La récente annonce par le gouvernement Israélien de son accord de principe pour une expulsion du chef de l’autorité palestinienne a eu un effet manifestement bénéfique pour Yasser Arafat dont la popularité s’est accrue subitement, entraînant avec elle un accroissement de la popularité de son parti le Fatah.
Il semble surréaliste d’affirmer qu’Israë l n’avait pas prévu cette conséquence - contraire au but recherché.
Il paraît également improbable que Sharon et son gouvernement n’aient pas réalisé que l’expulsion d’Arafat aurait pour principale conséquence un embrasement de la région et lui permettrait de s’exhiber en martyr et d’accentuer sa propagande dans les médias du monde entier. On est dans le droit de se demander alors pourquoi le cabinet de Sharon a pris une telle décision mais surtout pourquoi il a décidé de la divulguer.
Il me semble que la stratégie du gouvernement Israélien ne se situe pas dans le cadre de la lutte Sharon/Arafat mais s’inscrit dans le cadre de la lutte d’Israë l contre le Hamas.
Depuis la nomination de Mahmoud Abbas au poste de premier ministre, qui a marqué la fin des attentats signés des brigades des martyrs d’Al Aqsa (groupe armé lié au Fatah), le Hamas est l’organisation qui, de fait, est devenue l’organisation terroriste numéro un devant ses concurrentes, Djihad Islamique et Brigades d’Al Aqsa. Cette organisation est, à ce titre, en passe de supplanter le Fatah dans le cÅ“ur des palestiniens en raison de la résistance acharnée qu’elle mène contre Israë l à la différence du Fatah et d’Abbas, taxé de « collaborationnisme » par un grand nombre de Palestiniens.
Israë l ne peut pas lutter seul contre le Hamas et il est nécessaire que les services de sécurité palestiniens qui sont entre les mains du Fatah participent au désarmement ; mais un tel désarmement nécessite une forte popularité du Fatah parmi les palestiniens, popularité nécessairement liée à celle du Raïs.
Terje Roed-Larsen, coordinateur spécial de l’Onu pour le processus de paix au Proche-Orient, a déclaré récemment que « Sans soutien populaire, aucun Premier ministre palestinien ne peut aujourd’hui s’opposer de façon efficace au terrorisme et aux organisations terroristes ».
Israë l a compris que le seul moyen de restaurer le soutien populaire du premier ministre passe par un soutien inconditionnel des palestiniens à Yasser Arafat plutôt qu’au Cheikh Yacine, le chef spirituel du Hamas.
Israë l a également compris que ce soutien sera accru si Arafat se retrouve en position de Martyr résistant, depuis la Moukhata ou il est confiné, aux menaces d’expulsion et même de mort, proférées par le gouvernement Israélien.
Les premières réactions à l’annonce Israélienne de l’expulsion d’Arafat ne se sont pas faites attendre, manifestations de soutien inconditionnel au chef de l’autorité palestinienne, condamnation unanime de la communauté internationale, peur des islamistes de se trouver responsables de l’expulsion d’Arafat en cas de nouvel attentat, et peur secrète d’Arafat d’être effectivement expulsé ou tué en cas de nouvel acte de terrorisme.
Cette cure de jouvence offerte par Israë l à Yasser Arafat lui donnera-t-elle le « soutien populaire » nécessaire à une action de l’autorité contre les terroristes ?
Israë l attend la réponse…