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Sadate à Jérusalem : l’exemple à suivre
Jehudi Kinar - Ambassadeur d’Israël en Belgique et au Luxembourg
Article mis en ligne le 29 mars 2004

C’est le 26 mars 1979, il y a 25 ans, qu’était signé, sur la pelouse de la Maison-Blanche, le Traité de Paix entre Israël et l’Egypte. Une nouvelle page du conflit israélo-arabe venait d’être tournée, et une ère nouvelle s’ouvrait au Proche-Orient, mettant fin à 30 ans de haine et d’hostilité entre deux pays qui, six auparavant encore, s’étaient affrontés sans merci dans la Guerre de Kippour.

Ce traité avait été rendu possible grâce à la vision et au courage du Président égyptien Sadate, le premier chef d’Etat arabe qui allait briser un tabou qui, aujourd’hui encore, paralyse certains régimes arabes et musulmans, et fait perdurer le conflit du Proche-Orient : celui de la reconnaissance de l’Etat d’Israël, de son droit à l’existence dans des frontières sûres et reconnues.

Qui ne se souvient des images de l’atterrissage du Boeing présidentiel égyptien à l’aéroport Ben Gourion, en ce samedi soir du 19 novembre 1977, à la fin du Shabbath ?

De cet ennemi d’hier, venu en pèlerin de la paix fouler la terre d’Israël au cours d’une cérémonie mémorable pour venir s’adresser, le lendemain, à la Knesset, le Parlement israélien, et dire aux représentants israéliens et à travers ceux-ci, au peuple israélien tout entier, sa volonté d’en finir avec la guerre et de faire la paix ?

Un geste à la fois audacieux et symbolique, un acte politique d’une portée extraordinaire qui allait paver la voie de la reconnaissance mutuelle et de la réconciliation entre deux pays, pour aboutir au premier traité de paix entre Israël et l’un de ses voisins. Un geste sincère et noble, que Sadate allait malheureusement payer plus tard de sa vie. Nous, Israéliens, tenons à honorer, en ce 25ème anniversaire de la signature de la paix avec l’Egypte, la mémoire de ce grand homme, ennemi redoutable en temps de conflit, mais tellement loyal dans son engagement de paix.

Certes, nous aurions préféré une paix plus chaleureuse, une paix entre les peuples et non seulement entre dirigeants, entre Etats. Mais ce traité nous aura permis aussi d’assurer, au prix de très lourdes concessions, la sécurité de notre frontière avec l’Egypte : conformément aux Résolutions de l’ONU et à la formule de territoires en échange de la paix, l’Egypte allait récupérer chaque centimètre carré du Sinaï. Cela n’a pas été chose facile. Souvenons-nous de l’implantation israélienne de Yamit, dans le Sinaï, évacuée par la force par l’armée israélienne, dirigée par Ariel Sharon, alors Ministre de la Défense. Et de la rétrocession de Taba.

Ce chapitre appartient à l’histoire. Pourtant, il est encore tellement d’actualité. En effet, la clé pour résoudre le conflit israélo-arabe et le conflit israélo-palestinien ne réside pas uniquement dans des accords écrits. Un accord ne fut-il pas signé entre Israël et le Liban, en 1983 ? Et des centaines de pages d’accords signés entre Israël et l’OLP ont-elles apporté la paix ? Non, la clé pour la paix réside dans la sagesse et la vision des dirigeants, dans leur sens des responsabilités, dans leur capacité de saisir les moments historiques qui s’offrent à eux et de les transformer en modèles de coexistence. Le Roi Hussein de Jordanie l’a bien compris aussi, le moment venu, à l’instar des Premiers Ministres israéliens Menahem Begin et Yitzhak Rabin. Réalisme et courage ont aussi été à la base de la conclusion de la paix entre le Royaume jordanien et l’Etat d’Israël.

C’est dans cette optique que nous devons lire l’échec de Camp David, en août 2000 : l’incapacité du leadership palestinien à briser définitivement ce tabou, et à dire aux Israéliens, sans ambiguïté, comme l’ont fait Sadate et le Roi Hussein : nous reconnaissons votre existence, nous avons une place dans cette région et vous en avez aussi une à nos côtés, nous voulons vivre en paix avec vous. Pourtant l’histoire avait démontré que les dirigeants et le peuple israéliens sont prêts à de lourds sacrifices dès lors que les verrous sautent, que les tabous se brisent, que le rêve cède la place au réalisme.

Combien de tragédies n’auraient-elles été évitées, si la sincérité et le réalisme politique n’avaient pas fait si cruellement défaut, en août 2000 à Camp David ? Si la main tendue d’Israël avait été saisie, de la même manière que celle tendue par Sadate avait été saisie par Israël, en ce 19 novembre 1977 ? Car au-delà des spéculations, de tout ce qui a été dit ou pas dit à propos de Camp David, une chose est claire : pour la première fois dans l’histoire, une véritable perspective de règlement politique, avec un Etat à la clé, y avait été offerte aux Palestiniens. Le recours à la violence, l’absence de lutte contre la terreur, l’incitation à la haine, la nouvelle exigence du droit au retour des réfugiés en Israël, sont autant d’éléments contraires à l’esprit des accords d’Oslo et à celui qui avait guidé les dirigeants égyptien et jordanien dans leur quête de paix avec Israël. Et qui ont semé en Israël désarroi, peur, souffrances, ébranlant sérieusement un espoir fragile auquel nous nous étions pourtant accrochés, en dépit des ambiguïtés et des signaux négatifs.

La reconnaissance mutuelle, sans équivoque, la sincérité, le règlement des différends politiques par la seule négociation, sont pourtant la clé d’un Moyen-Orient nouveau.

En ce 25ème anniversaire de la signature du traité de paix avec l’Egypte, les Israéliens formulent le voeu pour que des hommes de bonne volonté se lèvent du côté arabe et palestinien, et emboîtent le pas au Président Sadate et au Roi Hussein. Ces dirigeants trouveront toujours face à eux des partenaires sincères pour la paix et la coexistence.



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