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Israël peut se défendre lui-même
Par Zev Chafets - www.nytimes.com - Adaptation française de Sentinelle 5768 ©
Article mis en ligne le 13 avril 2008
dernière modification le 16 avril 2008

L’échec de la diplomatie pour stopper le programme nucléaire de l’Iran est devenu évident cette semaine, quand le président Mahmoud Ahmadinejad a révélé l’installation de 6.000 nouvelles centrifugeuses dans le principal complexe d’enrichissement de l’uranium du pays. Son annonce était accompagnée de l’affirmation désormais habituelle que des étrangers ne pourront rien faire pour empêcher l’Iran d’accomplir sa destinée nucléaire.

Naguère, il n’y a pas si longtemps, ce genre de vantardise aurait déclenché des déclarations américaines claires : l’Iran ne serait jamais autorisée à développer des armes nucléaires. Toutes les options sont sur la table, aurait dit de façon menaçante le Président Bush. Cette fois-ci, il est resté tranquille. J’aurais aimé que ce soit le calme qui précède la tempête d’une action guidée par laser. Il paraît plus probable que ce soit le silence décontenancé d’un président américain dont le bluff a été démontré devant le monde entier.

Le spectacle de Washington devrait préoccuper tous ceux qui se soucient de l’influence américaine à long terme dans le monde islamique. Mais pour Israël (et les partisans d’Israël), il s’agit d’un problème urgent. C’est Israël, après tout, qui a été désigné par la direction iranienne comme cible de l’annihilation.

En réponse aux informations provenant d’Iran, certains partisans d’Israël ont commencé de suggérer que l’échec des efforts de prévention soit remplacé par une dissuasion assurée par les Américains : toute attaque nucléaire iranienne sur Israël serait traitée comme une attaque sur les Etats Unis. Charles Krauthammer, éditorialiste au ‘Washington Post’, a récemment appelé cela “la doctrine de l’Holocauste”.

Du point de vue d’Israël, cette idée est tentante - mais n’est pas réaliste.

En 1981, des avions israéliens ont détruit le réacteur d’Osirak. La réaction du monde a été une critique sévère. Même l’administration Reagan, d’ordinaire un allié très proche, a dénoncé l’opération.

Le Premier Ministre Menahem Begin n’a nullement été ébranlé par cette furie. Lors d’une conférence de presse à Jérusalem, il annonça qu’il se sentait l’obligation de faire tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher les ennemis d’Israël d’avoir en mains des moyens de tueries de masse.

Begin mentionna l’Holocauste ; cela n’était jamais éloigné de sa pensée. Mais sa préoccupation principale était stratégique, non pas historique. Israël n’était pas différent de tout autre pays. Il supporterait la responsabilité ultime de sa propre sécurité.

Begin avait raison. Voici pourquoi :

D’abord, en échange d’une assistance, Washington exigerait naturellement (et légitimement) d’avoir son mot à dire sur la politique israélienne. Un faux pas, après tout, pourrait entraîner un échange nucléaire. En un temps très bref, la souveraineté d’Israël et son autonomie ressembleraient à celle du Minnesota. Cela n’est pas mauvais si votre pays partage sa frontière avec l’Iowa. Cela marche moins bien dans le voisinage d’Israël.

Je ne mets pas en question l’amitié américaine. Mais même l’amitié a des limites pratiques. Les Présidents changent, ainsi que les politiques. George W. Bush, le plus grand ami qu’Israël ait eu à la Maison Blanche, n’a pas été capable de respecter un engagement (relativement plus facile) pour empêcher l’Iran de développer des armes nucléaires. C’est une bonne chose qu’Israël n’ait pas construit sa dissuasion sur cet engagement.

De plus, il est juste de dire qu’Israël n’est pas un pays faible. Il a développé un puissant ensemble d’options stratégiques. Dans le meilleur des cas, il serait capable d’agir par lui-même pour dégrader et retarder le programme nucléaire iranien comme il l’a fait en Irak (et plus récemment, en Syrie). Dans un plus mauvais cas, si les Iraniens acquièrent la bombe, les dirigeants iraniens pourraient être dissuadés par des considérations rationnelles. Ainsi, le propre arsenal d’Israël - et sa volonté manifeste de répondre à une attaque nucléaire - pourraient suffire.

Si, d’un autre côté, la direction iranienne ne peut simplement pas résister au prurit « d’effacer Israël de la carte » - ou de rendre imminent un tel évènement - il reviendrait alors à Israël de faire ses propres calculs. Quel est le prix de 100.000 morts à Tel Aviv ? Ou deux fois plus ? Le coût pour l’Iran serait certainement horrible. Israël aurait tort d’attendre de la part d’autres nations d’endosser cette responsabilité morale et géopolitique.

Ne vous méprenez pas. Ce serait une noble cause pour les Etats Unis de soutenir les efforts d’Israël pour empêcher la bombe iranienne ou, si elle y parvient, de soutenir la réponse d’Israël à une attaque. Mais aucun pays ne peut se reposer sur la gentillesse des autres.

Le mois prochain, Israël va célébrer le soixantième anniversaire de son indépendance. La souveraineté a un prix. La volonté d’Israël de le payer est la seule doctrine de l’Holocauste à laquelle il puisse vraiment se fier.


http://www.nytimes.com/2008/04/13/o...


Zev Chafets, qui a travaillé comme directeur du bureau de presse du gouvernement d’Israël sous Menahem Begin, est l’auteur de « A Match Made in Heaven », au sujet du soutien des Evangéliques américains à Israël.



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