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Territoires occupés : alibi contre la paix
Claude Tencer
Article mis en ligne le 16 janvier 2017

Au Moyen-Orient, la paix n’a pas la connotation universelle connue en Occident, ce n’est qu’un statu quo d’un processus de non agression. L’exemple de la paix signée à Camp David en 1979, entre l’Egypte et Israël, montre que cette paix s’inscrit essentiellement dans une « relation dilatoire » de tranquillité territoriale. Toutefois, ni le courage exemplaire d’Anouar Sadate se rendant au Parlement israélien à Jérusalem en novembre 1977, ni celle de Rabin qui permis la création de l’Autorité palestinienne, à la suite de la signature des accords d’Oslo, n’ont pu changer les mentalités, ni faire oublier la vieille rancœur des Arabes qui rendent Israël responsable de tous leurs maux.

On parle encore « d’occupation israélienne » pour justifier des actions suicidaires, on parle de « résistance » pour justifier les morts des civils, on propage la haine de l’Occident pour justifier une instrumentalisation de la religion pour des intérêts politiques. Il faut être un Etat naïf ou inconscient pour croire dans ces conditions à un espoir de paix, même virtuel, lorsque 22 pays arabes ou musulmans, privés pour l’instant de cohésion, peuvent un jour envahir à nouveau le monde.

Aussi, en lisant la Charte de l’OLP, toujours en vigueur, ou celle du Hamas, nul ne peut ignorer les intentions des leaders palestiniens. Pour l’exemple : dans le préambule de sa Charte, le Hamas annonce : « Israël s’élèvera et restera en place jusqu’à ce que l’Islam l’élimine, comme il a éliminé ses prédécesseurs ». L’article 2 annonce : « Le Mouvement de la résistance islamique [Hamas] est l’une des branches des Frères musulmans en Palestine. Le mouvement des Frères musulmans est une organisation mondiale, le plus important mouvement islamique à l’époque contemporaine  ». Dans l’article 7 on peut lire : « Le temps ne viendra pas avant que les musulmans ne combattent les juifs et ne les tuent. »

Certes, certains assimilent ces dires à une action de « résistance », d’autres les assimilent à la passion de la haine et à une incitation au meurtre. Cette haine est propagée aussi d’une façon complètement officielle sur la télévision palestinienne à Gaza. Pour l’exemple, observons quelques propos haineux propagés par le cheikh Ibrahim Mudeiris à la TV palestinienne dans son prêche du vendredi 13 mai 2005 : « Israël est un cancer [...] Les juifs sont un virus semblable au SIDA [...] Les juifs sont derrière toutes les guerres civiles de ce monde [...] Ce sont les juifs qui ont provoqué le nazisme [...] "Nous avons autrefois dominé le monde, et par Allah, le jour viendra où nous le dominerons à nouveau [...] Sous notre domination, les juifs n’auront pas une vie tranquille [...] Le jour viendra où tous seront soulagés des juifs ... Chaque arbre et chaque pierre voudront que les musulmans viennent à bout de tous les Juifs...

Ces propos n’ont guère de rapport avec une divergence territoriale , mais, avec la paix.

En juin 1951, le roi Abdallah, premier roi de Jordanie, déclare à un envoyé de l’ONU sa crainte face à l’action internationale en faveur de la paix : « Je suis un vieil homme ; je sais que mon pouvoir est limité ; je sais que je suis détesté par mon propre fils. Je sais aussi que mon propre peuple me déteste en raison de mes efforts de paix. Mais en dépit de tout, je sais que je pourrais obtenir un règlement de paix si seulement j’avais quelques encouragements et si je pouvais obtenir des concessions raisonnables de la part d’Israël... S’il vous plaît, aidez-moi. Je suis un vieil homme et je ne veux pas mourir le cœur brisé . » Le roi est assassiné un mois plus tard, après la prière à la mosquée Al Aqsa, par un homme du mufti de Jérusalem.

D’ailleurs, après la guerre de 1948, le roi Abdallah de Jordanie a proclamé : «  la Jordanie est prête à accueillir les réfugiés comme citoyens permanents  » (Le Monde, 21 avril 1951). Le roi Abdallah n’a fait qu’assumer rationnellement le rôle d’un Etat. La Jordanie est en effet majoritairement palestinienne.

Le royaume de Jordanie ou la Transjordanie a été fondé par les Britanniques en 1921, sans l’aval de la Société des nations ni d’aucune instance internationale. D’un point de vue historique, avant la guerre de 1948, la Cisjordanie ne faisait pas partie de la Jordanie. C’est durant la guerre de 1948, après le refus arabe de la résolution 181 (plan de partage de la Palestine) votée par l’ONU, que la Légion arabe et l’armée de volontaires arabes s’emparèrent de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est.

La Cisjordanie, faisant partie de l’espace du mandat britannique, n’a jamais été un État souverain, par conséquent, n’a jamais été un État palestinien. Le 24 avril 1950, le Parlement de la Jordanie vote une loi d’annexion de la Cisjordanie. Le 14 décembre 1955, la Jordanie est admise comme membre des Nations unies sans qu’aucune contestation ne soit faite quant à sa souveraineté sur la Cisjordanie annexée, un territoire pourtant conquis par la guerre, en contradiction avec le droit international.

Après sa victoire dans la Guerre des six jours en 1967, Israël s’empare de la Cisjordanie et de Gaza dans une guerre imposée par un casus belli. On parle alors de territoires occupés, que les Israéliens doivent rendre aux Palestiniens. Pourtant, aucun Etat palestinien n’existait ni n’a pris part à cette guerre. Comme le fait remarquer aussi J.F. Legrain : Nulle part on ne trouve revendiquée la création d’un État palestinien, impensable en période de panarabisme triomphant et, de toute façon, exclue par la Jordanie. »

Dans l’histoire contemporaine, nous ne connaissons pas d’exemple où un État récupère un territoire perdu à l’issue d’une guerre offensive.

Pour exemple, on peut citer le Japon, pourtant un État souverain, qui perd à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale l’île de Sakhaline et l’archipel des Kouriles au bénéfice de l’URSS ; il ne les a toujours pas récupérés. La Prusse et la Poméranie orientale faisaient partie intégrante de l’Allemagne. Celle-ci les a définitivement perdues en 1945, au bénéfice de la Pologne et partiellement de l’URSS.

Etonnant de constater que l’OLP ne revendique guère un État, dans aucun des 33 articles de sa Charte, mais «  la libération de la Palestine  ». Un fait juridique controversé par le droit international, car l’espace de la Palestine inclut aussi bien la Jordanie que l’Irak. Il est invraisemblable aussi que l’OLP ne revendique pas, non plus, une souveraineté sur la Cisjordanie et Gaza, bien que nous soyons après la Guerre des six Jours et que ces régions soient sous autorité israélienne.

Le 1 janvier 1969, après la Guerre des six jours, le Comité central du Fatah expose les perspectives de la lutte palestinienne. Dans l’article 5 de sa déclaration, il est mentionné : « Le mouvement de libération nationale palestinienne Fatah proclame solennellement que l’objectif final de sa lutte est la restauration de l’État palestinien indépendant et démocratique dont tous les citoyens, quelle que soit leur religion, jouiront à droits égaux.  »

La formule la restauration de l’État palestinien laisse croire que l’État palestinien existait dans le passé, et que l’objectif palestinien n’est que de le libérer et de le restaurer. Une honnêteté intellectuelle qu’il convient de corriger.

Depuis les accords d’Oslo, l’Etat d’Israël a participé à la création de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et à Gaza, acceptant même d’armer plus de 40 000 policiers. Certes, l’opinion internationale ne comprend pas pourquoi les négociations israélo-palestiniennes n’aboutissent pas à la création d’un Etat palestinien, et la rumeur veut que seul l’Etat d’Israël soit responsable de la détresse palestinienne.

En réalité, il est invraisemblable de constater qu’aucun accord, ni à Oslo ni ailleurs, prévoyant la création d’un Etat palestinien , n’a jamais été conclu officiellement entre Israël et les Palestiniens. Seules la création d’une Autorité et ses institutions de gestion ont été prévues. Certes, le comble, mais c’est une réalité.

Toutefois, si les accords d’Oslo ont fait naître l’espoir de paix au Moyen-Orient, Arafat anéantit tout rêve. Dans son discours à Johannesburg en mai 1994, il compare les accords d’Oslo à l’accord Khodeïbeh, que Mahomet signa avec la tribu de Koreïsh, lorsqu’il était en position de faiblesse. Il dénonce l’accord deux ans plus tard, les attaque et occupe la Mecque. Arafat explique l’apologue : « Les accords avec les mécréants et les infidèles ne sont toujours que des accords temporaires et sans valeur selon l’Islam, nous avons le droit de nous soustraire à nos obligations à tout moment, cela s’applique de même aux accords d’Oslo . »

Depuis son installation en 1994, l’Autorité palestinienne veut tout négocier, sauf ses exigences , à savoir : retrait israélien aux frontières du 4 juin 1967 (avant la Guerre des six jours), Jérusalem capitale, et le droit de retour des réfugiés palestiniens en Israël. Israël n’accepte guère ces conditions. A son sens, la création d’un Etat palestinien doit résoudre le problème des réfugiés dans l’espace de cet Etat. Etonnant de constater qu’une majorité desdits réfugiés demeurant hors des territoires n’a guère l’intention de déménager et de passer sous contrôle de l’Autorité palestinienne, préférant leur situation actuelle.

Sous le titre «  Un alibi pour la Ligue arabe  », Le Monde du 21 avril 1951 relate la réflexion de Richard Crossrrian, député travailliste, au cours du débat du 15 mars à la Chambre des communes au sujet des réfugiés : Tant que nous compterons sur l’ONU pour faire quelque chose de sérieux pour l’établissement des réfugiés, nous ne ferons que nous leurrer, car l’ONU est une organisation politique. II y a la Ligue arabe et toute la politique de la Ligue arabe... ! La Ligue arabe a besoin du problème des réfugiés pour maintenir la cohésion contre Israël... L’établissement des réfugiés la priverait de son sujet de plainte le plus important. En second lieu, une paix entre la Jordanie et Israël serait des plus embarrassantes du point de vue de la Ligue arabe, en levant l’embargo sur Israël... Telle est, me semble-t-il, l’impasse à laquelle nous nous trouvons acculés...

La conception de l’entité palestinienne est récente. Cette entité palestinienne ne se distingue d’aucune exception ou particularité de l’entité ou de l’identité arabe, comme ne cesse de le faire remarquer l’OLP dans sa Charte et ses diverses déclarations. Ceci étant, il ne serait pas exagéré d’imaginer la communauté maghrébine de Marseille ou celle de Roubaix revendiquer dans vingt, trente ou cinquante ans, «  au nom des peuples à disposer d’eux-mêmes  » et du «  droit à la terre  », le territoire marseillais ou celui du Nord comme territoire maghrébin. Cette revendication paraît entièrement logique et légitime dans le sens de la revendication palestinienne sur la Palestine.

Un fait au moins paraît certain dans cette tragédie ; le malheur des uns ne fait guère le bonheur des autres...



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