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Iran : Benyamin Netanyahou met en garde John Kerry contre un accord qui serait une erreur historique, mais joue-t-il les Cassandres ?
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 8 novembre 2013

Alors que le groupe des 5 + 1, les membres permanents du Conseil de Sécurité et l’Allemagne, serait prêt à signer un accord avec l’Iran portant sur son programme nucléaire, à l’issue de négociations menées dans la foulée de l’élection à la tête de la République islamique d’un nouveau Président, lui-même ancien négociateur habile ayant profité de la crédulité occidentale, le Premier ministre israélien lançait le 8 novembre un ultime avertissement au Secrétaire d’Etat John Kerry en déplacement au Proche-Orient avant qu’il se rendre à Genève où pourrait être conclu un « très mauvais accord », une « erreur historique ». Un John Kerry se voulant conscient du fossé qui reste à combler

En toile de fond un éventuel marché de dupes

Les fuites et déclarations venues de Genève où se poursuivent des négociations cruciales entre la République Islamique d’Iran et le groupe des 5 + 1, soit les membres permanents du Conseil de Sécurité et l’Allemagne, concernant le programme nucléaire iranien qui a toutes les apparences d’un programme militaire, laissent penser que la diplomatie iranienne aurait toutes ses chances d’infléchir la politique de sanctions mise en place actuellement. Sanctions de plus en plus sévères destinées à convaincre l’Iran de respecter les résolutions du Conseil de Sécurité qu’elle ignore totalement, prétendant, contre toute évidence – établissements secrets, augmentation du nombre de centrifugeuses et de leurs capacités, refus de laisser les inspecteurs de l’Agence Internationale à l’Energie Atomique, AIEA, vérifier ce programme, missiles intercontinentaux, discours de haine - que son nucléaire n’a rien de militaire. Sanctions ayant un coût économique élevé pour l’Iran. Ce qui, justement, le rappelait encore et encore ces derniers temps le Premier ministre israélien, avait amené la République Islamique à reprendre le chemin de négociations et à sembler faire preuve de plus de souplesse.

D’où le risque d’alléger ces sanctions sans avoir obtenu de gestes concrets et significatifs en contrepartie. Selon Benyamin Netanyahou, seul un démantèlement total du programme nucléaire iranien étant acceptable, compte tenu du danger posé par le régime des Ayatollahs qui a très clairement dit quels étaient ses buts, à savoir, dans un premier temps, la destruction de l’État hébreu, avec toutes les conséquences qu’une telle tentative auraient pour la paix dans le monde. D’autant que, comme l’a souvent rappelé Benyamin Netanyahou, les missiles intercontinentaux dont s’est doté l’Iran ne menacent pas que les pays de la région...

Une ultime tentative de convaincre John Kerry de ne pas accepeter « un très mauvais accord, accord du siècle pour l’Iran »

C’est sur cette toile de fond que le Premier minsitre israélien multipliait les avertissements ces jours-ci. Le 8 novembre, avant de recevoir John Kerry en visite dans la région qui se rendait à Genève dans le cadre des négociations en cours, comme nombre de responsables de premier plan, il déclarait : « Je comprends que les Iraniens se promènent très satisfaits à Genève, et ils ont de quoi, parce qu’ils ont obtenu tout ce qu’ils voulaient sans avoir rien payé. Ils voulaient une réduction des sanctions après des années d’un régime de sanctions épuisantes. Ils l’ont obtenu. Ils n’ont rien payer parce qu’ils ne réduisent en rien leur capacité d’enrichissement nucléaire. Ainsi l’Iran a obtenu l’accord du siècle et la communauté internationale a fait une mauvaise affaire. C’est une très mauvaise affaire. Israël la rejette catégoriquement et nombreux sont ceux qui dans la région partagent ce que je dis, qu’ils ledisent publiquement ou non. Israël n’est pas tenu par cet accord et Israël fera tout ce qui est nécessaire pour se défendre, pour défendre la sécurité de son peuple ».

Immobilisme palestinien et détermination israélienne

Le Premier ministre évoqait également l’autre volet des conversations actuelles avec les États-Unis, révélant à la fois l’immobilisme palestinien et les pressions exercées sur l’État hébreu dans ce cadre. Il ajoutait aux déclarations précedentes concernant la volonté d’Israël de se dfendre : « Ce qui est vrai également de nos négociations avec les Palestiniens. Je ne transisgerai jamais sur la sécurité d’Israël et sur nos intérêts vitaux, même face à quelque pression internationale que ce soit. Je pense que la pression doit s’exercer là où il faut, c’est-à-dire sur les Palestiniens qui refusent de bouger. Mais je pense qu’en tout état de cause, aucune pression ne me fera accepter ou fera accepter au gouvernement d’Israël un compromis sur la sécurité de base et les intérêts nationaux de l’Etat d’Israël. Le peuple d’Israël le sait et le soutient comme cela doit être le cas »

Cet ultime dialogue aura-t-il été fructueux...

Fait-il craindre que cet ultime dialogue entre le Premier ministre israélien et le Secrétaire d’Etat américain n’ait pas été entendu et n’aura pas apaisé les inquiètudes israéliennes ? Au sortir de leur rencontre les services de presse de Benyamin Netanyahou publiaient ce communiqué du Premier ministre : « J’ai rencontré le Secrétaire Kerry juste avant qu’il parte pour Genève. Je lui ai rappelé qu’il a dit qu’aucun accord vaut mieux qu’un mauvais accord. Et l’accord qui est en cours de discussion à Genève en ce moment est un mauvais accord. C’est un très mauvais accord. On ne demande pas à l’Iran de démonter ne serait-ce qu’une seule centrifugeuse. Mais la communauté internationale allège les sanctions contre l’Iran pour la première fois depuis de nombreuses années. L’Iran obtient tout ce qu’il veut à ce stade et ne paie rien. Et ceci alors que l’Iran est soumis à de fortes pressions. J’exhorte le Secrétaire Kerry de ne pas se précipiter pour signer, d’attendre, de reconsidérer, pour obtenir un bon accord. Mais c’est un mauvais accord, un très, très mauvais accord. C’est l’accord du siècle pour l’Iran, c’est un accord très dangereux et très mauvais pour la paix et la communauté internationale ».

A Genève John Kerry se montre conscient des difficultès qui subsistent

Toutefois, en arrivant à Genève, John Kerry déclarait que : « le P 5+1 est en train de faire un travail très important en ce moment », et que « venu à Genève à l’invitation de Cathy Ashton pour essayer de travailler avec nos collègues pour voir si nous pouvons réduire certaines différences » il tenait « à souligner qu’il y a encore des questions très importantes sur la table qui sont en suspens. Il est important de les traiter correctement et à fond ». Le Secrétaire d’Etat ajoutait : « Je tiens à souligner qu’il n’y a pas d’accord en ce moment précis, mais le P5+1 travaille dur, et j’ai hâte de participer aux réunions...avec Lady Cathy Ashton et avec mes collègues ministres du P5, et...également le ministre [ iranien ] Zarif. Nous espérons essayer de réduire ces différences, mais je ne pense pas que quiconque doive faire d’erreur sur le fait qu’il reste d’importants fossés à combler »

Des avertissements répétés du Premier ministre israélien à l’occasion de rencontres récentes

Le 7 novembre dernier lors d’une « rencontre stratégique entre le gouvernement israélien et les communautés juives dans le monde », représentées par 120 dirigeants reçus par des membres de premier plan du gouvernement et de l’Agence Juive, il déclarait : « Israël comprend qu’il ya des propositions sur la table aujourd’hui à Genève visant à alléger la pression sur l’Iran pour des concessions qui ne sont pas du tout des concessions. Cette proposition permettrait à l’Iran de conserver des capacités pour fabriquer des armes nucléaires. Israël s’oppose totalement à ces propositions. Je crois que les adopter est une erreur aux proportions historiques. Elles doivent être rejetées d’emblée ».

De plus, disait-il, « le régime des sanctions a placé l’économie iranienne au bord du gouffre. Et le groupe des 5 +1 peut contraindre l’Iran à démanteler totalement son programme d’armement nucléaire. Cela signifie mettre fin à tout enrichissement, arrêter les travaux sur le réacteur de plutonium d’eau lourde. Faute de quoi une solution pacifique sera moins probable. Israël se réserve toujours le droit de se défendre, par lui-même, contre toute menace » .

Le vrai visage de l’Iran de Khamenei : « mort à l’Amérique »

Le 4 novembre dernier il déclarait à Meng Jianzhu, membre du Bureau Politique du Comité Central du Parti Communiste de Chine, en visite en Israël, que « il ne faut pas relâcher les pressions sur l’Iran et les négociations entre les grandes puissances et l’Iran, ne doivent pas autoriser l’Iran à conserver des centrifugeuses et un réacteur à eau lourde, qui sont utilisés pour produire des armes nucléaires ».

Ce même jour, en recevant le Président polonais Komorowski il affirmait : « Il ya un débat aujourd’hui en Occident. On dit : « Quel est le vrai visage du régime iranien ? Pendant que nous nous réunissons, ce régime, qui est contrôlé par Khamenei, a des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Téhéran, qui scandent aujourd’hui : « Mort à l’Amérique », célébrant la prise de l’ambassade américaine à Téhéran, il y a 34 ans. Khamenei, qui est le véritable dirigeant de l’Iran, a déclaré hier : l’Amérique est le pays le plus détesté au monde. On ne peut pas croire un mot de ce qu’ils disent. Et il entretient cette haine. C’est cela le véritable Iran. Voulons-nous que ce pays possède des armes nucléaires ? La réponse est : absolument pas. L’Amérique et le groupe des 5 +1 doivent écouter ces cris de « mort à l’Amérique » à Téhéran et à ne pas consentir de remises à Téhéran ».

Bien que Rohani ait été élu récemment Président de la République Islamiste d’Iran, le véritable dirigeant est, en effet, le Guide Suprême iranien. Quant à Rohani, qui se présente comme débonnaire et modéré, il a admis dans un ouvrage où il relate ses années de négociateur avec les grandes puissances, que pendant qu’il discutait du nucléaire iranien les centrifugeuses tournaient et des établissements étaient construits dans le cadre de ce programme...Ce qui était déjà un marché de dupes...

Le 3 novembre, en ouverture de la réunion du cabinet ministériel le Premier ministre avait évoqué la menace iranienne en ces termes : « Il y a aussi ceux qui appellent ouvertement et directement à notre destruction, et l’élément principal est, bien sûr, l’Iran. Iran qui continue à essayer de se doter d’armes nucléaires, qui n’a pas changé d’objectif, de méthode peut-être, mais pas de but, et qui n’a pas changé son idéologie. J’appelle votre attention sur le fait que, demain, le régime marquera le 34ème anniversaire de la prise de l’ambassade américaine à Téhéran, ce qu’ils appellent « Journée de Mort à l’Amérique ». Il est donc clair que la pression sur le régime iranien doit être maintenue. La pression les a amenés à la table des négociations. Je suis convaincu que si la pression est maintenue et ne se relâche pas, l’Iran va démanteler ses capacités nucléaires militaires, et si la pression est relâchée, l’Iran progressera vers cet objectif. Nous nous sommes engagés à nous assurer qu’il ne parvienne pas à le mettre en oeuvre » .

L’Iran, principal promoteur du terrorisme dans le monde

Le 28 octobre, en recevant le Président du Nigeria, Goodluck Jonathan, dans sa résidence de Jérusalem il évoquait « un partenariat de [deux] peuples et un partenariat d’intérêts et l’intérêt clé est la lutte contre le terrorisme ». Précisant que « le principal promoteur du terrorisme dans le monde est l’Iran et ce même Iran tente actuellement de préserver son programme lui permettant d’obtenir des armes nucléaires. Je viens d’entendre des responsables iraniens dire que les pourparlers, les plus récents, ont été utiles et constructifs. Eh bien, je suis sûr que pour l’Iran ils sont utiles et constructifs car ils viennent de leur faire gagner du temps, ce qui leur permet de poursuivre leur programme d’enrichissement pour produire des matières fissiles pour des armes nucléaires ».

En ce qui concerne Benyamin Netanyahou, ces discussions « seront utiles et constructives lorsque la pression sur l’Iran les amenera à mettre un terme à leur programme nucléaire, à arrêter tout enrichissement, à arrêter leur réacteur à eau lourde pour du plutonium, qui ne sont utilisés que pour des armes nucléaires ».Le Premier ministre rappelant qu’en effet, « ils ne sont pas nécessaires pour l’énergie nucléaire civile ». L’objectif d’Israël étant « de voir un règlement pacifique avec un Iran sans armes nucléaires ». Si Israël est déterminé à obtenir un tel règlement, cela serait également « important pour le Nigeria...important pour l’Afrique, pour les pays du Moyen-Orient et pour le monde. L’Iran doté d’armes nucléaires nous menacerait tous ainsi que la paix dans le monde ».

La veille, le 27 octobre, Benyamin Netanyahou avait eu l’occasion d’évoquer ce sujet avec John Kerry à Rome, en utilisant à peu près les mêmes termes...



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