Boker tov amis auditeurs de Radio J, le Premier ministre israélien a décidé de présenter à la Knesset la loi sur Israël, Etat de la nation juive et cette proposition est l’objet d’un débat, au sein du gouvernement et du Parlement à Jérusalem. Il existe un large consensus sur les éléments principaux de cette loi, et le débat porte d’ailleurs plus sur la forme que sur le fond Il me semble important d’expliquer le sens de cette proposition, mais surtout ses raisons et ses conséquences.
La nature de cette loi s’inscrit dans un processus qui se déroule depuis quelques années en Israël et a pour but de doter le pays d’une Constitution, par l’adoption d’un certain nombre de lois constitutionnelles, afin de compléter et de renforcer la Déclaration d’indépendance de 1948. Sur le plan juridique et politique, cette déclaration a toujours fait office de fondement constitutionnel sur toutes les questions touchant à l’essence même de l’Etat.
Les plus éminents juristes israéliens estiment aujourd’hui que ce document est insuffisant ou incomplet, par rapport aux Constitutions des grandes démocraties occidentales. Il est donc nécessaire de préciser et de mieux définir certains aspects de la Déclaration d’indépendance et la loi proposée n’est pas la première.
Une autre loi a été récemment adoptée sur le respect des droits et des libertés, or ce principe, comme celui du caractère juif de l’Etat, est également présent dans la Déclaration d’indépendance, mais il nécessitait une formulation plus claire et plus précise.
La loi proposée par Netanyahou, dont on peut discuter du timing ou de l’opportunité, n’est en rien contradictoire à la Déclaration d’indépendance, mais elle a pour but d’empêcher, par le truchement d’une loi constitutionnelle, que, par le jeu d’une coalition, toujours possible dans un régime à la proportionnelle, une majorité relative dénature l’Etat d’Israël en le métamorphosant en un Etat de citoyens sans appartenance nationale ou même en le transformant en Etat bi-national.
Par ailleurs, elle rappelle le principe énoncé par Ben-Gourion en 1948, que sur la terre d’Israël, dont les frontières définitives sont à définir par une négociation et des Traités de paix avec ses voisins, ne peut s’établir qu’une seule souveraineté, celle du peuple juif.
Encore une fois, il est bon de rappeler que cette idée a été reconnue, adoptée et appliquée par l’ONU, lors du vote du 29 novembre. De même, le principe de l’existence future ou éventuelle d’un Etat arabe aux côtés de l’Etat juif a été accepté par les représentants légitimes de l’Etat hébreu en son temps, et tous les gouvernements élus depuis lors en Israël n’ont de cesse de le répéter.
Qui seront les habitants de cet Etat et quelles seront ses frontières ? Ce n’est pas à un Parlement en Europe de le définir, puisqu’à l’époque, rappelons-le à ceux qui ont la mémoire un peu courte, le terme palestinien s’appliquait aux Juifs de Palestine et non aux Arabes.
De telles motions ne peuvent que mettre de l’huile sur le feu des extrémistes, qui n’ont certainement pas besoin, en ce moment, de pyromanes, mais bien plutôt de pompiers.