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Autorité Palestinienne : l’aveu
Michel Gurfinkiel - RCJ
Article mis en ligne le 4 mars 2001
dernière modification le 23 juillet 2003

Selon le ministre de la communication d’Arafat, l’Intifada a été planifiée par les Palestiniens en réponse à Camp David.

Vendredi dernier, 2 mars, l’Autorité autonome palestinienne est passée aux aveux. Ce jour-là, en effet, son ministre de la Communication, Imad Faloudji, a déclaré publiquement, au cours d’un meeting organisé au camp de réfugiés de Eil el-Hilweh, au sud de Sidon, que la crise actuelle, la seconde intifadah, avait été planifiée dès le mois de juillet 2000, soit plus de deux mois avant les premiers affrontements.
 

L’information a été immédiatement diffusée par l’agence de presse américaine Associated Press ( www.ap.org ), et reprise par la plupart des médias occidentaux. L’Agence France-Presse (AFP), par contre, ne semble pas y avoir attaché beaucoup d’importance jusqu’à ce jour.
 

Imad Faloudji, le 2 mars, a commencé par affirmer que « ce serait une erreur de penser que l’insurrection, dans laquelle plus de 400 personnes ont été tuées, a été initiée par la visite d’Ariel Sharon sur le site de la mosquée El-Aqsa, fin septembre ».
 

Dont acte. Que n’avons-nous pas entendu, en boucle, sur cette fameuse visite, sur l’arrogance de Sharon, sur les « trois cents soldats armés » qui l’auraient accompagné sur le Mont du Temple. Combien de fois n’avons-nous pas vu, sur nos écrans de télévision, cette scène originelle, intercalée entre des images de violence, des jets de pierre, des gamins ensanglantés, des mères palestiniennes au regard étrangement doux affirmant qu’elles étaient heureuses, oui, heureuses, que leurs enfants meurent en martyrs à l’âge de douze ans.
 

Eh bien nous voici rassurés : la relation de cause à effet, si complaisamment colportée ou suggérée pendant des semaines et des mois, n’était, dixit l’un des principaux collaborateurs de Yasser Arafat, qu’une « erreur ».
 

Mais les propos que Faloudji a tenus ensuite sont encore plus extraordinaires. Tout d’abord, le ministre palestinien de la Communication révèle que la nouvelle intifadah « a été planifiée après l’échec du sommet de Camp David ». Ensuite, il précise : « Ce sommet de Camp David... où le président Arafat a envoyé promener le président américain Bill Clinton et rejeté les conditions américaines ».
 

Chacune de ces deux affirmations est lourde de signification et de conséquences. « Planifier » délibérément une crise majeure, une guerre, comme celle où se trouve aujourd’hui le Moyen-Orient, c’est en effet violer délibérément les accords signés à Oslo en août 1993 et paraphés à Washington en septembre 1993, mais aussi violer la charte de l’ONU.
 

L’existence même de l’Autorité autonome palestinienne - une institution créée dans le cadre des accords d’Oslo - pourrait désormais être remise en question. Quant à ses dirigeants, ils pourraient être déclarés fauteurs d’agression au regard de la loi internationale.
 

La seule excuse dont les dirigeants palestiniens pourraient se prévaloir, à cet égard, serait une situation de détresse extrême résultant, par exemple, d’une violation antérieure des mêmes accords d’Oslo et de la même charte de l’ONU par Israël. Mais Imad Faloudji, à travers sa seconde affirmation, indique lui-même que ce n’était pas le cas.

 

Que s’était-il en effet passé au sommet tripartite de Camp David, pour qu’Arafat « envoie promener » Bill Clinton ?

 

Barak, faut-il le rappeler, a offert une série de concessions sans précédent : en particulier le partage de Jérusalem entre l’Etat d’Israël et un futur Etat souverain de Palestine, le passage du Mont du Temple sous souveraineté palestinienne, la cession à la future Palestine de 3 ou 4 % du territoire israélien d’avant 1967 en échange du rattachement à Israël des principales implantations juives de Cisjordanie, et enfin, last but not least, l’acceptation de principe d’un retour en Israël même d’une partie de ceux qu’on appelle les réfugiés palestiniens de 1948.
 

Et ce sont ces concessions - dont maint journaliste ou analyste français, à l’époque, disait qu’elles brisaient définitivement les tabous qui empêchaient la paix - qu’Arafat a tenues pour insuffisantes, et donc rejetées.
 

Nous savons ce que le président de l’Autorité palestinienne considérait, à Camp David, comme des concessions suffisantes de la part d’Israël. En effet, il avait résumé ses propres exigences dans un document de travail remis à la fois à Clinton et à Barak. Permettez-moi de mentionner quelques unes d’entre elles :
 

1. Israël assurera un dédommagement intégral pour les pertes matérielles et morales cumulées par les réfugiés palestiniens de 1948 et leurs descendants.
 

2. L’OLP recevra des compensations pour les biens publics palestiniens passés sous autorité israélienne depuis 1948.
 

3. Israël versera des dédommagements à tous les pays arabes qui ont accueilli des réfugiés palestiniens depuis 1948, notamment la Jordanie, le Liban et la Syrie.
 

4. Tous les réfugiés de 1948 et leurs descendants, soit près de 4 millions de personnes, auront le droit de s’installer en Israël, dans des régions où leur sécurité sera assurée et où ils disposeront d’infrastructures convenables.
 

5. Les réfugiés qui reviendront en Israël recevront automatiquement la nationalité israélienne.
 

6. Israël devra modifier ses lois pour faciliter l’intégration des réfugiés.
 

7. Le droit au retour n’aura aucune limite dans le temps.
 

8. Une commission internationale devra superviser l’intégration des réfugiés.
 

La juxtaposition des concessions offertes par Barak et des contre-propositions présentées par Arafat est éloquente. D’un côté, la paix. De l’autre, un retour cynique à la guerre et au vieux projet de démantèlement intégral de l’Etat d’Israël et de sa société.
 

Dans ce contexte, les propos d’Imad Faloudji, ministre palestinien de la Communication, membre du cabinet d’Arafat, proche collaborateur du Raïs, scellent définitivement, pour qui a des yeux et veut voir, pour qui a un cerveau et veut réfléchir, pour qui a une âme et veut la vérité et la paix, la question de la responsabilité de la crise actuelle.



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