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ELECTION 2007 AU CRIF
Henri Hajdenberg | Propos recueillis par David Reinharc
Article mis en ligne le 12 mai 2007
dernière modification le 13 mai 2007

David Reinharc : Qu’est ce qui motive votre retour à l’engagement communautaire, notamment en briguant le poste de président du CRIF ?

Henri Hajdenberg
 : Sans que la situation soit tragique et dramatique, nous sommes tous préoccupés.
La première préoccupation, le Proche-Orient : Israël est confronté d’une part au Hamas, d’autre part au Hezbollah. L’iran réarme la Syrie et le Hezbollah. Le Président Ahmadinedjad souhaite rayer Israël de la carte et développe la production d’uranium civil qui permettrait sa militarisation, et la fabrication d’une bombe nucléaire .
L’autre préoccupation concerne la France : l’implantation de l’antisémitisme depuis la seconde Intifada - c’est à dire depuis l’automne 2000- , un développement des agressions, et, in fine, la mise en danger physique d’un certain nombre de Juifs vivant dans des cités, principalement dans les banlieues parisiennes.
Dans la situation que je viens de décrire, je pense qu’un homme doté d’une certaine expérience et qui a toujours fréquenté les différentes couches et sensibilités de la communauté juive, peut être le garant d’une certaine unité et contribuer à nous engager à la fois dans le soutien à Israël et à la lutte contre l’antisémitisme.
J’ai eu des responsabilités dans cette communauté assez importantes - puisque j’ai dirigé le CRIF pendant six ans, j’ai ensuite été premier vice-président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, et Président des Bonds d’Israël. D’acteur médiatisé, je me suis engagé dans des fonctions moins visibles qui m’ont permis d’observer, de réfléchir sur le long terme, d’avoir une vision stratégique.

David Reinharc : Face à un nouvel antisémitisme moins classique, quelle place comptez vous donner au « devoir de mémoire » ?

Henri Hajdenberg
 : Ces douze dernières années, nous avons réussi à transmettre la mémoire de la Shoah de façon plus forte que cela ne le fut fait précédemment.
Cela a été un bouleversement dans la société française. La prise de conscience - notamment par les jeunes générations- de ce qui est arrivé aux Juifs d’Europe dans la Seconde Guerre Mondiale est un processus extraordinaire.
Des oeuvres littéraires, cinématographiques, intellectuelles ont aussi eu un impact sur l’antisémitisme classique qui avait puisé ses sources dans la chrétienté, et qui s’est installé socialement dans l’Europe d’avant-guerre et pendant la guerre.
Nous avons affaire aujourd’hui à un nouvel antisémitisme qui a des sources ailleurs, dans la population française maghrébine - antisémitisme qui s’est déclenché à partir de la Seconde Intifada- et sur lequel la transmission de la mémoire de la Shoah a peu d’effet.
Un autre antisémitisme s’est implanté dans les banlieues parisiennes, venu des populations antillaises ou d’origine africaine, instrumentalisé par Dieudonné, vecteur fondamental de cet antisémitisme.
Il faut avoir un autre mode d’action sur ces populations parce que nous n’avons pas réussi à ériger grâce à la transmission de la mémoire de la Shoah une barrière suffisamment forte contre l’antisémitisme.

David Reinharc : N’êtes vous, sur un certain nombre de points de vue politique, aussi bien français qu’israélien, en décalage avec l’opinion juive majoritaire ?
Dans le dernier Tribune Juive, par exemple, il est mentionné que vous avez une image d’homme de gauche .....

Henri Hajdenberg
 : En ce qui concerne Israël, le processus de paix a commencé en 1993 avec un gouvernement de gauche. Le Président du CRIF de l’époque, Jean Kahn, a fait voter par l’assemblée du CRIF, le soutien aux accords d’Oslo.
Lorsque je lui ai succédé, j’ai par conséquent, soutenu le processus de paix alors qu’Itzhak Rabin était Premier ministre. Quand Benjamin Netanyahou est arrivé au pouvoir, légitimise à la tête du CRIF, je l’ai soutenu. Il s’est inscrit dans le processus de paix, a ordonné le désengagement de Hébron, deuxième ville sacrée du judaïsme.
De même pour Ehoud Barak, Ariel Sharon, gouvernements que j’ai soutenus en tant que président du CRIF. Ariel Sharon a ordonné le retrait de Gaza et accepté le principe d’un Etat palestinien. Aujourd’hui Israël est dirigé par un gouvernement d’union nationale.
En ce qui concerne la politique française, j’ai toujours été un homme indépendant, je n’ai jamais appartenu à quelque parti ou groupe politique que ce soit. J’ai toujours considéré que pour diriger la communauté juive de France et peser politiquement, il fallait être libre, autonome, n’avoir aucun engagement politique partisan.
Des hommes et des femmes qui votent traditionnellement à droite, me soutiennent tout autant que des personnes de gauche ou du centre.

David Reinharc : Etant donné le choc démographique découlant de l’immigration arabo-musulmane, avez-vous des inquiétudes ?

Henri Hajdenberg
 : Je ne pense pas qu’il y ait un seul courant musulman en France. Il y a des courants extrêmes qui peuvent, certes, se mettre en dehors des valeurs républicaines.
D’un autre côté, il y a des musulmans qui veulent s’intégrer dans la République, défendant les valeurs de la laïcité-comme il existe des Juifs laïcs- et je pense qu’il y a parmi eux des hommes de dialogue avec qui il est possible d’entamer un rapprochement.

David Reinharc : Pouvez-vous préciser ce que vous entendez par « judaïsme laïc » ?

Henri Hajdenberg
 : Ce sont des Juifs non pratiquants, parfois pas observants qui portent des racines d’origine biblique, des valeurs, une histoire juive, marqués par la Shoah, qui sont aussi proches d’Israël.

David Reinharc : Etes vous inquiets par l’augmentation des mariages mixtes ?

Henri Hajdenberg
 : La réponse aux mariages mixtes est individuelle, même si elle peut dépendre de notre organisation collective : centres de rencontres communautaires ouverts aux jeunes de toutes sensibilités, avec des activités culturelles ou de voyages correspondant aux différents milieux socio-économiques.



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