sa place parmi les nations et le peuple juif n’aurait plus de spécificité. Une négation d’identité totale, à travers laquelle certains sont en train d’essayer de faire intellectuellement, ce que Hitler n’a pas réussi à accomplir matériellement.
Monstrueux ? Mais, à de rares exceptions près, depuis le Québec jusqu’à la Suisse, de la Belgique au Luxembourg et je ne parle même pas du Maghreb ou du Liban, on retrouve ce discours unilatéral, où les souffrances sont exclusivement palestiniennes et les agressions seulement israéliennes.
A contrario, le Corriere della Sera par exemple, porte un regard très différent sur les événements de Rafah, sur les destructions à Gaza. Bien sûr, il les déplore, comme nous tous, mais y voit les nécessités d’une guerre, menée pour débusquer des tunnels de contrebande. Tunnels dont il n’a pas été fait état dans les médias français, qui accusent les Israéliens de « destructions volontaires », mais dont la BBC, le Telegraph, le Corriere, la Repubblica, l’ARD et la majorité des médias européens d’expression non française, montrent les photos en précisant que ces tunnels visent à faire passer des armes lourdes destinées à s’attaquer à une population civile et innocente.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Si des innocents sont sacrifiés, c’est effectivement dans le cadre d’une guerre qui ne dit pas son nom. Une guerre que les Israéliens n’ont pas voulue. Une guerre où il n’y a qu’à écouter les discours d’Arafat, relire la charte du Hamas ou encore entendre les prêcheurs du Jihad pour comprendre que de leur côté il n’existe pas de doute et qu’il persiste chez eux une volonté de conquête et d’extermination.
Amos Gitai, metteur en scène israélien peu connu pour ses sympathies envers son gouvernement, nous met en garde contre « l’exclusivité des sentiments ». Un dangereux repli selon lequel les parties n’éprouveraient de douleur que pour la souffrance de leur propre peuple.
Dans cette hypothèse, le conflit serait alors infini car cela signifierait qu’il existe une incompréhension totale d’une partie pour la souffrance de l’autre. Je la récuse, car ce n’est pas le cas.
L’écrivain Aaron Appelfeld déclare : « Nous, les Juifs, devons toujours montrer une grande compassion pour ceux qui souffrent, justement au nom de ce que nous avons subi. Mais cela ne signifie pas accuser exclusivement une partie impliquée dans un conflit : dire que les Israéliens sont les seuls coupables montre un grand mépris pour la réalité ».
Si la France est apathique, elle semble également sourde et aveugle à ce sujet, ou du moins agit de manière très sélective, n’entendant que les plaintes des Palestiniens, mais pas les cris des victimes civiles des attentats suicide en Israël.
Et j’en appellerais bien au simple bon sens de nos compatriotes, à l’instar de l’historien Benny Morris que je cite : « Ceux qui tentent de comparer Gaza et l’Holocauste sont des menteurs ou des simples d’esprit. La semaine dernière, 40 Palestiniens et 13 Israéliens ont péri. Il est impensable de comparer les événements de Rafah, même lorsque des personnes désarmées y sont mêlées, à la mort de 6 millions de civils innocents ».
Il existe plus de possibilités pour qu’une entente s’établisse entre Palestiniens et Israéliens - justement à travers la compréhension de leur souffrance respective - qu’entre partisans et détracteurs d’Israël en France, dont la haine est à la fois attisée par des médias voulant vendre leur soupe et entretenue par des partis politiques persuadés par leurs idéologues qu’à racoler dans la communauté musulmane, il y aura des votes à la clef.
Voilà le véritable fond du mal-être français. Il parasite les efforts de conciliation et sert de catalyseur à tous les boutefeux.
Alors, peut-être la France est-elle apathique, mais je ne peux pas croire qu’elle soit composée de 60 millions de menteurs ou d’abrutis. Et s’il est vrai qu’en ce moment, nous traversons une période noire, c’est la France des lumières qu’il nous faut rallumer ! Pas celle des incendies…