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Un universitaire américain, orientaliste distingué pro-palestinien, Christopher Stone, attaqué au couteau au Caire
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 11 mai 2013

Cet orientaliste distingué très impliqué non seulement dans l’enseignement de la langue arabe mais aussi dans la diffusion de la culture arabe dirige la section arabe du prestigieux Hunter College à New York et est actuellement attaché de recherche au Centre Américain de Recherche du Caire. Le 9 mai, à l’entrée de l’ambassade des États-Unis où Chris Stone avait à faire, un Égyptien l’a poignardé dans le cou après s’être assuré de sa nationalité. Ses jours ne sont pas en danger. Certains déplorent que ce pro-palestinien militant ait été pris pour cible ; pendant ce temps des émeutes anti-israéliennes sont fomentées par des Frères musulmans dans la capitale égyptienne

Une profonde haine antiaméricaine

Cette agression aurait pu être fatale car, selon un communiqué du Centre Américain de Recherche du Caire où il est actuellement chargé de recherches, le Professeur Christopher Stone a été poignardé dans le cou après que son agresseur se soit assuré de sa nationalité. Les médecins de l’ambassade lui ont porté secours aussitôt et le couteau a ensuite été retiré à l’hôpital où il a été transporté par ambulance. Toujours selon ce communiqué, publié à la demande de cet universitaire, son agresseur l’a attaqué dans l’entrée de l’ambassade des États-Unis au Caire, où il se rendait pour renouveler le visa de son épouse. Et, contrairement à ce qui a pu être dit dans certains médias, le coup n’a pas été porté dans le cadre de ce qui aurait été une dispute.

Selon le quotidien égyptien Al-Ahram, l’agresseur, Mahmoud Badr, trente ans, licencié en commerce, s’est rendu au Caire par le train depuis la ville qu’il habite dans le delta du Nil, s’étant armé du « couteau de sa mère », pour aller tuer un Américain car il « est en colère contre les États-Unis ».

Il s’agit donc bien d’un geste prémédité, commis de sang-froid, visant délibérément un ressortissant américain, ce qui démontre la virulence des sentiments antiaméricains en Égypte. Incident à la fois tragique et ironique lorsque l’on sait la proximité de cet universitaire avec le monde arabe. En 2011 il se rendait au Caire pour y suivre les événements alors que Hosni Moubarak avait été contraint de démissionner deux mois plus tôt et que les troubles se poursuivaient pour hâter le départ du Conseil militaire en place Christopher Stone avait alors réalisé une interview d’un jeune auteur égyptien qui fut très actif dans la mise en œuvre du « printemps égyptien » par le biais des réseaux sociaux.

Un orientaliste de renom épris de langue et culture arabe et pro-palestinien sur fond de violences cairotes et de l’arlésienne de la « réconciliation palestinienne »

Par ailleurs, sur le plan universitaire, Christopher Stone dirige le centre d’études arabes d’un établissement new-yorkais prestigieux, le Hunter College. L’accent y étant mis sur l’enseignement et la pratique de ce qu’il appelle l’arabe le plus communément parlé, à savoir sa version égyptienne. Avec l’accent aussi sur ce qu’il décrit ainsi : « à Hunter nous croyons réellement qu’il y a un lien entre langue et culture »

On notera qu’en mai 2011, alors qu’il était au Caire, il y avait eu ce que des chancelleries appelèrent pudiquement des « heurts ....entre les groupes égyptiens de foi différente », ayant fait douze morts au moins et quelque 200 blessés... « Des musulmans avaient attaqué l’église copte de Saint Mena »...

En début du mois de mai 2011 un énième accord de réconciliation, tout aussi vain que les accords précédents et les accords ultérieurs, avait été signé entre Fatah et Hamas au Caire
Ce qui n’avait pu laisser cet universitaire indifférent car il est connu pour être pro-palestinien. Ainsi en 2010 participait-il à un séminaire organisé par PARC, le Centre de Recherche Palestino-américain - Séminaire auquel participait également Lucian Stone très engagé également auprès des Palestiniens -

Par ailleurs, parmi les écrits de Christopher Stone on trouve une analyse de l’œuvre d’un écrivain, Abu Madi, dont il souligne que le pan-arabisme se manifestait « souvent par son soutien de la cause palestinienne »

Agresseur et agressé partagent une même haine des États-Unis et sans doute aussi d’Israël

Il ne semble pas que le Professeur Stone formule de critiques dès lors qu’il s’agit des « deux millions de personnes parlant arabe du Maroc à Oman ». En revanche il se plait à fustiger Israël et les États-Unis, comme le souligne Front Page Magazine qui voit quelque ironie dans le fait qu’un homme, un Égyptien, poignarde un autre homme, un Américain, au nom de leur haine partagée de l’Amérique. FPM rappelle que, par exemple, en 2008, cet universitaire distingué participait à un échange épistolaire dans les colonnes du New York Times. Il écrivait notamment : « Gaza est une prison virtuelle et la Cisjordanie est en train d’être morcelée dans des cantons rappelant l’apartheid. Les Palestiniens de l’intérieur d’Israël ne bénéficient pas d’une citoyenneté pleine et entière et sont sans défense face aux attaques qu’ils subissent de la part des Israéliens qui ne sont pas poursuivis.....Le déni par Israël de son terrorisme d’état ne souligne-t-il pas son irrationalité ? »

Autre incident significatif rapporté par Julie Wiener, rédactrice en chef adjointe de The Jewish Week de New York. Sa fille âgée de six ans ayant souhaité avoir Israël pour thème de la fête donnée à l’occasion de son anniversaire, elle lança des invitations formulées très prudemment. La réponse du professeur Chris Stone, un de ses voisins, fut sans appel : il ne pouvait, écrit-il, envoyer sa fille « dans une fête célébrant implicitement l’Israël que je connais ».

La publication de l’article dans lequel elle relate l’incident ayant provoqué de nombreux commentaires, le Professeur reprit la plume pour préciser que, pour sa part il « pense tout le temps » à des méfaits comme « Abu Ghraib, My Lai ou des tortures infligées à des personnes suspectées de terrorisme ». Précisant qu’il est lecteur du quotidien Haaretz, il poursuit ainsi pour expliquer son refus : « ce n’est pas SEULEMENT à cause de la conduite odieuse des gouvernements des États-Unis et d’Israël mais aussi à cause des destructions faites au nom du nationalisme en général ». Un peu étrange dès lors que cet universitaire revendique un État pour le peuple palestinien.

Si la haine de l’Amérique de ce Professeur appartenant à une prestigieuse université new-yorkaise est avérée comme l’est celle de son agresseur, Christopher Stone ne fait pas mystère de sa haine d’Israël. Pour l’heure on ignore si ce sentiment est partagé par Mahmoud Badr. Mais lecontraire serait surprenant.

Pour la petite histoire, un blogueur dont le pseudo est « Angry Arab » - Arabe en colère – disait son dégoût en apprenant cette agression non pas parce qu’un homme désarmé a été frappéd’un coup de couteau, mais parce que, écrit-il, « Chris Stone est un être humain merveilleux, un universitaire éminent et un grand ami du peuple palestinien ». Haïr les Américains en bloc est donc stupide, conclut-il. Ce qui, en creux, indique que certains Américains, seulement, ceux qui ne sont pas pro-palestiniens, peuvent être tranquillement haïs, voire agressés, assassinés même...

Culture et politique indissociablement liés

Culture et politique se rejoignant donc, comme cela est le cas aujourd’hui pour cet orientaliste qui, cette fois le vit sans sa chair alors qu’il est au Caire pour y effectuer une recherche sur el-Sheikh Imam, un musicien égyptien engagé# ! qui fit de la prison, notamment pour avoir critiqué les dirigeants égyptiens qu’il tenait pour responsables de la défaite de la Guerre des Six Jours – guerre préemptive d’Israël menacé par les armées égyptienne, syrienne et jordanienne qui résulta, entre autres, à la réunification de Jérusalem - et n’a été relâché qu’après l’assassinat d’Anouar El-Sadate.

Concordances : attaque au couteau d’un Américain et manifestations anti-israéliennes fomentées par les Frères musulmans

Le 10 mai au Caire, au lendemain de cette attaque antiaméricaine au couteau, un vendredi, jour de prière pour les musulmans, il y a eu également des manifestations anti-israéliennes au cours desquelles des drapeaux israéliens ont été brûlés aux cris d’Allah Akbar et de « tombe Israël »...# ! Ou encore

A la sortie de la mosquée Al-Azhar, haut lieu du monde sunnite, un dirigeant des Frères musulmans désignait Israël comme « ennemi » et un des participants hurlait « libérez la Palestine des fils des singes et des porcs »... Manifestations dont le prétexte aura été des raids sur des sites d’armement syriens, attribués à Israël, et l’interpellation pendant quelques heures du Mufti de la mosquée Al-Aksa, soupçonné d’avoir incité des Palestiniens de Jérusalem à la violence dans des échauffourées sur le Mont du Temple. Et qui est connu pour donner volontiers dans ce travers, estimant, notamment qu’il y va du devoir de tout musulman de tuer des Juifs pour hâter la venue de la résurrection...

On a constaté des troubles similaires à Amman, rappelons-le, avec drapeaux israéliens brûlés, tentative d’envahir l’ambassade d’Israël et vote de la Chambre basse du Parlement jordanien exigeant le renvoi de l’ambassadeur d’Israël et le rappel de l’ambassadeur de Jordanie en Israël

De quoi nourrir, sans nul doute, la réflexion de cet universitaire... Pourtant, au vu de ce qu’il a pu écrire par le passé à propos d’Israël et de l’Amérique, on doute que cela tempère sa haine de ces deux pays. Il pardonnera probablement à son agresseur et ils deviendront peut-être les meilleurs amis du monde. On attend d’eux un ouvrage à deux voix vilipendant le Grand et le Petit Satan à l’unisson...



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